Une étude menée par des scientifiques et publiée au mois d’octobre a révélé qu’au Sénégal, plus de 70 % des personnes ont un taux élevé de sel. Raison pour laquelle les membres de l’Association de nutrition et d’alimentation du Sénégal (Anas) ont lancé un message fort pour renverser cette tendance qui est la cause de plusieurs maladies, à travers une consommation de nos produits locaux.
C’est un truisme de dire que le Sénégalais et le sel, c’est une longue histoire. Ce n’est pas cette étude qui a été faite par des scientifiques et publiée il y a de cela moins d’un mois qui dira le contraire.
Hier, lors d’un atelier d’informations et d’orientation à l’intention des journalistes spécialisés sur les questions de santé, afin d’échanger et d’avoir un meilleur aperçu sur les enjeux d’une bonne nutrition en Afrique et organisé par l’Association de nutrition et d’alimentation du Sénégal (Anas), la secrétaire générale de ladite structure a confié qu’on mange mal au Sénégal.
‘’En octobre 2023, une étude a montré que plus de 70 % de la population ont un taux élevé en sel. On consomme beaucoup d’aliments qui ont du sel, sans qu’on ne s’en rende pas compte. Comment sensibiliser la population pour réduire cela ? C’est la vraie mission qui nous attend. L’étude a été faite en se basant sur du sodium urinaire. On a vu qu’on a mangé trop de sel. C’est la première fois que le Sénégal a de tels résultats. Et qui ont été utilisés. Alors que seule une quantité de 2 g de sodium, soit 5 g de sel sont autorisés par jour. On ne doit pas le dépasser, sinon on est à risque. Trop de sel donne l’hypertension et autres malades. Il faut qu’il y ait des politiques du comment réduire ce taux. Il faut une campagne de sensibilisation pour y faire face’’, souligne Fatou Diouf.
Selon elle, dans ce pays, on consomme beaucoup de produits qui contiennent trop de sucre, de sel, de matière grasse et qui sont la cause de beaucoup de maladies dont souffrent les Sénégalais, en particulier des maladies non transmissibles et l’hypertension. D’après elle, il y a plus de 5 000 aliments qui ne sont pas autorisés de marketing et qui sont consommés dans ce pays. ‘’La nutrition est une priorité au niveau du Sénégal. Nos systèmes alimentaires sont fortement affectés par des chocs. Trop d’aliments qui ne sont pas sains et qu’on trouve dans nos marchés. On doit lutter contre l’insécurité alimentaire dans nos maisons’’, déclare l’enseignante-chercheuse à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar.
‘’La Covid-19 n’a rien pu faire contre ceux qui prenaient du ‘ditakh’’’
La présidente de l’Anas abonde dans le même sens. Dr Valérie Ndiaye est d’avis que, pour changer la tendance avec cette mauvaise alimentation, la presse y a un rôle à jouer, à travers une bonne sensibilisation. ‘’Nous comptons sur la presse pour que toutes les informations, résultats de recherches puissent arriver au niveau de la population. Il y a beaucoup de recherches qui se font, mais le constat est que ça reste dans les bureaux, les tiroirs. Il y a des messages simples qu’on doit faire parvenir aux mamans. Nous avons des aliments locaux qui sont là et qui peuvent nous apporter tout ce dont nous avons besoin en termes de nutrition. Le consommer local ne doit pas être simplement un slogan, mais une réalité. Les journalistes doivent nous aider dans ce sens. Il faut que les populations sachent que le riz local, c’est ce que nous avons de meilleur pour notre santé. Le riz importé dure avant d’arriver au Sénégal. Il y a de l’amidon et cela ne fait que créer du diabète dans les régions’’, explique Dr Ndiaye.
Elle ajoute : ‘’Je peux vous dire ici que la Covid-19 n’a rien pu faire contre ceux qui prenaient du ‘ditakh’. Il faut consommer les produits locaux, car ils sont meilleurs pour notre santé. On veut tout faire avec la presse pour changer la donne. Ce qui nous nourrit, c’est nos produits locaux et non importés. Ils ont beaucoup de valeurs nutritives pour ne pas dire une alimentation saine. La conférence va nous aider à contrecarrer les mauvaises alimentations. Les spécialistes vont en profiter pour donner les bons messages pour que la presse les véhicule. La population doit prendre conscience que ce que nos grands-parents faisaient était bon. Le cas du ‘’rouy’’ avec de l’huile de palme pour les femmes qui venaient d’avoir de nouveau-nés est une bonne chose. Cet aliment est très riche en vitamine A’’.
Du 19 au 24 novembre, le rendez-vous de la bonne alimentation
« Approche multisectorielle pour le renforcement des systèmes alimentaires et la réalisation d’objectifs de nutrition durables en Afrique ». Tel est le thème de la 5e Conférence de la Fédération africaine des sociétés de nutrition (Fanus). Elle aura lieu au Sénégal, du 19 au 24 novembre. En sa qualité de membre actif du Fanus, l’Association de nutrition et d’alimentation du Sénégal (Anas) a été mandatée pour organiser la conférence en collaboration avec le Comité exécutif du Fanus. Une rencontre qui va rassembler des acteurs de l’alimentation, de la nutrition et de la santé provenant des universités et instituts de recherche, des institutions gouvernementales, des Nations Unies, des ONG, des organisations de professionnels du développement, de la société civile, des associations de consommateurs et du secteur privé de toute l’Afrique et du reste du monde.
Selon la présidente de l’Anas, le Fanus organise, tous les quatre ans, une conférence internationale sur la nutrition dans l’un de ses États membres. Cette cinquième conférence organisée à Dakar, d’après Dr Valérie Ndiaye, servira de plateforme pour partager les connaissances, les compétences, les bonnes pratiques et tous les efforts déployés, afin de relever les défis et de réfléchir à un plan d’action pour accélérer l’atteinte des cibles mondiales et les objectifs de développement durable (ODD).
‘’Près de 500 personnes sont attendues. Elles sont issues des agences multilatérales, des ONG, des organisations de la société civile, du secteur privé, des institutions gouvernementales et du monde de la recherche et de l’éducation, et sont toutes engagées sur les questions relatives aux systèmes alimentaires, à l’alimentation et la nutrition.
Pour rester en droite ligne avec les objectifs qui lui sont assignés, l’Anas a organisé, hier, un atelier d’informations et d’orientation à l’intention des journalistes spécialisés sur les questions de santé, afin d’échanger et avoir un meilleur aperçu sur les enjeux d’une bonne nutrition en Afrique’’.
Pour rappel, le Fanus est une organisation volontaire à but non lucratif qui rassemble les sociétés nationales de nutrition des pays africains. Sa vision est de soutenir la sécurité nutritionnelle en Afrique en améliorant la visibilité et la fonctionnalité des sociétés de nutrition des pays membres pour qu’elles puissent unir leurs efforts, atteindre leurs objectifs et influencer la nutrition en Afrique. L’Anas, créée depuis juin 1985 et affiliée au Fanus, est une association scientifique pluridisciplinaire qui regroupe toutes personnes s’intéressant aux problèmes liés à la nutrition et à l’alimentation au Sénégal. Son objectif est de favoriser les échanges scientifiques et techniques et d’approfondir les connaissances sur les problèmes alimentaires et nutritionnels en vue d’éclairer les décideurs et sensibiliser les populations sur ces questions vitales.