Nommé ministre de l’Économie, du Plan et de la Coopération, il y a quelques jours, Doudou Ka a passé le témoin, hier, à son successeur à la tête du département des Transports aériens et du Développement des infrastructures aéroportuaires. Cette cérémonie a servi de tribune au ministre sortant pour faire son bilan à la tête de ce ministère stratégique, lui qui a été avant cela directeur général d’AIBD SA.
Lorsqu’il atterrit à la tête de l’aéroport international Blaise Diagne SA, en décembre 2020, le secteur du transport aérien international traverse une période difficile marquée par la pandémie de Covid-19 et la rareté des ressources. Face à cette situation inédite, Doudou Ka dit avoir adopté une approche proactive en proposant une vision stratégique ambitieuse et partagée avec l’ensemble des acteurs des transports aériens.
C’est ainsi qu’est née, dit-il, la stratégie du hub aérien 2021-2025, validée lors du Conseil présidentiel du 23 avril 2021 et qui est basée sur quatre piliers (la génération de trafics, l’expérience voyageur, l’accès et la connectivité, la diversification et le rayonnement de l’aéroport AIBD), sur 13 objectifs, 23 projets phares et trois réformes.
La mise en œuvre de cette stratégie a amorcé la transformation structurelle du secteur. Elle a conduit à la souveraineté aéroportuaire retrouvée, en juin 2022, par le remboursement intégral de la dette de l’aéroport AIBD. Le néo-ministre de l’Économie, du Plan et de la Coopération poursuit qu’il y a eu toute une politique de modernisation des aéroports régionaux pour les mettre aux normes internationales. Dans le même temps, il a été engagé l’extension de la flotte aérienne nationale par l’acquisition de deux Airbus A330 neo et de 2 ATR 72, la commande de cinq Airbus A321 neo, dont le premier sera livré fin 2025, la commande de cinq L410-NG pour le transport national et des pays limitrophes dont les deux premiers seront livrés en fin janvier 2024.
À cela s’ajoute la livraison prochaine de l’Académie internationale des métiers de l’aviation civile (Aimac) à la base aérienne de Thiès en février 2024, avec déjà l’acquisition de 17 aéronefs pour la formation des pilotes et techniciens de maintenance et la construction du centre de maintenance aéronautique (MRO) dont le lancement officiel se fera, dit-il, en décembre 2023.
« Le concept de souveraineté aérienne est fondamental pour comprendre la vision du chef de l’État qui sous-tend le développement des transports aériens au Sénégal. Cette transformation structurelle du secteur du transport aérien, conformément à l’axe 1 du Plan Sénégal émergent (PSE), fera de la plateforme aéroportuaire de Dakar le premier hub aérien sous-régional de services à l’horizon 2035. Elle repose sur : la mise en place d’un pôle aéronautique (MRO, Aimac), le développement d’un aéroport international (AIBD) de référence (best-in-class), la mise aux normes de notre réseau d’aéroports régionaux (Ziguinchor, Cap Skirring, Saint-Louis, Matam, Tambacounda, Kédougou, Kaolack, Kolda, Sédhiou, Linguère), la génération d’un trafic important : 3 millions en 2025 (objectif presque atteint en fin 2023) et 10 millions en 2035 ; le développement d’une compagnie nationale Air Sénégal solide et de référence ; le renforcement de l’autorité de l’aviation civile et la digitalisation du secteur ; la promotion de pôles d’activités aéroportuaires génératrices d’emplois », renseigne le ministre sortant.
Qui l’aurait cru, il y’a quelques mois ? Doudou Ka patron de Diouf Sarr( arrogant). Dieu est unique
Plan de relance de la compagnie nationale Air Sénégal
Doudou Ka annonce, dans le même temps, que la transformation de leur principal acteur aéroportuaire, l’AIBD SA, après sa fusion avec l’Agence des aéroports du Sénégal, se poursuit conformément à la stratégie hub aérien 2021-2025. Selon ses confidences, le plan de relance de la compagnie nationale Air Sénégal, entamé en novembre 2022, a permis de réduire considérablement les déficits d’exploitation mensuels qui étaient de 5,184 milliards pour le mois d’août 2022 à 1,6 milliard un an plus tard.
