« Antoine Félix Abdoulaye Diome, ministre de l’Intérieur ». C’est donc finalement sur lui que le choix du président Macky Sall a porté dans le rôle de « premier flic » du Sénégal, ce dimanche.
À priori, rien ne prédestinait Antoine Félix Abdoulaye Diome à intégrer le gouvernement de Macky Sall. Mais, c’est peu de dire que le magistrat n’est pas du genre à suivre un parcours en ligne droite. Sa nomination s’accompagne du départ d’Aly Ngouille Ndiaye de l’équipe gouvernementale.
Le tout nouveau ministre de l’Intérieur a gravi les échelons dans le milieu des magistrats. Il a été d’abord substitut du procureur au tribunal d’instance de Diourbel. Puis, Avocat général près de la Cour d’appel de Dakar, ensuite délégué du procureur de la République du Tribunal d’instance de Guédiawaye.
L’ancien substitut du procureur de la Cour de répression de l’enrichissement illicite (CREI) au temps de l’affaire Karim Wade, avait été nommé agent judiciaire de l’État, le 17 juin 2015. Aujourd’hui s’ouvre un nouveau chapitre pour le magistrat de la hiérarchie A, réputé discret, et qui s’est fait à la force du poignet.
À chaque fois, il s’est imposé, sans bruit ni coups de gueule, ayant des idées précises de ce qu’il voulait faire. Représentant de l’État devant les Cours et Tribunaux, le magistrat a su prendre son temps, attendre, et ainsi dans ses rapports avec les différents ministres de l’Économie, des Finances et du budget, il a su s’adapter.
Quand il le faut, il peut sortir de sa réserve naturelle. Et monter au créneau. Ainsi, au procès de Karim Wade et puis de Khalifa Sall, il a dénoncé les « détournements de deniers publics, faux et usage de faux et association de malfaiteurs ». Le ton du magistrat était presque courtois. Mais, Antoine Félix Abdoulaye Diome n’avait pas manqué de pugnacité.
Agent judiciaire de l’État, Antoine Diome a fait le job, comme il le fait d’habitude, sérieux, précis, mais aussi sans bavure. Et bien peu de gens l’imaginaient alors quitter ce poste, tant il avait des projets précis pour le recouvrement des créances de l’État.
Dans le monde parfois terne et mesuré de la Justice, le magistrat de la hiérarchie A a réussi une gageure. Il s’est imposé. Mieux, il épate. Tout semble lui réussir. Depuis qu’il a quitté son poste de Procureur spécial de la CREI pour assurer la représentation de l’État devant la Cour de justice de la Cedeao, notamment.
Avocats et magistrats ont été unanimes, saluant la nomination d’un « homme d’expérience et de science », qui a réussi ces cinq dernières années à l’Agence judiciaire de l’État, où il a été nommé le mercredi 17 juin 2015 en réunion du conseil des ministres.
Il y a lieu de rappeler que suite à l’arrêt de la Cour suprême portant annulation de la première nomination de Antoine Diome, rendu le 26 septembre 2013, le président de la République, Macky Sall avait, par décret, renommé ce dernier en octobre 2013.