Le rapport souligne que le gaz naturel devrait continuer à jouer un rôle important dans le mix énergétique africain à court et à moyen terme, en fournissant des capacités flexibles à mesure que les énergies renouvelables se développeront et que le stockage par batterie deviendra plus rentable.
Le continent africain pourrait multiplier ses capacités solaires et éoliennes par 100 et par 35 respectivement d’ici 2050 si les progrès technologiques réalisés dans le domaine des énergies propres se poursuivent au rythme actuel et si des mesures politiques sont prises pour soutenir la transition énergétique, selon un rapport publié le 17 octobre par le cabinet de conseil McKinsey & Compagny.
Intitulé « Green energy in Africa presents significant investment opportunities », le rapport se base sur des modélisations reposant sur le scénario de transition énergétique mondiale des « engagements réalisés » (Achieved Commitments scenario). Ce scénario élaboré par McKinsey & Compagny s’appuie sur une hypothèse selon laquelle les pays développés tiendraient leurs engagements en faveur du climat et de zéro émission nette d’ici la moitié du siècle, alors que les autres pays les suivraient à un rythme plus lent. Ces efforts devraient également être assortis d’une intensification des innovations technologiques capables de réduire le coût des énergies propres, et de la mise en œuvre de politiques publiques et de mesures réglementaires destinées à accélérer la transition vers une économie bas carbone à l’échelle mondiale.
Le rapport rappelle que les capacités solaires installées en Afrique sont actuellement de l’ordre 15 gigawatts (GW) alors les capacités éoliennes se limitent à 12 GW, en raison notamment de la faiblesse des investissements dans les énergies renouvelables malgré l’énorme potentiel du continent dans ces deux segments.
L’hydroélectricité devrait croître à un rythme moins important durant les prochaines décennies sur le continent. Les capacités hydroélectriques, qui s’élèvent à 45 GW actuellement, devraient se multiplier par quatre d’ici 2050.
Richement dotés en ressources éoliennes et solaires, les pays africains du nord et du sud-ouest du continent devraient également devenir des acteurs importants dans le domaine de la production d’hydrogène vert destiné à la consommation locale et à l’exportation vers d’autres régions du monde. D’ici la moitié du siècle ces pays parmi lesquels figurent la Mauritanie, le Maroc, l’Egypte et la Namibie pourraient produire entre 10 et 18 millions de tonnes d’hydrogène décarboné pour répondre à la consommation sur le continent et environ 40 millions de tonnes pour répondre à la demande mondiale, qui devrait se multiplier par sept à ce même horizon.
Des besoins en investissements estimés à 2906 milliards $
Dans le cadre de ce scénario, les modélisations de McKinsey & Compagny montrent que les énergies renouvelables pourraient représenter respectivement 65% et 95% des capacités électriques installées en 2035 et en 2050. Une telle évolution permettrait de réduire l’intensité carbone du secteur énergétique en Afrique de 45 % d’ici 2050.
Le gaz naturel devrait cependant continuer à jouer un rôle important dans le mix énergétique africain à court et à moyen terme, en fournissant des capacités flexibles à mesure que les énergies renouvelables se développeront et que le stockage par batterie deviendra plus rentable. La demande en Afrique de ce combustible fossile moins polluant que le pétrole et le charbon, devrait augmenter de 3 % par en moyenne par an jusqu’en 2030, avant de diminuer progressivement par la suite.
Dans le même temps, les centrales à charbon devraient être largement mises hors service au cours des dix prochaines années, tandis que les capacités électriques issues des centrales alimentées au pétrole diminueraient au fil du temps.
Le rapport indique d’autre part que des investissements cumulés de l’ordre de 2906 milliards de dollars seraient nécessaires d’ici 2050 pour atteindre ces objectifs, qui permettraient de répondre aux besoins énergétiques croissants de l’Afrique tout en assurant une transition énergétique juste.
Outre les projets liés à la construction de centrales solaires, de parcs éoliens et d’usines d’hydrogène vert, des investissements globaux de 400 milliards de dollars dans les infrastructures de transmission et de distribution de l’électricité sont nécessaires d’ici la moitié du siècle afin d’augmenter sensiblement le taux d’électrification sur le continent. Dans ce segment, les opportunités les plus importantes sont concentrées en Egypte, au Maroc, au Nigeria et au Sénégal. Réunis, ces quatre pays devraient augmenter leurs réseaux de transmission et de distribution de 120 000 km d’ici 2030.