‘’Cette performance, dit-il, a été obtenue grâce à l’optimisation des opérations et de la gestion de la flotte, mais surtout grâce à la suppression ou réduction de fréquence de certaines lignes déficitaires. Ces efforts combinés ont permis à la compagnie Air Sénégal d’obtenir la certification IOSA, gage de la qualité et de la sécurité des opérations’’.
L’autre chantier prioritaire est de ‘’garantir la qualité et la sécurité de notre secteur’’. Pour cela, renseigne le ministre sortant, il faut s’atteler au renforcement de l’Anacim, avec le projet de digitalisation de ses services et l’obtention de la certification IASA. Mais aussi, à la construction du nouveau siège de l’Anacim, l’acquisition de plusieurs matériels d’inspection moderne, l’introduction de la biométrie et d’un système avancé de reconnaissance faciale, ainsi que la mise en place imminente d’un système ultramoderne d’inspection de véhicules et d’équipements de toutes sortes pour renforcer la sûreté dans les aéroports du pays.
Partenariats bilatéraux et multilatéraux
S’agissant des opérations au sol au niveau de l’aéroport de Diass, il confie : ‘’Un autre point crucial de ma mission a été d’accompagner le processus de rachat des parts de Las SA dans 2AS, visant à transformer cette entité en une véritable structure souveraine par le contrôle de la nouvelle structure par des privés sénégalais et le renouvellement en cours de l’ensemble du matériel de handling à l’aéroport AIBD’’.
Également, renseigne Doudou Ka, ‘’grâce au Crédit du transport aérien (CTA), l’État a pu maintenir au sein de la plateforme aéroportuaire les sociétés privées à capitaux sénégalais et à préserver l’ensemble des emplois, malgré leurs difficultés à honorer leurs engagements auprès du gestionnaire de l’aéroport ».
En tant que ministre de tutelle, il indique avoir surtout signé beaucoup d’accords aériens avec des pays tels que le Qatar, Oman, la Gambie et bien d’autres. Des partenariats qui ont permis de renforcer les connexions internationales et d’ouvrir de nouvelles perspectives pour l’avenir du secteur. ‘’Nous avons également renforcé nos partenariats avec des compagnies aériennes de renom telles que Royal Air Maroc et Air France. Cela contribuera à renforcer la connectivité de notre pays avec le reste du monde et à ouvrir de nouvelles perspectives pour notre économie », déclare le ministre sortant.
Doudou Ka n’a pas manqué de parler de la concurrence des autres pays de la sous-région qui veulent aussi devenir des hubs aériens majeurs. Pour y faire face, il enjoint son successeur de miser sur l’innovation. À son avis, des technologies de pointe devront être déployées pour rendre l’expérience des passagers plus agréable et pratique, avec notamment des améliorations dans les systèmes de divertissement en vol, de la connectivité Wi-Fi à bord et des procédures d’embarquement plus fluides grâce à l’automatisation des processus.
Cependant, d’après lui, il reste quelques points de vigilance sur lesquels ils doivent se concentrer, tels que la finalisation des travaux de reconstruction et de mise aux normes des aéroports régionaux.
Par ailleurs, ses services ont accordé une attention particulière aux conditions de travail des employés du département, et l’État a octroyé un premier lot de plus de 1 500 parcelles aux syndicats et travailleurs du secteur.
« Néanmoins, les priorités absolues de notre département demeurent l’extension de l’aérogare passagers de l’aéroport AIBD, la suppression des lignes d’Europe du Sud exploitées par le pavillon national et structurellement déficitaires et leur remplacement dans le cadre la coopération avec les compagnies partenaires. La mise en œuvre du guichet unique et de l’Observatoire du transport aérien est aussi un enjeu majeur. Il importe de finaliser leur opérationnalisation complète. Enfin, nous devons travailler sur la gouvernance des entités du secteur, notamment avec la création récente de l’Aimac, la société de gestion du MRO et la nouvelle société 2AS. Je quitte mes fonctions de ministre des Transports aériens et du Développement des infrastructures aéroportuaires pour relever de nouveaux défis en tant que ministre de l’Économie, du Plan et de la Coopération. Je pars avec la conviction que le secteur des transports aériens au Sénégal continuera à se transformer et à se développer », a conclu Doudou Ka.
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