Depuis leur mise en service, les avions de chasse F-35 font couler beaucoup d’encre. Leur technologie avancée, leur furtivité et leur capacité à réaliser des missions polyvalentes en font un atout indéniable pour les forces aériennes qui les adoptent. Mais un point inquiète de plus en plus de nations : leur américano-dépendance. En d’autres termes, les acheteurs de ces appareils ont-ils encore une maîtrise totale sur leur utilisation ou restent-ils sous le joug des États-Unis ?
Une autonomie sous condition
Officiellement, il n’existe pas de système permettant aux États-Unis de désactiver à distance un F-35. Pourtant, plusieurs éléments indiquent que Washington pourrait avoir les moyens d’influer sur leur fonctionnement. Comme l’explique Xavier Tytelman, expert en aéronautique : « Il est marqué noir sur blanc dans les contrats qu’il faut se connecter au moins tous les 30 jours au serveur américain pour que le système de préparation de mission continue à fonctionner convenablement« .

En clair, un pays qui cesserait sa collaboration avec les États-Unis ou qui subirait une panne informatique prolongée pourrait voir ses F-35 perdre progressivement en capacité opérationnelle. Pour Xavier Tytelman, l’exemple des Émirats arabes unis illustre bien cette situation. « Lors des négociations pour l’acquisition de ces avions, il est apparu que Washington était en mesure d’annuler la furtivité de l’appareil à distance. Une révélation qui a poussé Abou Dabi à abandonner son contrat de 20 milliards de dollars et à se tourner vers le Rafale français « .
Un coût qui explose
Au-delà des inquiétudes stratégiques, le programme F-35 est aussi marqué par une explosion des coûts. Initialement prévu pour coûter environ 25.000 euros par heure de vol, le coût réel aurait largement dépassé cette estimation. « Aujourd’hui, même aux États-Unis, on reconnaît qu’il sera difficile de descendre en dessous des 40.000 dollars l’heure de vol, soit une augmentation de près de 60%.«
Ce surcoût a déjà poussé plusieurs pays à reconsidérer leur stratégie d’achat. Le Portugal, par exemple, a finalement décidé de renoncer à ces avions au profit d’alternatives européennes. Même l’Allemagne et la Suisse s’interrogent sur leur engagement envers le F-35.
Les alternatives européennes
Une option serait d’éviter une seconde commande de F-35 et de diversifier sa flotte, à l’image de la Grèce qui a opté pour une combinaison de F-35 et de Rafale. Face à cette dépendance américaine, plusieurs experts militent pour un renforcement des capacités militaires européennes. L’Europe dispose déjà de solutions alternatives :
- Le Rafale de Dassault Aviation, qui a déjà remporté plusieurs appels d’offres, notamment aux Pays-Bas où il avait été mieux classé que le F-35, avant que la pression américaine ne pousse à un revirement.
- L’Eurofighter Typhoon, conçu par un consortium européen (Royaume-Uni, Allemagne, Espagne, Italie), qui reste un avion performant et modernisable.
- Le Gripen du suédois Saab, qui présente un bon rapport qualité/prix et une maintenance simplifiée.