Imam Ahmadou Makhtar Kanté explique les origines, le sens et les recommandations pour cette fête célébrée au dixième jour du premier mois (Muharram) du calendrier musulman
La communauté musulmane va célébrer, ce samedi 29 août, la fête de l’Achoura, communément appelée «Tamkharit». A deux jours de la fête, les Sénégalais se préparent pour partager les repas copieux et profiter des bénédictions. Imam Ahmadou Makhtar Kanté, de la mosquée du Point-E, nous explique les origines, le sens et les recommandations faites pour cette fête célébrée au dixième jour du premier mois (Muharram) du calendrier musulman (de l’Hégire 1442).
Jeune, fête ou commémoration, à chacun son «Achoura»
Ce samedi 29 août va être célébrée la fête de l’Achoura plus connu sous le nom de «Tamkharit» au Sénégal. Comme chaque année, les préparatifs vont bon train dans les familles pour marquer la fête, même si ce n’est pas à l’image de la Korité (Aïd el-Fitr) ou la Tabaski (Aïd el-Kabir). Entre tradition prophétique et culture, l’Achoura est associée au partage, à la générosité envers les familles et les plus démunis. Jeûne, fête ou commémoration, à chacun sa façon de marquer cette journée. «Je vais célébrer Achoura comme les années précédentes. C’est-à-dire préparer moi-même et en grande quantité mon bon couscous très bien orné et le partager avec ma belle famille et des voisins pour renforcer les liens de solidarité car une fête ça se célèbre», a fait savoir cette jeune dame du nom de Ngoné Sarr, rencontrée au marché Arafat de Grand-Yoff hier, mercredi 26 août. Pour cette maman de deux enfants, «le repas de l’Achoura est un moment de grande convivialité». Comme elle, Khady Touré compte également marquer la fête de Tamkharit à sa manière. «Je vais acheter beaucoup de viande et préparer notre très prisé plat traditionnel en cette fête et le partager avec tout le monde. Je vais également faire plaisir à ma coépouse parce que ça fait partie de notre culture», dit-elle. Pour certains, la fête de Tamkharit, c’est aussi le côté folklorique appelé «Tadjabone», une occasion où les enfants parcourent les rues dans les quartiers en chantant et dansant pour demander des étrennes.
IMAM AHMADOU MAKHTAR KANTE SUR LE FONDEMENT SPIRITUEL DE L’ACHOURA «L’important c’est le jeûne de reconnaissance et de gratitude à notre Seigneur Allah»
L’Achoura est le dixième jour du mois de Muharram, premier mois du calendrier musulman (de l’Hégire 1442). Imam Ahmadou Makhtar Kanté, de la grande mosquée du Point-E revient sur l’importance de ce jour et son fondement spirituel. «Il est important parce que le Prophète (PSL) l’a jeûné jusqu’à la fin de sa vie, quand il est venu à Médine. C’est donc un jeûne de reconnaissance et de gratitude à notre Seigneur Allah (SWT) qui a donné la victoire au Prophète Moïse (AS) contre Pharaon. C’était donc la victoire de la foi contre le tyran, celui qui était rebelle face à Dieu (Pharaon, son armée et le peuple qui l’a suivi). Maintenant, quand le Prophète (PSL) a demandé aux juifs qui étaient à Médine : «pourquoi vous jeûnez le dixième jour de ce mois ?», ils lui ont dit que c’est un jour que Moïse a jeûné parce que c’est le jour où Dieu (SWT) lui (Moïse) a donné la victoire, a fait noyer Pharaon et son armée et a libéré le peuple juif et l’a fait traverser la mer rouge. Le Prophète (PSL) dit : «celui qui le jeûne, Dieu (SWT) va lui pardonner ses péchés de l’année précédente», explique l’Imam de la grande mosquée de Point E. Seulement, fait-il remarquer, les traditions se sont greffées à l’Achoura au Sénégal et comme partout dans le monde. «Il faut juste rejeter ce qui heurte le dogme de l’Islam.
Par exemple tout ce qui est tradition idolâtre et païenne comme «deup bol» (renverser le bol du diner) où on fait des invocations ou bien le fait de dire aux gens : «il faut se gaver parce que sinon vous n’allez pas vivre longtemps» ou encore le mauvais Tadjabone où les filles portent les habits de garçons et les garçons les habits de filles, etc.», a fait savoir Imam Kanté. Mais, il précise : «par contre un Tadjabone où des gens sont organisés et font des invocations et des prières et rappellent des commandements de l’Islam, il y a rien qui l’interdit fondamentalement dans l’Islam».