Les acteurs du sous-secteur de l’Alphabétisation étaient hier en conclave dans le cadre d’un forum sur la promotion des langues nationales et le développement de l’alphabétisation. Les activités ont démarré sous la présidence du Ministre de l’Education Nationale Mamadou Talla et ont permis aux acteurs d’interpeler le gouvernement sur l’urgence à mettre les bases d’une bonne promotion des langues nationales assortie d’un accompagnement financier.
Les acteurs ont été nombreux à se prononcer sur l’urgence de promouvoir les langues nationales. Selon Ousmane Ly, le président de ‘’Goodal’’, association pour la promotion et le développement des langues nationales, spécialement de la langue Pulaar, « cette rencontre est une bonne opportunité pour nous les acteurs de l’alphabétisation et des langues nationales, en ce sens qu’elle nous permet de rappeler à l’autorité nos recommandations pour qu’enfin nos langues soient vulgarisées. Il convient de souligner en effet que le Sénégal dispose de 25 langues codifiées, mais jusqu’à présent il y’a des blocages pour leur vulgarisation et leur application, même si on a démarré les apprentissages dans les écoles. Nous sentons que ça ne bouge pas et qu’il y a encore des efforts à faire pour davantage les promouvoir. Nous savons tous qu’on ne peut aspirer au développement si on n’utilise pas nos langues nationales, et on est jamais mieux à l’aise qu’en parlant sa propre langue. Et tous les pays développés le sont en utilisant leur propre langue et jusqu’à présent, on réfléchit Français, on parle anglais et on ne fait pas beaucoup d’efforts pour promouvoir nos langues ». Pour le journaliste et acteur de l’alphabétisation, « il est plus facile pour les enfants d’apprendre avec la langue maternelle. Même les étrangers cherchent à apprendre nos langues une fois arrivés chez nous, mais ils ne trouvent pas des écoles appropriées et adaptées et on est train de voir quelle orientation prendre pour arriver à vulgariser nos langues nationales. Nous félicitons nos devanciers dans cette cause, notamment Silèye Gorbal Sy et les autres acteurs qui ne ménagent pas leurs efforts à cet effet. Même dans les rédactions, les journalistes doivent apprendre à écrire et communiquer avec nos langues. On retient alors que la langue ne peut se développer sans la pratique communicationnelle ».
Pour Djinda Dem, actrice et écrivaine, « il faut qu’on revoie nos habitudes à promouvoir nos langues nationales. En tant que conseillère départementale de ma ville à Matam, nous avons beau relancer les autorités pour qu’elles nous accompagnent dans ce vœu cher, mais à chaque fois, nous faisons face à des obstacles. Je suis même allée jusqu’à produire un livre intitulé ‘’DARNDE DEBBO PULLO E’BAMTAARE’’, mon seul souhait était de participer à vulgariser la langue Pulaar et j’estime qu’avec les échos recueillis à l’étranger où le livre est bien perçu, nous avons espoir que nos langues nationales ont de beaux jours devant elles ».
Revenant sur les blocages, Ousmane Ly retient les orientations politiques qui changent souvent et ne prennent pas en compte certaines réalités. Déjà, déplore Ibrahima Lo, président de l’ONG Défi, « il faut regretter que l’alphabétisation n’ait pas été érigée en département. Dédiée jusque-là en simple direction, alors que l’idéal aurait été d’implanter un ministère de l’alphabétisation et des langues nationales pour mieux prendre en charge ces préoccupations, l’alphabétisation mérite d’être davantage promue. D’ailleurs, c’est dans ce cadre que j’ai traduit en trois langues nationales le magnifique livre du chef de l’Etat ‘’le Sénégal au cœur’’ ».
Youssouf NDIONGUE