« Analyse de Mbissane FAYE, ancien Policier »
Le 14 décembre 2024, lors du vote de la suppression des deux institutions CESE et HCCT, les députés n’ont pas manqué d’interpeller le Ministre de la Justice sur la question des événements tragiques qui ont secoués le Sénégal entre mars 2021 et fevrier 2024 ayant entrainé plus de 86 décès.
Le ministre Ousmane Diagne s’est prononcé en rassurant que justice sera faite pour les morts et la disparition du militaire Fulbert Sambou et du gendrarme Didier Badji.
SÉPARATION DES FAITS :
Je precise que l’article 5 de la loi d’amnistie adoptée le 04 mars 2024 interdit formellement tout magistrat ou fonctionnaire de rappeler ou de laisser subsister sous quelque forme que ce soit dans un dossier judiciaire ou de police ou dans tout document officiel, les condamnations, déchéances, exclusions, incapacités et privations de droit attachées à la peine effacée par l’amnistie sauf dispositions prévues à l’article 3 de la même loi.
Cette loi d’amnistie est toujours en vigueur et sauf violation, aucune enquête ne peut se faire concernant les faits Amnistiés avant son abrogation.
Donc il est clair que les affaires concernant Didier Badji et Filbert Sambou ne sont pas couverts par ladite loi, d’où la poursuite des instructions entamées depuis le régime précédent.
La gravité des faits Amnistiés se lit dans le timbre de la voix du Ministre et la séparation des faits se constate par le silence dans son discours en évoquant les faits.
Mais personnellement, je demeure convaincu que la disparition de ces deux militaires ne saurait être dissociée du dossier des événements politiques et qu’ensemble devront faire l’objet d’un seul procès.
ABROGATION d’abord et ENQUÊTES après :
Les faits amnistiés sont sensés être oubliés. Forcément il faut une nouvelle loi d’abord et ensuite entamer les enquêtes.
Je rappelle qu’une partie de l’Exécutif d’aujourd’hui est PARTIE dans ce futur procès.
Le Ministre parle de travail déjà en cours mais ce travail ne doit en principe que se limiter sur le projet de loi d’abrogation et le type de tribunal qui devra être mis en place pour juger les faits et éventuellement la composition du tribunal.
Mais pour la manifestation de la vérité toute l’enquête ne peut être confiée aux services de l’administration. Il faudra impérativement y associer des personnalités et organismes neutres comme Amnesty International section Sénégal et autres au sein d’une Commission d’Enquête Indépendante Nationale avec pouvoir de missions rogatoires au niveau national comme international. Entendre toute personne susceptible de pouvoir apporter des éclairage sur les événements.
D’ailleurs Amnesty International a déjà fait un travail sur ce domaine apres avoir receuilli des témoignages de familles des victimes et avec la production d’un petit film publié sur YouTube intitulé » SÉNÉGAL QUE FAIT LA JUSTICE « .
Hormis ce travail déjà fait, il y a d’autres preuves déjà disponibles telles que:
Les images sur internet, les articles et extraits de journaux ;
Le » LIVRE VERT » DE PASTEF;
Le » LIVRE BLANC » du regime précédent ;
Le dossier établi par l’avocat Juan BRANCO pour la CPI, un dossier de 168 pages bien détaillé ;
Le film documentaire réalisé par « Xalaat TV » et publié le 05 août 2024, intitulé » LES VICTIMES DE MACKY SALL ÉPISODE 1: LES DÉTENUS ET EXILÉS POLITIQUES »
Il ne restera que les actes de police judiciaire à formaliser et permettre à toute personne désireuse d’apporter son soutien à la manifestation de la vérité de pouvoir le faire tranquillement et en toute sécurité.
Je vous assure qu’il n’y a que de cette façon que le développement tant attendu pour ce pays sera réalisable. L’impunité fait partie de ce qui fait traîner l’Afrique. Les autorités sont souvent auteurs d’infractions graves dont les conséquences sont subies directement par le peuple. Si ce ne sont pas des détournements de deniers publics, ce sont des crises politiques graves de nature à occasionner des dizaines voir des centaines de pertes en vie humaine.
Il va falloir mettre fin à cette récréation au Sénégal.
Mbissane FAYE