Les réformes du Code de la famille pour permettre à la femme d’avoir l’ascendance au même titre que le père dans l’éducation des enfants. C’est une bataille à laquelle s’emploie la gent féminine. Il faudrait néanmoins des préalables avant d’en arriver là, selon Mme Fatou Diané, ministre de la Femme et de la protection des enfants. Cette dernière présidait hier l’atelier national de partage et de validation finale des résultats de l’évaluation à mi-parcours de la Stratégie nationale pour l’équité et l’égalité de genre (Sneeg 2), informe nos confrères du QUOTIDIEN.
Le Code de la famille, qui régit la puissance paternelle en accordant au père l’ascendant dans l’éducation, l’entretien et le respect des droits de l’enfant, enlève pratiquement à la mère toute responsabilité sur son enfant. Faisant en sorte même que la sortie du territoire de l’enfant accompagné de sa mère est soumise à l’autorisation du père. Même si les femmes souhaitent que cette donne change, Mme Fatou Diané, ministre de la Femme et de la protection des enfants, note qu’il faudra davantage pour convaincre les plus sceptiques afin d’enlever cette disposition dans le Code de la famille. «Il nous faut changer ces dispositions dans le Code de la famille, mais qui connaît la psychologie de la société, doit intégrer la réalité qui veut que changer le Code de la famille ne sera pas facile. Parce qu’on a des réalités traditionnelles qui nous retiennent. Au Sénégal et dans plusieurs pays africains, il y a des réalités qui bloquent les changements sociétaux», prévient la ministre, qui présidait hier l’atelier national de partage et de validation des documents de l’évaluation à mi-parcours de la Sneeg 2 (Stratégie nationale pour l’équité et l’égalité de genre), auquel a pris par l’honorable députée Mame Guèye Diop, présidente de la Commission santé, population, affaires sociales et solidarité de l’Assemblée nationale.
Des préalables s’imposent, selon la ministre Fatou Diané, avant d’arriver à quelque chose. «Parce qu’avant de dire je vais changer la manière de vivre, il faut appeler à un large consensus, c’est-à-dire de larges concertations pour convaincre les acteurs. Parce qu’aujourd’hui, si je fais appel aux hommes et aux femmes pour dire que le Code de la famille va être changé, pour que ce qui revient aux hommes soit rétrocéder aux femmes, même si cela se retrouve dans les textes, cela pourrait ne pas être appliqué. On peut rencontrer des blocages du point de vue de la mise en œuvre. Parce qu’on va vous dire : «nous on est un pays musulman où par excellence l’homme est le chef de la famille»», note-t-elle. Elle ajoute : «Il y a beaucoup de facteurs qu’on doit analyser, en discuter et parvenir à un consensus avant de l’appliquer. La puissance paternelle constitue un des dispositifs à changer dans le Code de la famille pour permettre à la femme d’être cheffe de famille afin de pouvoir voyager avec leurs enfants, pour pouvoir engager le divorce sans problème. On confirme que toutes ces choses sont des blocages dans la vie des femmes. Ça fait des années qu’on en discute, mais ce n’est toujours pas débloqué. Nous sommes à la recherche de consensus forts, comme je l’ai dit tout à l’heure, c’est un problème de société. Mais pour les régler, il faut aller à des consensus larges, c’est plus sûr.» Soulignant que la rencontre se tient à la veille de la fête du 8 mars dédiée à la femme. Sur ce, un Conseil interministériel se déroule aujourd’hui pour donner le top départ de ce mois de mars durant lequel un hommage sera rendu à la gent féminine en faisant focus sur ses droits et devoirs.
Un Conseil interministériel aujourd’hui dédié aux femmes
«Ce mois-ci comme tout le mois est dédié à la femme, le 1er mars va coïncider avec un Conseil interministériel instruit par le Président Macky Sall pour évaluer les droits des femmes au Sénégal. Ce qui est une grande première au Sénégal dont toutes les femmes se félicitent. Nous n’avons jamais eu droit à une telle rencontre où tous les acteurs sont conviés, les organisations de femmes, la Société civile, les partenaires techniques et financiers, les universitaires, pour se mettre autour d’une table, avec le Premier ministre, pour voir ce qui a été fait par rapport aux droits des femmes. Ce qui reste à faire. C’est avec cette rencontre que nous allons démarrer le mois de mars demain autour du Premier ministre. Une rencontre que toutes les femmes attendaient et dont elles se félicitent», note Mme Fatou Diané.
Revenant sur l’atelier, la ministre de la Famille de mettre l’accent sur les acquis comme «l’institutionnalisation du document budgétaire genre et de la revue thématique genre en 2016, la création de la Délégation à l’entreprenariat rapide des femmes et des jeunes en 2018 visant l’assouplissement de leurs conditions d’accès aux financements, l’intégration d’une composante genre dans la Stratégie nationale de développement de la statistique depuis 2019, le renforcement du dispositif de prise en charge des victimes de violence à travers la construction de centres holistiques à Dakar, Fatick et Kaolack, entre autres. Il s’agit de demander aux acteurs de relever les obstacles relatifs à la promotion des droits des femmes et de cerner les nouveaux enjeux qui se dégagent», note la ministre.
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