Il est, depuis mercredi, l’Agent judiciaire de l’Etat (AJE) du Sénégal. Me Moussa Bocar Thiam (45 ans) est promu un peu plus d’un an après avoir rejoint les rangs de l’Alliance pour la République (APR), au détriment du Parti socialiste (PS) qui l’a révélé au grand public au poste de porte-parole adjoint du parti.
Après des études supérieures en Droit effectuées en France et au Luxembourg, Me Moussa Bocar Thiam, avocat au barreau de Paris depuis 2002, a regagné son pays natal en 2006. Ce jeune militant du Parti socialiste (PS), alors fortement affecté par une série de départs suite à la perte du pouvoir par sa formation politique, s’est vite fait remarquer par ses sorties médiatiques pour défendre les lignes directives dudit parti. Protégé de feu Ousmane Tanor Dieng, il s’est montré très engagé, notamment dans son Fouta natal. Un engagement qui lui vaudra, d’ailleurs, son élection, en 2014, à la tête de la mairie de la commune de Ourossogui (Matam), sous la bannière de la coalition Benno Bokk Yaakaar (BBY).
Proche parmi les plus proches du défunt Secrétaire général national, Me Moussa Bocar Thiam sera promu, plus tard, porte-parole adjoint du parti des verts plongé dans une crise profonde avec notamment l’affaire Kahlifa Sall & Cie. Une formation politique qu’il quittera, cependant, un soir du mois d’avril 2019, alors que son mentor, Ousmane Tanor Dieng, était hospitalisé, à Bordeaux. Ce, à cause des divergences du vues notamment sur le maintien des 2 ministres socialistes dans le nouveau gouvernement. Face à la presse pour officialiser son départ, il déclarait : «Le Parti socialiste est en perte de confiance (…) Serigne Mbaye Thiam et Aminata Mbengue ne sont pas les seules compétences au sein du parti. Ils ont fait 7 ans avec tout notre accompagnement, ils doivent céder la place à d’autres compétences qui veulent travailler pour le Sénégal (…). Le Parti socialiste n’offre aucune perspective aux cadres ou leaders politiques de servir leur pays (…) Je suis à la disposition du président de la République». Il a tenu de tels propos au moment où le défunt président du Haut conseil des collectivités territoriales (Hcct) prônait «la retrouvaille des socialistes de cœur et de raison».
Aujourd’hui, soit un peu plus d’une année après, il semble « récompensé » par le chef de l’Etat, Macky Sall, qui l’a nommé Agent judiciaire de l’Etat en remplacement du magistrat Antoine Félix Abdoulaye Diome, devenu ministre de l’Intérieur, depuis dimanche.
A noter que, quelques mois seulement avant ce poste de « consolation », ce praticien du droit, inscrit au barreau du Sénégal, depuis 2007, avait été choisi dans le pool d’avocats de l’Etat.
Reste maintenant à avoir si sa nomination sera toujours compatible avec sa casquette d’homme politique quand on sait que l’Agence judiciaire de l’Etat est compétente pour le règlement de toutes les affaires contentieuses où l’Etat est partie dans les instances judiciaires ou arbitrales nationales et internationales. Par conséquent, toute action tendant à faire déclarer l’Etat créancier ou débiteur pour une cause étrangère à l’impôt et au domaine doit, sauf exception prévue par un texte spécial, être intenté à peine de nullité par ou contre l’Agent judiciaire de l’Etat. Contacté par lesoleil.sn, le premier avocat nommé Agent judiciaire de l’Etat rassure que ce poste n’a rien à voir avec la politique. «Ce n’est pas incompatible avec la politique et rien ne dit que seuls les magistrats doivent être Agents judiciaires de l’Etat. Nul n’est mieux qu’un avocat pour défendre les intérêts de l’Etat», dit-il.