Le rapport souligne que les levées de fonds réalisées par les jeunes pousses qui révolutionnent l’agriculture et les industries agro-alimentaires sur le continent demeurent concentrées sur une poignée de pays.
Les levées de fonds des start-up africaines opérant dans les domaines de l’agriculture et de l’alimentation (agrifoodtech) se sont établies à 99 millions de dollars au premier semestre 2023, enregistrant ainsi une baisse de 77 % par rapport à la même période de 2022, selon un rapport publié le 14 septembre par le fonds de capital-risque AgFunder.
Intitulé « Africa AgriFoodTech Investment Report 2023 », ce rapport révèle aussi que le nombre de transactions recensées au cours des six premiers mois de l’année en cours s’est limité à 51 deals contre 89 deals au cours de la même période de l’année écoulée.
La baisse des montants levés et du nombre des transactions conclues entre les jeunes pousses qui révolutionnent l’agriculture et les industries agroalimentaires en Afrique s’explique essentiellement par les incertitudes macroéconomiques mondiales. La hausse des taux d’intérêt, la volatilité des taux de change et les pressions inflationnistes ont agi comme un repoussoir pour les investisseurs, provoquant une tendance baissière des financements injectés dans les start-up du continent qui a d’ailleurs concerné tous les secteurs.
Certains pays ont cependant résisté mieux que les autres à cet assèchement des financements.
Le Nigeria et le Kenya ont maintenu leur leadership, avec respectivement 45 millions et de 41 millions de dollars levés par les agrifoodtech sur les six premiers mois de 2023. Ces deux pays, qui abritent certaines des plus grandes pépites de la tech spécialisée dans ce domaine comme Thrive Agric, Releaf, et Apollo Agriculture, accaparent ensemble 83,3% des fonds levés entre le 1er janvier et le 30 juin 2023.
L’Afrique du Sud occupe le troisième rang avec 8 millions de dollars, devant le Maroc (4 millions de dollars) et l’Egypte (0,7 million).
La déprime devrait se poursuivre au 2è semestre
D’autre part, les auteurs du rapport ne s’attendent pas à un rebond significatif des levées de fonds dans le secteur de l’agrifoodtech durant le deuxième semestre de l’année en cours. A plus long terme, l’éventuelle atténuation des incertitudes macroéconomiques à l’échelle mondiale pourrait cependant inciter les investisseurs à rouvrir prudemment le robinet du financement.
La décision prise par les pays africains de mettre en avant les effets néfastes du changement climatique dans le dialogue sur la transformation des systèmes de production agricole sur le continent pourrait également trouver un écho favorable auprès des firmes de capital-risque, même si l’identification de start-up crédibles proposant des solutions efficaces et adaptées au contexte africain continuera d’être un défi de taille.
Elaboré en collaboration avec la Fondation Bill & Melinda Gates Foundation, FMO Ventures Program et Mercy Corps Ventures, le rapport révèle par ailleurs que les levées de fonds réalisées par les start-up africaines opérant dans le domaine de l’agrifoodtech durant la décennie 2013-2022 se sont établis à 1,8 milliard de dollars. L’année 2022 a été plus faste dans ce cadre avec 636 millions de dollars, malgré le refroidissement du marché international du capital-risque suite au déclenchement du conflit russo-ukrainien.
Quatre pays ont cependant accaparé 95% des financements injectés dans les agrifoodtech africaines au cours de la dernière décennie : le Kenya (608 millions de dollars), le Nigeria (448 millions), l’Egypte (317 millions) et l’Afrique du Sud (270 millions).