Le gouvernement béninois a réagi à l’annonce de la candidature de Kèmi Séba à la présidentielle de 2026, invitant le leader panafricaniste à « se présenter dans les urnes » s’il parvient à mobiliser ses parrains. Une réponse qui souligne les obstacles auxquels il devra faire face, notamment le parrainage et les incertitudes liées à sa situation personnelle.
Kèmi Séba, leader panafricaniste et président de l’ONG Urgence panafricaine, a récemment annoncé son intention de participer à la présidentielle béninoise de 2026. Cette déclaration, qui a suscité de nombreuses réactions, a reçu une réponse officielle du gouvernement béninois ce vendredi 17 janvier 2025, lors d’une conférence de presse animée par Wilfried Léandre Houngbédji, porte-parole et Secrétaire général adjoint du gouvernement.
« Qu’il mobilise ses parrains et qu’il vienne. On l’attend dans les urnes », a lancé Wilfried Léandre Houngbédji, insistant sur le respect des règles en vigueur pour toute participation à l’élection.
Le défi du parrainage : un obstacle de taille
La phrase, bien que concise, met en lumière les défis majeurs auxquels Kèmi Séba devra faire face pour concrétiser sa candidature. Le premier, et sans doute le plus important, est celui du parrainage. Selon le code électoral béninois, tout candidat à la présidentielle doit obtenir le parrainage d’un certain nombre d’élus, une tâche particulièrement ardue pour un opposant n’appartenant pas à la majorité présidentielle.
Pour le panafricaniste, dont les positions politiques et critiques virulentes envers les élites béninoises et la présence militaire française en Afrique sont bien connues, convaincre les élus locaux ou nationaux de lui accorder leur parrainage pourrait s’avérer compliqué.
La question de la présence physique et des rumeurs d’arrestation
Un autre obstacle pourrait être lié à la situation personnelle de Kèmi Séba. Suite à ses récentes déclarations contre la présence de bases militaires françaises au Bénin, des rumeurs d’arrestation ont circulé, alimentant les spéculations sur sa liberté de mouvement et sa capacité à participer physiquement à la campagne électorale.
Les options stratégiques de Kèmi Séba
Conscient des difficultés qui l’attendent, Kèmi Séba semble avoir déjà envisagé des stratégies pour contourner ces obstacles. Trois options principales sont évoquées dans son entourage :
- Être le porte-flambeau des Démocrates : Le leader pourrait chercher à rallier le soutien du parti Les Démocrates, principale force d’opposition au Bénin, afin de bénéficier de leur structure et de leurs parrains pour sa candidature.
- Faire aboutir l’« opération Jéricho » : Ce plan consisterait à mobiliser une large base populaire pour contourner les blocages institutionnels et imposer sa légitimité politique sur la scène nationale.
- Constituer une coalition pour exiger une relecture du code électoral : En s’appuyant sur d’autres opposants et mouvements de la société civile, Kèmi Séba pourrait plaider pour une modification des règles électorales, notamment sur la question du parrainage, qu’il considère comme un frein à une compétition électorale équitable.
Une candidature qui divise et interroge
L’annonce de la candidature de Kèmi Séba divise l’opinion publique béninoise et suscite des interrogations. Si certains voient en lui un défenseur de la souveraineté africaine et un opposant courageux au néocolonialisme, d’autres critiquent son discours qu’ils jugent parfois populiste ou radical.
Pour le moment, le gouvernement affirme l’attendre « dans les urnes », un défi lancé à celui qui devra désormais prouver sa capacité à traduire son discours panafricaniste en une candidature crédible sur la scène nationale.