Alors que les bailleurs de fonds occidentaux rechignent à financer les projets liés aux énergies fossiles pour encourager la transition énergétique, les compagnies pétrolières et les pays africains où elles opèrent explorent de nouvelles options de financement.
Les groupes de négoce de matières premières, dont Trafigura, et les banques africaines sont en train de combler une partie du déficit de financement des projets pétroliers sur le continent, alors que les bailleurs de fonds occidentaux se détournent de plus en plus du secteur des énergies fossiles dans un contexte de décarbonation à marche forcée, a rapporté Bloomberg le 12 octobre dernier, citant des professionnels du secteur.
Durant la COP 26 à Glasgow, une vingtaine de pays développés se sont engagés à mettre un terme au financement à l’étranger de projets d’énergies fossiles sans techniques de capture de carbone à partir de fin 2022. Des institutions financières multilatérales, dont la Banque mondiale et la Banque européenne d’investissement (BEI) ont également annoncé la fin des financements des activités en amont du secteur pétrolier et gazier.
« Il est inutile de penser à la manière dont les choses se passaient auparavant. Il est peu probable que les banques européennes reviennent, mais ce n’est pas grave, car les entreprises comme Trafigura offrent de la flexibilité et diverses options d’endettement en échange de la production », a déclaré Matthieu Milandri, responsable du financement en amont chez Trafigura, lors d’une conférence tenue au Cap (Afrique du Sud).
« Nous avons besoin que les barils soient négociés. C’est toujours une condition pour nous », a-t-il ajouté.
Le directeur financier de la compagnie canadienne Africa Oil Corp, Pascal Nicodeme, a de son côté révélé, lors de la conférence, que sa compagnie n’a plus de créanciers européens et n’est désormais financée que par des banques africaines.
« Les banques africaines sont présentes et concluent des accords », a confirmé Tamoor Ali, responsable du sourcing du brut pour les activités de négoce et de transport maritime de BP.
Le directeur des syndications à la Banque africaine d’import-export (Afreximbank), Babajide Bode-Harrison, a d’autre part révélé que cette banque panafricaine prévoit de conclure des accords de partenariat avec des négociants en produits énergétiques, des fonds souverains et d’autres institutions afin de répondre à une plus grande partie des besoins de financement dans le secteur des hydrocarbures. « Nous sommes en train de créer une banque de transition énergétique », a-t-il déclaré.
En mai 2022, Afreximbank avait signé un protocole d’accord avec l’Organisation des producteurs de pétrole africains (APPO) pour la création d’une banque de l’énergie afin de mobiliser plus de financements auprès du secteur privé pour les projets pétroliers et gaziers africains.