Alors qu’elle est citée en exemple un peu partout, la démocratie sénégalaise reste fragilisée par l’absence de transparence dans le mode de financement de ses partis politiques. Les différents régimes qui se sont succédés à la tête du pouvoir exécutif sénégalais, du socialiste Abdou Diouf à Macky Sall en passant par le libéral Me Abdoulaye Wade, ont préféré maintenir le statu quo sur cette question pour ne pas renforcer financièrement leur opposition.
Les accusations du député Makhtar Diop, militant du parti au pouvoir, l’Alliance pour la République (Apr) contre le leader du parti Pastef, dissous par décret présidentiel du 31 juillet, Ousmane Sonko qui aurait reçu de l’argent du Qatar en échange d’un engagement de renégociation des contrats pétroliers et gaziers en cas d’élection, remettent au goût du jour le débat sur le financement des partis politiques mais aussi des campagnes électorales.
En effet, avec plus d’une centaine de candidats déclarés à la prochaine élection présidentielle prévue le 25 février 2024, la question des fonds qui seront utilisés par ces prétendants au fauteuil présidentiel du Sénégal pour financer leur campagne électorale, reste un mystère total. Que ce soit du côté du candidat de la coalition au pouvoir ou de ses adversaires de l’opposition, personne n’épilogue sur l’origine de ses fonds de campagnes.
Véritable serpent de mer du débat politique au Sénégal
Nonobstant l’existence de la loi 81 du 6 Mai 1981 relative au financement des partis politiques, adoptée sous le magistère du président Abdou Diouf, la question du financement des partis politiques revienne sur la place publique à la veille de chaque élection depuis 1984, année où elle a été posée pour une première fois par l’ancien président Abdoulaye Wade alors opposant au régime socialiste du président Abdou Diouf. En effet, après avoir constaté les limites de cette loi 81 du 6 Mai 1981 relative au financement des partis politiques, l’ancien opposant libéral devenu président de la République en 2000 avait fait de cette question une des priorités dans le cadre de son combat politique avec le régime socialiste en dénonçant une discrimination des partis d’opposition face au parti au pouvoir en matière de financement.
Seulement, une fois arrivé au pouvoir, le Président Wade pour ne pas renforcer financièrement ses adversaires politiques, a préféré laisser perdurer ce statu quo, tout en mettant en place une vaste organisation d’enrichissement de ses alliés par le versement chaque fin du mois d’un montant de près de dix millions de francs CFA aux chefs de partis membres de la Convergence autour des actions du président de la République pour le XXIème siècle (CAP 21), sa coalition politique qui regroupait environ une soixantaine de partis pour le financement de leurs activités politiques.
Durant ces 4 années passées dans l’opposition, l’actuel Chef de l’Etat avait lui-aussi dénoncé les manquements de cette loi 81 du 6 Mai 1981. Mais, comme son prédécesseur, il n’a pour le moment pris aucune initiative allant dans le sens de réactualiser cette loi pour mieux l’adapter au contexte actuel de la démocratie sénégalaise. Lors des différentes concertations sur le processus électorale organisées depuis 2012, ses plénipotentiaires se sont toujours érigés contre les propositions de réformes de cette loi formulées par les pôles de l’opposition, des non-alignés et la société civile.