L’AUTEUR DE LA CONTRIBUTION : Aliou KÉBÉ, ancien député à l’Assemblée Nationale
Que se passet-il dans les hautes sphères de l’Etat? Devons-nous attendre encore pour savoir ?En tout cas, jusqu’àmaintenant, c’estlemystère boule de gomme.
Comme si de rien était. Il n’y a rien à voir, rien à expliquer; les choses se passent normalement.Presque personne n’en parle ou du moins ceux qui devraient et qui ont la voix autorisée techniquement, scientifiquement et administrativement.
Alors vont bon train les commentaires, les supputations, les explications et les interprétations de toutes les formes, de ceux parmi les paysans qui osent en parler.
En ce moment même une bonne partie des producteurs agricoles du Saloum ne dorment plus, ne rêvent plus paisiblement comme en temps normal, quand arrive le temps de récoltes d’unecampagne agricole normale, prometteuse d’un lendemain d’espoir pour les quelques petits mois de la «traite arachidière». Ils n’osent pas en parler haut, parce qu’ils ne veulent pas croire à ce qui semble inéluctablement catastrophique, irréversiblement installé.Pour la production de l’arachide,les jours et les semaines qui arriventn’augurent rien de bon.
Effectivement, le paysan le sait bien; certains signes ne sont pas porteurs d’espérance.Malgré tout, il regarde avec peine son champ d’arachide,étonné parce qui lui arrive. Il essaie de comprendre debout,complètement tétanisé.
S’il a encore le courage de sonder la qualité de sa prochaine production qualitativement et quantitativement, il le fait seul comme pour cacher ce qu’il refuse de croire.
Et pourtant, les signes précurseurs de cette campagne agricole,le cas de l’arachide présentaient les raisons de s’inquiéter:
-Une inquiétude peut être moins importante,ne serait-elle pasl’arrivée tardive du début des pluies utiles pour cette spéculation de l’arachide?
-Le développement végétatif lent malgré un apport suffisant et au bon moment des engrais et autres produits phytosanitaires;
-Le dépérissement, l’affaissement de posture des plantes d’arachide ainsi que ses feuilles qui se fanent en jaunissant;
-Entre autres signes cliniques que ne saurait décrire et encore moins expliquer un simple paysan.
Face à cette situation les paysans sont angoissés,stressés et ont peur de leur lendemain. Ils ont peur aussi du retour à l’investissement: les crédits de campagne agricole, les ouvriers non mensualisés qui doivent dans tous les cas être payés à la fin de la campagne agricole. Il y a aussi le manque à gagner, les charges incompressibles à venir celles de l’éducation,de la santé, de la nourriture et des nombreuses autres dépenses d’imprévues sociales.Un avenir hypothétique hante son sommeil et il se pose la question de ce qui lui arrive, comment c’est arrivé, quelles explications pour comprendre.
Alors, certains paysans spéculent sur ce qui se passe, aussi ce qui s’est passé depuis quelques années pour en arriver à cette situation inédite, ce résultat d’une telle ampleur. Certains encore accusent peut-être à tort les semences, d’autres naïvement encore pensent aux engrais et d’autres encore plus osés la pluviométrie et les effets du changement climatique. Certains des plus audacieux pensent aux cultures de variétés hybrides de maïs.
Ces dernières qui ont occupé alternativement les sols avec les cultures locales dont celle de l’arachide. Toutes les hypothèses sont à prendre. Elles alimentent les causeries et les tentatives d’explications de ceux qui en parlent. En ce moment; que font-ils les représentants de l’Etat et les services techniques associés, les organismes nationaux dédiés à la recherche comme l’ISRA(Institut sénégalais de recherches agricoles) et l’INP(Institut national de pédologie)?
Comme les menaces sont réelles et identifiées, que compte faire les pouvoirs publics:
pour éviter qu’une telle situation ne se reproduise les années à venir et qu’elle ne prenne des proportions plus importantes, une ampleur plus grande, plus large?
-pour contenir les conséquences sociales inéluctables sur les conditions de de vie et de survie des paysans victimes assurés de cette catastrophe?
Monsieur le Président de la République,
Pour la première année de votre élection historique,je pense respectueusement et avec beaucoup d’espoir, que vous devez et vous pouvez montrer au monde rural que les choses ne vont plus se passer comme avant.
En effet, presque les gouvernements qui se sont succédés depuis notre indépendance ont maintenu par les politiques agricoles mises en place,les paysans dans un état de pauvreté acceptable. Les pouvoirs publics ont manqué de générosité et d’audace pour promouvoir de vrais entrepreneurs agricoles qui gagnent leur vie comme les autres corps de métiers de transporteurs, de médecins et d’architectes.
Aussi, nous pensons que le temps de la souveraineté surtout alimentaire est arrivé,et donc, forcément s’impose une mobilisation de tous les acteurs et services techniques dans une dynamique unitaire, chacun avec ses compétences et la volonté ferme de trouver les racines des maux et la solution de notre agriculture en général.Et bien évidemment les remèdes du cas de la production de l’arachide dans les départements de Nioro et de Kaolack ne soient pas en reste.
Aussi, sans oublier Monsieur le Président de la République,pour le cas du moment,ce qu’il faudra prévoir pour atténuer les conséquences de cette préoccupation qui va affecter bon nombre des paysans du Saloum qui risquent de se retrouver dépourvu du minimum vital.