Malgré les assurances faites au président Macky Sall à respecter son choix sur le candidat de la mouvance présidentielle, l’implosion de BBY et de l’APR est plus que redoutée. Mais il n’y a pas que ces entités politiques qui sont menacées de voler en éclats. Le Parti Socialiste (PS) aussi risque de connaître le même sort depuis qu’on assiste à des divergences entre ceux qui souhaitent poursuivre le compagnonnage avec Bby et le camp favorable au choix d’un candidat du Parti pour aller aux assauts des prochaines présidentielles.
Dès son accession au pouvoir en 2012, le président Macky Sall a pris l’option de ne pas se séparer de ses souteneurs et alliés au second tour présidentielles avec le slogan « On gagne ensemble et on gouverne ensemble ». Et depuis, la grande coalition présidentielle BBY a maintenu sa cohésion battant ainsi le record de longévité de toutes celles qui lui sont antérieures. Cette durée de mariage pour le meilleur et pour le pire ; et pour le « meilleur » surtout a permis au chef de l’État de gouverner avec une majorité qualifiée à l’Assemblée nationale, de remporter la quasi-totalité des mairies et se faire réélire en 2019 même si entre temps l’opposition a réussi une grande percée qui a complètement chamboulé le paysage politique sénégalais. Parmi les grands contributeurs du parti présidentiel qu’est l’APR, il y a le Parti Socialiste socialiste (PS) qui a fait montre d’une fidélité sans faille jusqu’à se départir de ses gros pions parmi lesquels d’anciens ministres Khalifa Sall et Aissata Tall Sall respectivement maire de Dakar et de Podor pour ne citer que ces deux-là. Après cet épisode, on avait pensé que le parti de Senghor vu sa grande trajectoire politique n’allait jamais accepter de surseoir à ses ambitions de reconquérir le pouvoir pour le compte d’un autre parti fut-il celui au pouvoir. Et par conséquent, une fois le président Macky Sall réélu pour un second et dernier mandat estimaient certains politologues, le grand « Ps » prendrait son destin en main pour travailler à revenir aux affaires. Mais à la surprise générale, la vieille maison politique a décidé à travers son bureau politique de se plier au choix du chef de l’État sur la personne qu’il va choisir comme candidat de l’APR. Une position qui, si elle est effective risque de ne pas être partagée par tous ! D’où la possibilité d’une scission dont les couleurs sont déjà annoncées avec une candidature déclarée en attendant d’autres en gestation…
Risques d’implosion du Parti..
L’objectif d’un parti politique c’est de conquérir le pouvoir dit-on. Mais au sein du PS, on ne semble pas aller dans ce sens. Du moins c’est la décision prise par sa direction au cours d’une réunion du Bureau Politique tenue ce week-end. Mieux, le parti a déclaré donner carte blanche à Macky Sall pour le choix du candidat de BBY en 2024. Mais cette option a coïncidé avec la déclaration de candidature de Jean Baptiste Diouf maire de Grand Dakar et membre de la direction du PS. D’ailleurs son investiture était prévue hier par la coordination de sa commune qui a décidé de le choisir pour aller à la conquête du palais l’année prochaine. Un choix qui ne va pas manquer de créer des remous dans la famille des Verts puisqu’il est en déphasage avec l’option de la plus haute instance du parti à savoir le Bureau Politique.
