L’anniversaire des 24 ans du règne de Mohammed VI a été l’occasion pour le monarque de définir la nouvelle ligne de conduite de son pays. De l’économie à la politique étrangère, un seul mot d’ordre a été identifié comme pilier de succès dans tous les domaines : « le sérieux ».
Mohammed VI avait beaucoup de choses à dire à la jeunesse de son pays, qui s’est démarquée récemment par de nombreux exploits dans différents domaines, dont le sport. En effet, la performance remarquable de la sélection nationale de football au Qatar, en décembre dernier, a été particulièrement saluée par le roi du Maroc, lors de son allocution prononcée ce samedi à l’occasion de la fête du Trône.
Le « génie marocain » vu d’un bon œil par le plus haut sommet de l’État
En plus de la réception qui leur a été accordée par le Palais royal à Rabat, le 20 décembre 2022, lors de laquelle les Lions de l’Atlas ont été décorés par le souverain lui-même, Mohammed VI rend hommage à leurs prestations une nouvelle fois. « Chaque fois que la jeunesse marocaine a eu les moyens de donner la pleine mesure de son sérieux et de son patriotisme, elle a fasciné le monde par des performances d’un calibre inédit, à l’instar de l’exploit accompli par la Sélection nationale à la dernière Coupe du monde de football », a-t-il dit. Le Chef de l’État s’est dit fier de cet exploit, se rappelant des « belles images de ferveur patriotique, d’unité et de cohésion familiale et populaire ».
Souhaitant perpétuer cette épopée, le Maroc espère aujourd’hui devenir le second pays du continent, après l’Afrique du Sud en 2010, à abriter un des événements les plus importants de la planète : la Coupe du monde de 2030. En effet, le Maroc a annoncé, en mars 2023, présenter sa candidature à l’organisation de la 100e édition de cet événement sportif aux côtés de l’Espagne et du Portugal. « Cette candidature tend une passerelle entre deux continents et deux civilisations : l’Afrique et l’Europe, et rassemble les deux rives de la Méditerranée », précise le roi du Maroc.
Les exploits de la jeunesse marocaine dans le secteur automobile ont été aussi salués par le Chef de l’État. Dans ce sillage, les projets de la première voiture de fabrication locale et du premier prototype de voiture à hydrogène témoignent du « génie marocain » et « attestent la confiance placée dans les capacités intrinsèques de nos jeunes, ainsi encouragés à redoubler d’inventivité et de créativité », a-t-il insisté. Ces deux marques automobiles, portées par des compétences locales, devraient permettre au pays de franchir un nouveau cap à travers « la promotion du label Made in Morocco», et ainsi de conforter le positionnement du Maroc en tant que «destination majeure pour les investissements productifs».
EnR, sécurité hydrique et protection sociale
S’exprimant sur le projet « Offre Maroc » pour l’hydrogène vert, Mohamed VI a engagé le gouvernement à « entreprendre la mise en œuvre rapide et qualitative de ce projet ».
Au cœur des priorités de Rabat : la transition énergétique. Et Mohammed VI de rappeler le coup d’accélérateur au plan de déploiement des énergies renouvelables et le lancement du programme d’investissement vert du groupe OCP, dont les grandes lignes ont été annoncées le 3 décembre 2022. Ce plan inédit de 13 milliards de dollars devrait permettre au groupe, d’ici 2027, d’alimenter l’ensemble de son outil industriel en énergie verte et ainsi d’atteindre ainsi la neutralité carbone avant 2040.
S’adressant au gouvernement une nouvelle fois, Mohammed VI a aussi abordé le sujet de la sécurité hydrique, une question hautement stratégique pour le royaume, classé ainsi parmi les pays les plus menacés par la pénurie de ressources en eau. La gestion des ressources hydriques requiert davantage de « rigueur et de vigilance », a-t-il précisé. En revanche, le roi du Maroc appelle au suivi minutieux des différentes étapes de la mise en œuvre du Programme national pour l’approvisionnement en eau potable et d’irrigation 2020-2027. Le ton est donné. « Aucune forme de mauvaise gouvernance, de mauvaise gestion ou d’exploitation anarchique et irresponsable de l’eau » ne sera donc tolérée par le Chef de l’État, qui a explicitement mis en garde contre cela.
