Le soutien marocain revêt une grande importance pour la Guinée, car au sein de la CEDEAO les autres dirigeants ont déploré une coopération très limitée de la part des autorités de transition guinéennes pour respecter le calendrier des élections et mener les processus de transition de manière transparente.
Le ministre marocain des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger a réaffirmé le soutien du royaume chérifien au gouvernement de transition au pouvoir en république de Guinée. « Les signes envoyés par le régime sont des signes d’espoir et de confiance, et le Royaume du Maroc ne peut qu’apporter son soutien au Colonel Mamadi Doumbouya », a fait savoir Nasser Bourita, selon ses propos traduits par la chaîne de télévision Guinée Sud.
Ce soutien représente tout un symbole pour la Guinée car, dans sa région d’appartenance, la CEDEAO, les autres Chefs d’Etat ont déploré « une coopération très limitée de la part des autorités de transition » en vue du respect du calendrier les invitant à organiser des élections « sous 24 mois » et mener « les processus de transition de manière transparente ».
En sa qualité de nouveau président de la CEDEAO, le chef de l’Etat récemment élu à la tête du Nigéria a affiché sa détermination à s’assurer que soit restauré l’ordre démocratique dans les trois pays que sont le Mali, le Burkina-Faso et la Guinée Conakry. « Nous ne permettrons jamais que les coups (d’Etat) se succèdent en Afrique de l’Ouest », a déclaré Bola Tinubu, qui a récemment démontré ses capacités à passer de la parole aux actes.
La position diplomatique marocaine est constante en ce que le royaume apporte son appui à un régime qui en fait de même pour ses intérêts. Lors de la 7ème commission mixte entre les deux pays tenus à Dakhla, principale ville du Sahara occidental sur lequel le Maroc revendique et y exerce sa souveraineté, les autorités guinéennes ont en effet renouvelé leur « soutien à l’intégrité territoriale du Maroc » et réitéré leur appui à l’initiative du plan d’autonomie proposé par le Royaume, d’après plusieurs médias marocains.
Sur cette actualité, de nombreux médias marocains et guinéens ont préféré insister sur la signature de plusieurs accords de coopération entre les deux pays. La concomitance des deux événements a pourtant éclairé une différence de point de vue exprimée à distance par Rabat et Abuja. Le Maroc devra donc jouer de diplomatie avec les instances de la CEDEAO.
Au-delà du soutien politique, la Guinée est un pays qui compte pour les investissements du Royaume. Selon des données publiées par le ministère marocain des finances, les excédents commerciaux cumulés du Maroc sur le pays ouest-africain ont atteint l’équivalent de 3,3 milliards de dirhams (environ 330 millions $) entre 2016 et 2021. Mais le Nigéria de Bola Tinubu est un partenaire commercial tout aussi important.
Sur la même période, le Maroc y a généré un excédent commercial cumulé de 5,6 milliards de dirhams (560 millions $), même si dans cette économie géante en Afrique, l’influence du Royaume est beaucoup plus faible qu’elle ne l’est en Guinée Conakry. Cela n’empêche Rabat d’en faire un objectif de sa stratégie d’expansion. Aussi, cette divergence de position sur l’exigence de démocratie en zone CEDEAO questionne aussi la volonté du Maroc, qui depuis 2017 a émis son souhait de rejoindre la sous-région mais qui se heurte à des réserves affichées principalement par le Nigéria où les acteurs économiques présents localement sont très jaloux de leur marché.
Plus concrètement, les Marocains avec leur partenaire guinéen ont choisi de célébrer les « avancées de leurs relations économiques. « Dans le cadre de la solidarité effective avec la Guinée, le Maroc est pleinement disposé à développer un partenariat efficace entre les secteurs public et privé qui sera mutuellement bénéfique aux deux pays et servira de modèle pour la coopération Sud-Sud en Afrique », a déclaré Nasser Bourita.
L’objectif principal de la Commission Mixte Maroc-Guinée est de promouvoir les relations entre les deux pays et de favoriser le développement économique et social des deux nations. Elle constitue un cadre important pour explorer de nouvelles opportunités de partenariat dans divers secteurs. Lors des réunions de la Commission Mixte, les deux parties examinent les moyens de développer les échanges commerciaux et les investissements bilatéraux. Toutefois les rapports chiffrés de cette institution ne sont pas accessibles au public pour avoir une idée précise du degré d’équilibre dans les retombés pour chacun des pays.