Face à un partenaire qui dit non, il faut apprendre à gérer ses réactions et ne pas imposer son désir, sans basculer dans la frustration.
« Pas ce soir », « Pas envie »… Dans un couple, tôt ou tard, chacun fait la douloureuse expérience du refus de son partenaire. Désirs en décalage ou inappétence passagère, ce « non » blesse toujours l’ego du demandeur. Sans généraliser, psys et sexologues s’accordent à reconnaître que le « je n’ai pas envie » de l’autre résonne différemment chez une femme ou un homme.
« J’ai beau savoir que ces temps-ci il a des problèmes au travail, mais quand il me fait comprendre tendrement « qu’il n’a pas vraiment la tête à ça », ça me fait mal. C’est comme s’il me disait : » Tu ne me fais pas assez envie pour que j’oublie mes soucis… », confie Anne-Sophie, 36 ans. Selon le psychanalyste Gérard Bonnet, le refus de son partenaire, même lorsqu’elle en connaît les raisons profondes remet en question la femme en tant que personne désirable. Et en arrière-plan rôde, toujours angoissante, cette question : « M’aime-t-il encore ? » Car pour la majorité des femmes, désir sexuel, valeur narcissique et sentiment amoureux sont étroitement liés.
En revanche, face à un refus, les hommes ressentent souvent de la frustration. « Il y a là quelque de très intense et de très archaïque qui est réactivé, poursuit Gérard Bonnet. Comme si, à ce moment-là, la femme assimilée à la mère censée satisfaire ses besoins le rejetait sans appel. »
Simon, 39 ans, avoue vivre très mal cette situation. « Je sens bien quand elle n’a pas envie, mais je tente quand même. Parfois ça marche, mais quand elle baisse le rideau, je ressens ça comme un caprice, une injustice. J’ai envie de lui dire : si tu n’as pas envie, je ne vais pas mendier, il y en aura bien d’autres qui voudront ! Ça reste mon petit cinéma mental, je ne passerai pas à l’acte, mais ça me fait du bien de m’accorder cette possibilité. »
Toujours selon Gérard Bonnet, le fantasme de trouver satisfaction auprès d’une autre partenaire s’expliquerait en partie par la position qu’occupe la mère dans l’imaginaire des hommes, c’est-à-dire une femme qui répond à tous ses besoins. « Et dans cet imaginaire, cela veut dire qu’il existe quelque part une femme qui ne refusera jamais.
Si dans le couple, le refus devient une arme régulièrement utilisée, il se peut qu’un jour le fantasme soit suivi d’un passage à l’acte. » Pour échapper à ce marchandage, explique Gérard Bonnet, les couples doivent apprendre non seulement l’art du compromis, mais aussi celui plus subtil du tri. C’est-à-dire purger la relation sexuelle des ressentiments qui transforment le lit conjugal en champ de bataille.