Alors que l’Afrique du Sud produit plus de 80 % de son électricité à partir du charbon, la nouvelle taxe carbone risque de pénaliser sévèrement les exportations du pays le plus industrialisé du continent, vers les marchés européens.
Le mécanisme européen d’ajustement carbone aux frontières (MACF) favorisera les exportations des pays riches vers l’Union européenne (UE) et augmentera la pauvreté, le chômage et les inégalités dans les pays en développement, a estimé le ministère sud-africain du Commerce, de l’Industrie et de la Concurrence dans une note adressée à la mi-juillet à la Commission européenne.
« Le mécanisme européen d’ajustement carbone aux frontières, qui devrait entrer en vigueur en octobre 2023, mettrait en péril 1,5 milliard de dollars d’exportations annuelles de l’Afrique du Sud, qui produit plus de 80 % de son électricité à partir du charbon », a souligné le ministère.
« Le MACF a pour effet de transférer le fardeau de l’action climatique aux économies en développement et impose des charges indues et injustes à notre pays et à nos industries », a-t-il ajouté.
Le ministère a également estimé que ce mécanisme plus connu sous l’appellation de la taxe carbone européenne risque de freiner les objectifs climatiques fixés par l’Afrique du Sud.
« Le cadre de la politique MACF est considéré comme coercitif, car il impose aux pays en développement une politique d’atténuation des effets du changement climatique. Au lieu de stimuler l’ambition climatique, il risque de compromettre notre capacité à atteindre nos objectifs en matière de climat », a-t-il expliqué, notant que « la forte dépendance à l’égard de l’extraction et de l’exportation de matières premières destinées à être valorisées ailleurs est un héritage historique qui nous a été imposé », dans une référence au passé colonial de l’Europe.
La taxe carbone européenne constitue à la fois un moyen pour atteindre l’objectif d’une diminution de 55% des émissions de gaz à effet de serre (GES) à l’horizon 2035 (par rapport aux niveaux de 1990) et une mesure de défense commerciale. Elle vise en effet à rendre plus équitables les conditions de concurrence entre les entreprises de l’Union européenne (UE) et celles des pays tiers en attribuant un prix du carbone à certains produits importés.
Le MACF est conçu pour compléter le système d’échange de quotas d’émission (SEQE), qui s’applique depuis 2005 à l’ensemble des pays membres de l’UE ainsi qu’à l’Islande, au Liechtenstein et à la Norvège. LE SEQE oblige les entreprises européennes à acquérir un nombre de quotas d’émission de GES correspondant à la quantité réelle de leurs rejets de CO2 ou de gaz équivalents pour décarboner leur processus de production. Pour éviter des délocalisations induites par l’absence de taxation du carbone pour les importations, l’UE a décidé de soumettre les produits importés au même prix carbone imposé aux biens produits dans l’espace européen.
La taxe carbone européenne sera mise en œuvre le 1er octobre 2023, avec une période de transition de trois ans au cours de laquelle seules les obligations de déclaration s’appliqueront. Les paiements ne seront exigés qu’à partir de 2026.