Plusieurs développements marquent l’actu santé en Afrique cette semaine : Malaria No More met en avant l’immense potentiel économique de la lutte contre le paludisme ; une étude en Afrique du Sud suggère que les nourrissons garçons pourraient mieux résister au VIH que les filles ; au Tchad, l’OMS recherche des ressources pour répondre aux besoins médicaux des réfugiés soudanais ; pendant Madagascar lance une campagne de vaccination contre la poliomyélite…
L’immense potentiel économique de la lutte contre le palu
Il y a un grand potentiel économique à lutter contre le paludisme, selon Malaria No More.
S’appuyant sur une étude conjointe avec Oxford Economics Africa, l’ONG indique que si l’on respecte les Objectifs de Développement Durable pour réduire la malaria de 90 % d’ici 2030, on pourrait injecter 142,7 milliards de dollars dans les économies des pays touchés (parmi lesquels de nombreux pays africains) et observer une augmentation du PIB de tous les pays endémiques de malaria en Afrique de 126,9 milliards de dollars.
De plus, cela pourrait entraîner une augmentation significative des exportations vers les régions les plus affectées en Afrique, avec notamment un renforcement du commerce international de 80,7 milliards de dollars, ainsi qu’un renforcement des exportations des pays du G7 vers les principaux pays endémiques de malaria en Afrique de 3,9 milliards de dollars. Ceci étant, rappelons que, malgré des progrès notables, la malaria continue de causer plus de 600 000 décès annuels, principalement parmi les enfants de moins de cinq ans.
VIH chez les nourrissons : les garçons résisteraient mieux que les filles
Une récente étude menée au KwaZulu-Natal, en Afrique du Sud, soulève des disparités entre les sexes dans la transmission et la guérison du VIH chez les nourrissons. Selon les chercheurs dirigés par Philip Goulder de l’université d’Oxford, les bébés filles sont plus susceptibles de contracter le VIH de leur mère lors de la grossesse ou de l’accouchement que les bébés garçons.
Cette étude, publiée dans Nature Medicine, indique que les nourrissons masculins ont montré une transmission 50 % moins fréquente du virus et des niveaux inférieurs dans le sang, conduisant à des cas de guérison ou de rémission sans traitement. Ces résultats, jugés révolutionnaires en Afrique du Sud, pourraient influencer les stratégies mondiales de traitement et de prévention du VIH, touchant près de 39 millions de personnes. Même si la cohorte étudiée est encore limitée (près de 300 nourrissons seulement), ce type de découverte encourage de nouvelles recherches sur les mécanismes immunitaires de cette maladie.
Tchad : mobilisation pour les réfugiés soudanais
Au Tchad, l’OMS mobilise ses ressources pour répondre aux besoins médicaux critiques des réfugiés soudanais. Les dirigeants de l’agence onusienne, couvrant les régions Afrique et Méditerranée orientale, se sont réunis à Adré, au Tchad (principal refuge des millions de réfugiés fuyant le Soudan voisin) pour évaluer la situation sanitaire urgente. La mission, indique-t-on, vise à renforcer les opérations de l’OMS en optimisant les soins médicaux essentiels et en intensifiant les opérations humanitaires transfrontalières vers les États du Darfour au Soudan, gravement affectés.
Dr. Shible Sahbani, représentant de l’OMS pour le Soudan, déplore la détérioration sévère du système de santé avec la destruction de 241 établissements de santé au Darfour central, augmentant le risque de maladies et de famine imminente.
Pendant ce temps, la crise alimentaire s’intensifie, avec une augmentation de 45 % des personnes confrontées à une insécurité alimentaire aiguë, atteignant un record selon la Classification intégrée de la sécurité alimentaire. Selon l’OMS, seul 18 % de la réponse humanitaire au Soudan obtient le financement requis. On insiste sur la nécessité de rouvrir la frontière d’Adré pour sauver des vies en permettant l’acheminement de l’aide humanitaire. Dr. Anya Blanche, représentante de l’OMS au Tchad, souligne l’hospitalité généreuse des Tchadiens envers les réfugiés mais appelle à une réponse intégrée pour renforcer les systèmes de santé et réduire la dépendance à l’aide à long terme.
Madagascar : efforts contre la poliomyélite
À Madagascar, une vaste campagne de vaccination contre la poliomyélite a été lancée le mardi 09 juillet dernier, en vue d’immuniser la population vulnérable contre cette grave maladie. Sur la grande île, depuis septembre 2020, on a enregistré 380 cas confirmés, dont 53 ont conduit à la paralysie. Ceci en fait une cause de préoccupation croissante malgré les efforts de surveillance accrue et de vaccination de routine soutenus par l’OMS.
La campagne, sous le patronage de la Première Dame Mialy Rajoelina, vise à atteindre une couverture maximale parmi les enfants de moins de 15 ans, cruciale pour prévenir une épidémie généralisée. L’opération est intégrée à d’autres initiatives de santé publique, telles que la supplémentation en vitamine A et la distribution de médicaments contre d’autres maladies parasitaires.
Nigéria : maladie non identifiée dans l’État de Gombe
Au Nigéria, dans l’État de Gombe, une maladie non identifiée a causé la mort de 12 personnes et hospitalisé plus de 50 résidents (dans la communauté de Chessi, district de Kulani, région de Balanga). Les médecins Israel James et Yakubu Maina ont confirmé qu’il ne s’agit pas de choléra, mais des échantillons de sang et d’eau sont en cours d’analyse. « Plus de 30 patients sont actuellement alités avec des symptômes incluant de graves maux de tête, une forte fièvre, la jaunisse et des douleurs abdominales« , indique-t-on.
Les médecins ont également conseillé à la communauté de signaler tout symptôme suspect au centre de santé établi à l’école primaire de Chessi. Pour l’heure, les investigations se poursuivent, avec l’appui du Ministère de la Santé et du NCDC (Nigerian Center for Disease Control).
Ouganda : fièvre de la vallée du Rift
En Ouganda, un foyer de fièvre de la Vallée du Rift a été confirmé dans le district de Ntungamo, ayant déjà causé trois décès à Rubaare, Nyarutuntu et Itojo, selon Moses Asiimwe, responsable local de la surveillance du district. Selon la plateforme ProMED, les cas touchent principalement les 13-45 ans et les manipulateurs de bétail.
L’Institut de recherche sur les virus de l’Ouganda à Entebbe a confirmé six cas supplémentaires, présentant des symptômes tels que fièvre, douleurs musculaires et saignements.
Pour endiguer la propagation, Beatrice Chemisto, directrice de la santé par intérim du district, a lancé des mesures de lutte contre les vecteurs, traçage des contacts et campagnes de sensibilisation sur la manipulation des animaux morts. L’OMS signale une prévalence croissante dans les districts de Ntungamo, Mbarara et Sheema, avec un impact économique lié à la perte de bétail.
Rappelons que les humains peuvent être exposés à la maladie par le contact avec le sang ou les organes d’animaux infectés. L’abattage et la découpe des animaux constituent ainsi une cause principale de transmission.