Avec ce premier vent de rébellion on risque d’assister à des querelles internes selon qu’on est d’accord ou passur la poursuite du compagnonnage avec BBY. Mais vu l’évolution de la situation, tout porte à croire que le parti de Colobane pourra difficilement résister aux divergences d’opinions aux allures d’une épidémie de fièvre politique virale qui risque de contaminer beaucoup d’entités et membres de la coalition présidentielle (Bby) les jours à venir. Interrogés sur l’avenir de leur parti, beaucoup de jeunes socialistes nous ont confiés qu’ils ne comptent plus être la vache laitière d’un quelconque parti politique surtout lorsqu’il a atteint sa durée de vie avec des guerres de positionnement en vue. Evidemment, ilsfont allusion à une « Apr » politiquement mourante ou agonisante. Toujours est-il que pour eux, l’heure a sonné de se remobiliser pour trouver et soutenir le meilleur profil afin de le porter à la tête du pouvoir. Ils (jeunes socialistes) se disent décidés et attendre le moment propice pour montrer clairement leur position. Ces mêmes personnes ont déclaré leur décision ferme de rompre avec ceux qui, depuis l’avènement de la seconde alternance ont travaillé plus pour leurs propres intérêts que pour ceux du parti et de sa large base. C’est pourquoi poursuivant leur speech, ils n’écartent pas de faire appel à tous les socialistes d’ici et d’ailleurs pour unifier la grande famille de Colobane qui compte dans ses rangs des hommes de valeur, expérimentés capables de sauver le Sénégal et de l’inscrire sur les rampes du développement. Ces propos émis par des jeunes du Parti ajoutés à la première candidature déclarée, au départ de certains gros calibres et à la perte de vitesse des ténors comme Aminata Mbengue Ndiaye, Serigne Mbaye Thiam ou encore Abdoulaye Wilane (personne parmi eux n’est maire dans son fief) sont autant de raisons qui doivent amener le parti dans tous ses segments à mener de larges concertations dans le dessein de trouver un consensus pour préserver son avenir. Sinon c’est tout un patrimoine qui risque de s’effondre.
Retrouvailles Taxawu /PS : est-ce possible ?
L’annonce très attendue du Chef de l’État sur le futur candidat de la mouvance présidentielle n’intéresse pas seulement son parti mais toute la coalition BBY. Mais avant d’en savoir plus, le sentiment le mieux partagé c’est que ces deux entités des « Verts » risquent d’aller directement vers l’implosion d’où la possibilité de voir apparaître de nouvelles configurations politiques du genre : « Vert-clair », « Vert-foncé »…Et c’est dans ce sillage que s’inscrit l’éventualité d’une candidature unique chez les socialistes entre Khalifa Sall et ses anciens compagnons. Ce, d’autant plus que l’ancien maire de Dakar n’a jamais affiché son opposition à cette réconciliation malgré toutes les malentendus.
Connu pour son esprit de dépassement, son sens de retenue et son attitude à ne pas verser dans la rancune, ce qui lui voue la posture d’un homme d’État, Khalifa Sall n’en est pas moins un rassembleur et un homme de dialogue. En plus de ces qualités morales, il a un vécu dans le parti et dans des positions étatiques qui peuvent lui faire valoir des arguments à mettre sur la table pour être l’homme de la situation.
Au plan politique, il a réussi à deux reprises la prouesse de faire mordre la poussière aux partis au pouvoir le PDS et l’APR lors des élections municipales dans la capitale, sa base incontestable. Et ceci a été confirmé lorsque, sous le coup d’une sanction judiciaire, il a permis à son « poulain » Barthélémy Diaz de lui succéder à la tête de la mairie sous la bannière de Taxawu Dakar.
Cette victoire de haute facture lui a permis de continuer à exister politiquement et d’élargir son mouvement sur tout le territoire national sous le nom de Taxawu Sénégal. Pourtant quelques années auparavant le « khalif » de Dakar a frôlé sa mort politique lorsque dans le cadre de la gestion de la caisse d’avance de sa mairie il a été condamné à cinq ans d’emprisonnement ferme puis bénéficié d’une Amnesty après avoir purgé les trois années. Une peine qui l’avait rendu inéligible aux dernières élections présidentielles de 2019. Après cet épisode et à force de croire en lui-même, il a continué d’afficher ses ambitions présidentielles pour servir son peuple à travers sa vision. Aujourd’hui à quelques mois des joutes électorales pour la conquête du palais, Khalifa Sall garde un grand espoir pour revenir dans le jeu politique. C’est pourquoi il ne cracherait pas sur les retrouvailles avec ses anciens compagnons du PS qui, malgré la décision annoncée de continuer à cheminer avec le BBY, peuvent en fonction de leurs intérêts et du contexte politique sentir la nécessité de faire taire leurs passions et d’œuvrer pour la reconquête du pouvoir perdu en 2000. Un tel objectif ne sera atteint que si le parti procède à un retour de tous les socialistes d’abord avant de désigner un candidat consensuel et ensuite travailler pour sa victoire.