Ce 14 février, les Indonésiens devaient élire 580 députés et 20 000 représentants régionaux et locaux. Mais c’est surtout le scrutin présidentiel qui a retenu l’attention dans cette démocratie considérée comme la troisième au monde par le nombre d’habitants. Le résultat officiel ne sera proclamé qu’au mois de mars 2024 mais on dispose déjà des premières projections.
On s’oriente vers une large avance pour Prabowo Subianto, le ministre de la Défense au passé controversé, écrit notre envoyée spéciale à Jakarta, Juliette Pietraszewski. Même s’il a revendiqué la victoire pour succéder en octobre prochain à Joko Widodo à la tête de la troisième démocratie au monde, l’ex-général a indiqué qu’il attendrait le « résultat officiel » de la commission électorale. « Nous pensons que la démocratie indonésienne fonctionne bien. Le peuple a décidé, le peuple a décidé », a-t-il déclaré à des journalistes, avant d’appeler à l’unité.
Patience
Prudence, et surtout patience, c’est aussi le discours des deux autres candidats. Ganjar Pranowo, ancien gouverneur de Java central, donné dernier dans les estimations basées sur l’échantillonnage, a notamment appelé à attendre les résultats officiels du KPU. Le KPU [General Elections Commission], c’est la commission chargée de l’élection générale. Ce qu’il faut bien comprendre, c’est que si les premières estimations de cette élection en Indonésie sont tombées, le résultat officiel va arriver beaucoup plus tard, dans un délai maximum de 35 jours. Ils sont attendus à la mi-mars. En attendant, il faut donc rester calme et patient car tout est encore en cours, ont déclaré certains soutiens du candidat Ganjar.
Autre prise de parole, ce soir, celle du camp de Anies Baswedan, ancien gouverneur de Jakarta, le candidat qui, selon les premières estimations, tournerait autour des 25%. Le camp de Anies Baswedan a lui aussi déclaré attendre donc les résultats officiels. Il a également mentionné avoir «de nombreux rapports suggérant de la triche», mais sans fournir plus de détails.
Rhétorique nationaliste
Si les estimations actuelles sont, par la suite, confirmées officiellement par le KPU, Prabowo Subianto deviendrait donc le prochain président indonésien et son vice-président ne serait autre que Gibran, le fils de l’actuel président Joko Widodo.
Candidat pour la troisième fois, M. Prabowo a développé une rhétorique nationaliste et populiste et s’est engagé à poursuivre la politique du président sortant. Les autres candidats et des mouvements étudiants ont accusé ce dernier d’avoir utilisé les ressources de l’État pour tenter d’influencer l’élection en faveur de son ministre. En tant que chef des forces spéciales, M. Prabowo a été accusé par des ONG d’avoir ordonné l’enlèvement de militants pro-démocratie dans les années 1990, vers la fin du régime de Suharto. Il a rejeté ces accusations et n’a jamais été poursuivi.