« SUDQUOTIDIEN », informe qu’ au Sénégal, 988.163 adolescentes courent le risque d’être données en mariage avant l’âge adulte, c’est-à-dire moins de 18 ans, avec une forte probabilité de contracter des grossesses précoces. Dans ces cas-là, certaines ne vont pas au-delà du cycle de primaire de l’Education nationale et d’autres n’achèvent pas celui du moyen-secondaire, selon l’étude Camber. Elles sont reparties entre onze (11) régions du pays que sont Sédhiou, Kolda, Matam, Kédougou, Kaolack, Tambacounda, Kaffrine, Diourbel, Thiès, Saint-Louis et Dakar. L’acuité de ces risques identifiés est plus accentuée dans ces zones et plus encore dans les régions du centre et de l’ouest.
Pour mettre hors de danger ces filles et dégager pour elles les voies de la d’un épanouissement, des actions fortes sont entreprises par le Sénégal. Le pays a, en effet, intégré en 2023 la dynamique du Projet d’Autonomisation des Femmes et du Dividende Démographique en Afrique Subsaharienne Plus (SWEDD+, en anglais) couvrant la période 2024-2028. L’ambition du Gouvernement, par une approche multisectorielle, est de renforcer le capital humain qui consiste à améliorer les apprentissages et la productivité et accélérer la transition démographique en s’appuyant sur le développement de la jeunesse, y compris parmi les segments les plus vulnérables de la population.
Le projet SWEDD + Sénégal sera ainsi mis en œuvre dans les 11 régions citées plus haut. La population directement visée est celle des adolescentes âgées de 10 à 19 ans avec une possibilité d’élargissement jusqu’à 24 ans pour les activités d’autonomisation économique des femmes. Et pour s’assurer d’une bonne couverture de la cible, les régions frontalières avec la Mauritanie, le Mali, la Guinée et la Gambie sont sélectionnées pour assurer le continuum de l’intervention avec les projets SWEDD desdits pays. Déjà, le projet couvre dans ses phases 1 (2015-2019) et 2 (2020-2024) neuf (09) pays de l’Afrique de l’Ouest et du Centre à savoir le Bénin, le Burkina Faso, le Cameroun, la Côte d’Ivoire, la Guinée, le Mali, la Mauritanie, le Niger et le Tchad.
Un montant de 100 millions de dollars engagé
Le Sénégal a bénéficié d’un financement de 100 millions de dollars américains (plus 62 milliards FCFA) du groupe de la Banque Mondiale. Un budget qui servira à poursuivre les objectifs des cinq sous-projets générés lors d’un atelier tenu à Saly, du 25 au 29 novembre dernier, en présence de plusieurs ministères sectoriels. Lesquels sont placés sous le lead du ministère de la Famille et des Solidarités. C’était en marge des 16 jours d’activisme pour la promotion et le respect des droits des filles et des femmes dans le monde.
Des informations obtenues de l’Unité de gestion du projet (UGP) SWEDD+ Sénégal coordonnée par Birahim Sidibé, on peut retenir, entre autres enjeux que ledit projet se fixe : l’amélioration des taux de réussite et d’achèvement de 100 mille filles dans l’enseignement élémentaire, moyen et l’enseignement secondaire général et technique au niveau 250 établissements. Il est aussi question de mettre en place un dispositif fonctionnel de gestion des violences faites aux filles en milieu scolaire par le renforcement des observatoires de la vulnérabilité et des décrochages scolaires (OVDS) dans 190 établissements ; de soutenir les associations de mères d’élèves engagées dans la réalisation des services pour la prise en charge des filles dans les écoles choisies (renforcement des comités de gestion des écoles, accompagnement des cellules Genre) pour un environnement favorable à « l’autonomisation des filles dans les lycées et collèges du Sénégal».
A cela s’ajoutent l’élargissement des opportunités économiques de 13500 adolescentes et jeunes filles âgées de 15 à 24 ans vulnérables ou survivantes de violence basée sur le genre (VBG) ; l’accompagnement à la création de 1350 unités économiques polarisant 13500 filles primo-entrepreneures et à l’élaboration de business plans ; l’appui à la formalisation de 390 unités économiques ; la mise en place de 2250 espaces sûrs/clubs des jeunes filles dans les communautés et le renforcement des capacités de 337 500 adolescentes et jeunes filles scolarisées, déscolarisées et/ou non scolarisées, en leadership, en compétences de vie, en santé de la reproduction et en alphabétisation fonctionnelle. Ce, en faisant le lien avec les espaces sûrs ; impliquer les hommes /adolescents pour une masculinité positive à travers 1350 Écoles des Maris (EDM) et des futurs maris en vue de l’égalité des sexes et de l’autonomisation des filles et des femmes et la mise en place d’Activités génératrices de revenus (AGR).
Il est prévu de renforcer les capacités de 2480 acteurs de prise en charge (agents de santé, acteurs de la chaîne judiciaire, travailleurs sociaux, etc.) ; d’équiper les onze (11) centres d’accueil et d’hébergement pour la prise en charge holistique de 18 000 filles et femmes survivantes de violences et le déploiement de personnel compétent ; de réinsérer socio-économiquement 6 665 survivantes de VBG ; de mettre à disposition des kits de prise en charge de 10 000 Pep-kit et un accompagnement juridique.