Ces derniers jours, 344 détenus ont recouvré la liberté. 272 autres le seront dans les prochains jours. Ces libérations massives traduisent, selon le Garde des Sceaux, ministre de la Justice, Aïssata Tall, une volonté de l’Etat du Sénégal de baisser la tension politique. Toutefois, estime-t-elle, la dynamique avait été enclenchée par ses services avant même de recevoir l’injonction de l’Exécutif.
344 personnes, c’est le nombre total de détenus élargis de prison ces derniers jours. Et il n’y a aucune zone d’ombre sur les libérations en masse de ces détenus. Aïssata Tall Sall est formelle. En séance d’explications dans la soirée d’hier, mardi 20 février 2024, le Garde des Sceaux, ministre de la Justice a légalisé la décision. Elle estime que tout s’est fait dans la légalité et sur décision du juge d’instruction, après requête du Procureur de la République.
Pour le moment, hormis ces 344 personnes élargies de prison, il reste 272 autres interpellés essentiellement dans le cadre de manifestations politiques. Aussi plus de 500 personnes, en détention à Dakar, devront sortir de prison incessamment. La même démarche sera adoptée dans les régions, annonce le ministre de la Justice.
Continuant toujours à récuser les détentions arbitraires, Aïssata Tall Sall juge que la justice n’a pas agi sur ordre du président du président de la République, Macky Sall. «Nous n’avons jamais libéré de façon arbitraire et massive, sur pression de l’exécutif. Chaque dossier a été étudié. Le Procureur étudie le cas et propose le dossier à un juge d’instruction qui agit sans aucune contrainte. Rien de ce qui a été fait n’est venu contre la procédure de droit pénal», affirme-t-elle.
D’ailleurs, met en garde le ministre de la Justice, la procédure judiciaire contre les mis en cause n’est pas abandonnée. «Toutes les libérations ont été justifiées. Ces libérations sont des libertés provisoires et j’espère qu’ils (les ex-détenus, ndlr) pourront tirer la leçon. Que personne ne pense que la procédure s’arrête là».
La décrispation de la tension politique justifie ces libérations. «Le contexte, c’est qu’au Sénégal, nous sommes dans un moment politique où les prises de positions sont regardées, sont pesées et jugées à l’aune des circonstances et de la situation politique. Le Sénégal doit se choisir un président de la République. Nous avons eu une scène politique agitée qui a failli porter atteinte à notre situation nationale. Donc un contexte politique très chargée, le président de la République, partant du constat que cette stabilité doit être gardée, a décidé de donner instruction au Garde des Sceaux que je suis pour pacifier l’espace politique».
358 PERSONNES PLACEES SOUS BRACELETS ELECTRONIQUES DONT 274 LE SONT TOUJOURS
Toutefois, ajoute-t-elle, la dynamique a été enclenchée bien avant l’ordre du chef de l’Etat. «Cela vient conforter notre travail depuis le 9 octobre, lorsque j’ai pris service. Je me suis donnée à l’époque deux objectifs : désengorger les prisons et lutter contre les longues détentions». Un engagement qui justifie le choix des longues détentions comme thème de la Conférence des chefs de Parquet du 21 décembre 2023.
Parlant toujours de la détention, notamment des peines alternatives, Aïssata Tall Sall a dit que «358 personnes ont été placées sous bracelets électroniques dont 274 le sont toujours». Selon le ministre de la Justice, il n’y a pas eu des actes de tortures, encore moins de mineurs détenus à la Maison d’arrêt de Reubeuss (MAR).