Le Président de la République Macky Sall vient de reporter l’élection Présidentielle avec l’appui de la majorité parlementaire qui a proposé la date du 15 décembre 2024. Ce que l’Assemblée nationale considère comme une dérogation est une violation manifeste de l’article 31 de la constitution constituant, ainsi, un précédent dangereux pour notre démocratie jusqu’ici citée en modèle en Afrique et dans le monde.
Autant nous pouvons comprendre le Président de la République en tant que garant de la stabilité du pays mais aussi de la régularité de l’élection présidentielle, autant nous ne pouvons pas accepter que l’Assemblée nationale puisse prolonger son mandat de 9 mois. La prise de responsabilité du Président de retirer le décret fixant l’élection du 25 février 2024 peut se justifier vu les graves manquements constatés et décriés par l’écrasante majorité de la classe politique.
Les accusations de corruption faites aux sages du Conseil Constitutionnel constituent une source irréfutable d’une crise post- électorale et un manque de légitimité du candidat qui sera proclamé vainqueur par ce même Conseil constitutionnel. Le sentiment qui sera le mieux partagé par beaucoup de candidats recalés illégalement ou de façon pas objective sera que ce Président n’est pas bien élu. Les 900.000 électeurs sortis du fichier électoral auront le même sentiment.
La solution, à notre humble avis, était de reprendre tout le processus de validation des candidats afin de rassurer tout le monde. Le Président a pris une décision sage en appelant au dialogue mais, il devrait ajouter, pour rester conforme à la constitution, que le 2 avril 2024 il devra rendre le tablier et être remplacé par le Président de l’Assemblée Nationale pour poursuivre le dialogue. Ce dialogue qui doit être transparent, inclusif et objectif doit viser comme résultat la mise en place d’un gouvernement de transition de 12 à 18 mois pour remettre le pays sur de bons rails.
Cette transition pourra être dirigée par une personnalité d’une grande intégrité, neutre et consensuelle qui s’engagera de ne pas se présenter aux prochaines élections. Il prendra le relais au terme du délai de 90 jours fixé par la constitution du Président de l’Assemblée Nationale. Il sera choisi, de manière consensuelle, un premier ministre issu de la société civile qui s’engagera également de ne pas se présenter à l’élection future. Un gouvernement d’union nationale où toutes parties prenantes seront représentées d’une manière concertée sera mis en place avec des termes de références claires et précises.
Les objectifs de ce gouvernement de transition seront principalement les suivants :
1. Réconcilier les Senegalais.
2. Faire l’état des lieux des institutions (mise en oeuvre des conclusions des Assises Nationales et de la CNRI).
3. Réviser le processus électoral afin d’avoir une élection libre, transparente et inclusive (calendrier électoral, parrainage électronique etc.!!).
4. Régler de façon objective, équitable et en conformité avec nos textes et règlements la question des détentions liées à des questions politiques.
5. Organiser l’élection présidentielle et transmettre le pouvoir au Président qui sera élu.
Mais tout ceci ne sera possible que si chaque acteur croit fermement que le pouvoir n’est donné que par le Bon Dieu et à qui il veut et il le retire quand il veut. Et tout le monde doit mettre l’intérêt du Sénégal au-dessus de ses intérêts crypto-personnels. La paix est le bien le plus précieux que tout acteur doit chercher à avoir et à préserver avant toute autre ambition digne de ce nom.
Vive la paix.
Vive le Sénégal.
*Papa Momar NGOM,
Président du Parti Joyanti Sénégal,
Maire de la Commune de Ngogom (dép. Bambey), Candidat recalé à la Présidentielle du 25 février 2024.