La procureure de la CPI, Fatou Bensouda, met en garde les acteurs politiques ivoiriens contre toute répétition des violences électorales de 2010. Un coup de semonce qui intervient à la veille du scrutin présidentiel du 31 octobre, dans un climat particulièrement tendu.
Dans une déclaration faite le mercredi 28 octobre, la procureure de la Cour pénale internationale (CPI), Fatou Bensouda (photo), s’est dite « profondément préoccupée » par les rapports publics et les informations reçues par son Bureau, faisant état d’une recrudescence de violences graves depuis plusieurs jours dans des villes de la Côte d’Ivoire à l’approche de l’élection présidentielle du 31 octobre 2020.
« Je déplore particulièrement les allégations de violences intercommunautaires qui auraient causé la mort de plusieurs personnes, des blessés et des atteintes graves aux biens de la population civile. Ces actes pourraient constituer des crimes relevant de la compétence de la Cour pénale internationale », a-t-elle prévenu.
Appelant tous les acteurs politiques ivoiriens et leurs partisans au calme et à la retenue, Fatou Bensouda met en garde contre toute répétition des violences de la première crise pré et post-électorale de 2010.
« Les violences connues en Côte d’Ivoire lors de la première crise pré-électorale de 2010 ne doivent pas se répéter. La violence de tout bord politique n’est pas une option. Toute personne qui commet, ordonne, incite, encourage ou contribue de toute autre manière à la commission de crimes visés par le Statut de Rome est passible de poursuites devant les tribunaux de la Côte d’Ivoire ou devant la CPI ».
A cet effet, la procureure a tenu à rappeler que les « enquêtes ouvertes en Côte d’Ivoire depuis octobre 2011 se poursuivent, et mon Bureau continue de suivre de près la situation sur toute l’étendue du territoire ivoirien ».
La Côte d’Ivoire traverse actuellement une crise pré-électorale depuis l’annonce du président sortant, Alassane Ouattara, de briguer un troisième mandat présidentiel, et l’invalidation d’une quarantaine de candidatures par le Conseil constitutionnel.
On dénombre déjà environ 70 morts suite à des manifestations de l’opposition qui a appelé à la désobéissance civile, en vue d’obtenir le report du scrutin, et la reprise totale du processus électoral qu’elle estime entaché de graves irrégularités.
En face, le pouvoir reste intransigeant et affiche sa détermination à tenir coûte que coûte cette échéance électorale. La crainte que les violences s’intensifient avec le déclenchement d’une crise post-électorale demeure particulièrement élevée.
Borgia Kobri