A l’heure où le pays est en train de poser les jalons de l’État Social, l’Exécutif est particulièrement attendu aujourd’hui sur le dossier de la généralisation de la protection sociale au profit de tous les Marocains d’ici 2025. Il est considéré comme étant le chantier social le plus important du règne de Mohammed VI. A cet effet, le monarque a rappelé que « les prestations sociales commencent, comme prévu, à être servies aux ménages ciblés, à la fin de l’année en cours ». Son souhait est que « ce revenu direct contribue à l’amélioration des conditions de vie de millions de familles et d’enfants dont nous ressentons la détresse », a-t-il affirmé.
A l’instar des toutes les économies du monde, celle du Maroc était également exposée aux répercussions de la crise mondiale, conjuguées à des années de sècheresse qu’a vécu le pays. Face au renchérissement du coût de la vie et au ralentissement de la croissance économique, le pays s’est mis en ordre de marche pour adopter les mesures nécessaires, afin d’atténuer l’impact négatif de cette conjoncture sur « les franges de la population et les secteurs les plus touchés », et d’assurer « l’approvisionnement des marchés en produits de base », comme le souligne le discours royal. Le recul progressif des tensions inflationnistes dernièrement est néanmoins une bonne nouvelle. Le Maroc devrait donc capitaliser sur cette nouvelle situation économique dont le mot d’ordre est : la relance et la résilience. A cet effet, Mohammed VI appelle « faire preuve de sérieux pour instaurer un climat de confiance et saisir les nouvelles opportunités ».
Cette nouvelle feuille de route comprend aussi le domaine de la politique étrangère relevant des prérogatives du souverain chérifien, comme le rappelait le communiqué de palais royal, en mars dernier, visant à recadrer les islamistes sur la question palestinienne, qui demeure toute aussi stratégique que l’intégrité territoriale du royaume.
La question palestinienne et l’intégrité territoriale
S’exprimant sur les reconnaissances en cascade de la souveraineté du Maroc sur ses « Provinces du Sud », Mohammed VI a cité au passage la décision israélienne, annoncée le 17 juillet par voie d’une lettre adressée par le premier ministre israélien au roi du Maroc. Cette étape, qui intervient deux ans et demi après la reprise des relations diplomatiques entre Rabat et Tel-Aviv, constitue pour le royaume un tournant important, à l’heure où l’Initiative marocaine d’autonomie connait un élan de soutien à l’international, illustré notamment par l’ouverture de 30 consulats à Dakhla et à Laâyoune.
Cependant, l’alliance du Maroc avec Israël n’exclut pas la nécessité de trouver une solution à la question palestinienne. Et Mohammed VI, Président du Comité Al-Qods, d’insister sur « la position inébranlable du Maroc en faveur de la Cause palestinienne juste et des droits légitimes du peuple palestinien frère ». Son pays a toujours soutenu la solution des deux États et l’établissement d’un État palestinien sur la base des frontières de 1967 avec Al-Qods-Est (Jérusalem-Est) comme capitale. Préoccupé par les enjeux de la paix au Proche-Orient, le Maroc n’hésite pas d’ailleurs à condamner les violations unilatérales d’Israël en Palestine.
Cependant, la reconnaissance par Israël de la marocanité du Sahara, traditionnellement pomme de discorde entre le Maroc et l’Algérie, n’a pas été du goût du pouvoir algérien qui a dénoncé « une violation du droit international ». Pourtant, Mohammed VI continue de s’attacher à la politique de la main tendue, qu’il n’hésite pas à évoquer à chaque fois qu’il s’exprime sur des sujets de politique étrangère. Le roi demeure déterminé à « fonder des relations solides avec les États frères et amis, et plus particulièrement avec les pays voisins ». Qualifiant les relations avec Alger de « stables », le Maroc aspire néanmoins à ce qu’elles soient « meilleures ». Pour ce faire, Mohammed VI prend un pas de plus vers l’Algérie et appelle cette fois-ci à « un retour à la normale » et « une réouverture des frontières », en assurant les Algériens qu’ils « n’auront jamais à craindre de la malveillance de la part du Maroc ».
De la résilience à la souveraineté, l’ensemble de ces éléments avancés par le roi, à l’occasion du 24ème anniversaire de la fête du Trône, confirme le fait que la dynamique de développement du Maroc a atteint un stade de maturité avancée. Pour préserver donc son statut de « nouvelle puissance régionale », le royaume chérifien est appelé à franchir de nouveaux seuils sur la voie du progrès.