Victor Ndiaye, président de Performance Groupe et l’un des concepteurs du nouveau référentiel « Sénégal 2050 », a présenté les grandes lignes de ce projet ambitieux. Selon lui : « Le Sénégal évoluera d’une économie désarticulée, extravertie et à faible valeur ajoutée vers une économie intégrée et à forte valeur ajoutée, en s’appuyant notamment sur des filières stratégiques autour de quatre grands moteurs de croissance. »
Le premier de ces moteurs concerne la transformation des industries extractives. Quatre filières y ont été identifiées comme cruciales pour l’industrialisation du pays.
« Le coût élevé de l’électricité a toujours constitué un frein majeur au développement industriel de notre pays. Ce blocage sera levé grâce à nos ressources en gaz.
Actuellement, le Sénégal ne dispose que de 1 740 mégawatts à un prix facturé de 110 francs CFA le kWh, subventionné par l’État. L’objectif d’ici 2050 est d’atteindre 12 000 MW, avec, dès les dix prochaines années, une capacité de 4 000 MW à un coût inférieur à 60 francs CFA le kWh. Dès ce mandat, il est prévu une suppression des subventions et une baisse progressive des prix facturés », a-t-il précisé.
Le gouvernement a également identifié d’autres priorités, telles que la mise en place de gazoducs et le développement de bases logistiques pétrolières, dans le but de faire du Sénégal une plateforme régionale pour les activités pétrolières. Le projet prévoit aussi la construction d’une cité pétrochimique nécessitant des investissements estimés entre 5 et 8 milliards de dollars (environ 3 003 à 4 805 milliards de FCFA), créant ainsi 15 000 emplois.
Le secteur des phosphates représente la deuxième filière stratégique, avec des réserves situées à Darou Mousti et Dendori, près de Matam. Selon Victor Ndiaye, « l’objectif est de transformer ces ressources localement afin de produire des engrais, renforçant ainsi la souveraineté agricole du pays et de la sous-région ».
La troisième filière concerne les matériaux de construction. Bien que le Sénégal dispose de matières premières, 60 % des besoins en matériaux de construction sont encore importés. M. Ndiaye a affirmé que « le gouvernement mettra de l’ordre dans ce secteur », afin de promouvoir la production locale, réduire les importations et améliorer la qualité des constructions.
Enfin, le développement des réserves de fer de la Falémé permettra au Sénégal de se positionner comme un hub métallurgique régional d’ici 2050. « Le pays valorisera ses importantes réserves de fer et deviendra un pôle régional dans le secteur de la métallurgie », a-t-il souligné.
Le deuxième moteur de croissance du plan « Sénégal 2050 » concerne l’agriculture et les industries agroalimentaires. « Le Sénégal ambitionne de valoriser son potentiel agricole pour devenir une puissance agricole moderne. Le pays adoptera un modèle agricole à plus haut rendement, axé sur des filières organisées et connectées aux marchés. L’agriculteur sénégalais de demain sera un acteur formel, formé et connecté à une base de données agricole, » a expliqué Ndiaye.
Le troisième moteur repose sur le développement de l’industrie manufacturière, qui jouera un rôle clé dans l’économie sénégalaise à l’horizon 2050. Selon Victor Ndiaye, « dans les années 1970-1980, le Sénégal a connu un essor de son industrie manufacturière, mais une grande partie de ce tissu industriel a depuis disparu. La vision 2050 vise une réindustrialisation sur des bases solides, notamment autour de quatre secteurs clés : les industries chimiques et pharmaceutiques, le cuir et le textile, les industries d’assemblage, et les industries de recyclage. »
Enfin, le quatrième moteur de croissance identifié dans ce plan est le développement des services à forte valeur ajoutée.