Les opérations de l’ICE (les agents de la police de l’immigration des États-Unis) ont démarré dans certaines villes américaines. Cette situation a provoqué une vague d’inquiétude et a poussé la diaspora africaine, notamment sénégalaise, à renforcer sa résilience face aux expulsions.
Le plan de déportation de Donald Trump est en marche. Le nouveau président élu des États-Unis, qui a ordonné une déportation massive des migrants vivant sur le sol américain, assiste à l’exécution de son décret par les services de police de l’immigration. Les expulsions sont en cours. Depuis le 20 janvier, date de son entrée en fonction, les opérations se multiplient. Pour le moment, les ressortissants des pays d’Amérique du Sud semblent être la cible principale des forces américaines. Trump lui-même a reconnu dans les médias américains que certains pays ont accepté de coopérer avec les États-Unis sur ce plan.
Cette situation a provoqué une certaine panique chez les ressortissants des pays africains, notamment ceux d’Afrique de l’Ouest, en particulier les Sénégalais.
Dans la ville de Denver, où résident de nombreux étrangers, les opérations ont débuté depuis plus d’une semaine. « ICE va mener des opérations d’immigration majeures dans trois villes par semaine. Aurora, dans le Colorado, qui avait été une cible privilégiée de Donald Trump pendant sa campagne, sera la prochaine ville où une opération sera menée », ont indiqué des sources autorisées sur NBC News. Une information que le CEO d’African Leadership Group (ALG), Papa Dia, a partagée sur sa page Facebook en guise de prévention pour les migrants africains.
Comme annoncé, ces opérations sont bel et bien en cours. Depuis plusieurs jours, les agents de l’ICE sont présents à Denver (capitale du Colorado). Ils investissent des complexes de logements sociaux pour interpeller des immigrants. Plusieurs témoins affirment les avoir aperçus, en uniforme, dans certains quartiers de la ville. « Ils sont venus chez nous vers 6 h du matin. À ce moment, j’étais en train de dormir. Ils ont interrogé un de mes colocataires en lui demandant l’identification de toutes les personnes vivant dans notre appartement. Ensuite, ils nous ont demandé de nous présenter tous dans leurs locaux à 15 h », a raconté un migrant sénégalais. Il ajoute : « Nous nous sommes présentés à leur siège à l’heure indiquée. Mais rien de grave. Ils nous ont simplement informés que les adresses figurant sur nos documents d’identité ne correspondaient pas à nos lieux de résidence. Une anomalie à rectifier. ».
D’après plusieurs témoignages recueillis, de nombreux ressortissants africains ont été interpellés à Denver, notamment des Sénégalais et des Mauritaniens. Toutefois, une grande partie des personnes arrêtées par les agents de l’ICE ont été entendues puis relâchées. « Le conseil que je donne à nos compatriotes, c’est de rester calmes. Ceux qui n’ont commis aucun crime ne doivent pas s’inquiéter. Il faut simplement se concentrer sur son travail et rentrer directement chez soi en évitant certains rassemblements inutiles », a indiqué le Secrétaire général de l’Association des Sénégalais du Colorado, Adama Ba. Selon lui, ceux qui respectent leurs obligations ne seront jamais la cible de Trump.
Pour mieux faire face à cette situation, les ressortissants africains s’organisent. Dans différents groupes WhatsApp, des forums sont mis en place. Des conseils sont donnés, et des documents traduits en français comme en wolof, expliquant la conduite à adopter face à une interpellation par l’ICE, sont largement partagés.
Dans plusieurs villes ciblées par ces opérations, les responsables de communautés collectent le maximum d’informations auprès des autorités locales américaines. C’est le cas à Aurora, dans l’État du Colorado, où le CEO d’ALG ne cesse d’apporter son soutien à la communauté à travers des conseils et des mises en garde.
À Denver, le maire Mike Johnston semble s’opposer aux opérations de l’ICE. Il a déclaré vouloir protéger les droits des résidents de sa ville lors d’une interview accordée à la presse. Mais Tom Homan, chargé par Trump de la surveillance des frontières américaines, voit cela comme une entrave à l’exécution de sa mission. « Je suis prêt à le mettre en prison », a-t-il affirmé.
image d’illustration/Getty Images/BBC
Par Babacar Fall, USA