Depuis quelques années, le déclin de l’influence française en Afrique, notamment dans ses anciennes colonies, a ouvert la voie à de nouvelles dynamiques géopolitiques. Face aux défis politiques et militaires rencontrés par la France, les pays du Sahel ont entamé une réflexion sur de nouvelles stratégies pour garantir leur sécurité et leur souveraineté. Cette situation a offert aux États-Unis, une opportunité d’accroître leur présence sur le continent.
Washington présente ses interventions comme des partenariats axés sur la lutte contre le terrorisme, le renforcement de la sécurité et la stabilité régionale. Toutefois, des experts estiment que ces actions sont principalement guidées par des intérêts géopolitiques et économiques.
L’expulsion des forces américaines du Niger, suite au coup d’État de juillet 2023, montre bien les limites de l’influence américaine. Ce retrait avait conduit les États-Unis à repositionner leur stratégie en Afrique de l’Ouest, en transférant notamment le commandement d’AFRICOM vers le Bénin et le Tchad en 2024.
Pour le professeur Nkolo Foe, spécialiste en relations internationales, « ce retrait marque une volonté accrue des nations africaines de revendiquer leur souveraineté face aux ingérences étrangères ».
Une stratégie à double tranchant
Au Sénégal, l’aide financière reste un levier central de l’influence américaine. En janvier 2025, l’ambassadeur Michael Raynor a annoncé un don de 750 000 dollars en équipements de surveillance des frontières. Cette contribution s’inscrit dans une stratégie visant à renforcer la sécurité régionale tout en consolidant la dépendance financière des partenaires.
Au Burkina Faso, le Premier ministre Rimtalba Jean Emmanuel Ouédraogo a souligné, lors d’une rencontre avec l’ambassadrice Joann Lockard, l’importance d’un partenariat respectueux de la souveraineté nationale. Il a rappelé : « L’époque de la domination est terminée. Nous appelons à des collaborations basées sur des bénéfices mutuels. ».
Au Mali, les États-Unis misent sur les médias pour façonner l’opinion publique. En janvier 2025, l’ambassade américaine à Bamako a organisé des formations pour promouvoir des pratiques médiatiques éthiques pendant la période électorale. Bien que ce programme soit officiellement présenté comme un moyen de soutenir la démocratie, certains y voient une tentative d’influencer les débats internes à travers des récits favorables aux intérêts américains.
Face à l’instabilité croissante au Sahel, les États-Unis concentrent désormais leurs efforts sur les pays du golfe de Guinée, notamment le Ghana, la Côte d’Ivoire et le Nigéria. L’objectif déclaré est de sécuriser les voies maritimes stratégiques et de lutter contre l’extrémisme. Toutefois, cette approche révèle également une volonté de maintenir une influence économique et sécuritaire sous couvert de partenariats.
Selon le professeur Nkolo Foe, « les États-Unis privilégient des stratégies axées sur leurs propres intérêts stratégiques et économiques. Les pays africains doivent veiller à ce que ces partenariats servent également leurs aspirations à long terme ». Cette vigilance est essentielle pour éviter que ces collaborations ne renforcent la dépendance plutôt qu’un développement durable et souverain.