La prostitution continue de pendre de l’ampleur à Mbour au Saly. Et pour faire le constat, il faut aller sur les lieux pendant la nuit. Le vieux métier du monde est pratiqué par plusieurs générations dans cette partie du Sénégal. Les adeptes déroulent un nouveau système pour exercer leurs activités. Elles viennent des localités environnantes de Mbour.
Nous, nous avons parcouru plusieurs kilomètres pour arriver dans ce département. Notre lieu de descente, c’est au Saly Portudal. Il est 21 heures et nous, nous sommes interpellés par une grande dame, teint clair au rond-point, entouré par plusieurs bars et restaurants, près d’une pharmacie. Un endroit considéré comme lieu de « station » des femmes d’âges confondues qui cherchent des clients. Et voilà ses propos: « Svp monsieur, donnez-nous des jetons pour que je puisse prendre le diner ». Votre chasseur d’infos n’a pas tardé à répondre. « Pourquoi vous êtes là à cette heure ? Où sont vos enfants ? Êtes-vous mariée ou pas ?
Et elle nous rétorque : « Sérigne Bi, Rèère La Bug, Bo Ma Mune May, Nga May Ma, Bo Munul May Nga Dem Sa Yoon » : Des termes en Wolof qui signifient : si tu veux, tu me donne, si tu ne veux pas me donne, tu continu ton chemin. C’est ainsi que nous, nous rebouchons le chemin pour rallier l’hôtel de notre séjour. A force de poser des questions par apport aux comportements de certaines femmes qui fréquentent cet endroit à Saly, nos interlocuteurs informent que, « c’est la nouvelle forme de prostitution que les femmes utilisent pour dérouler leurs activités principales. Elles viennent de Dakar, de Thiès ou Kaolack chaque jour que Dieu fait. Les pratiquantes du vieux métier au monde se pointent vers 20 heures et 21 heures aux alentours du rond-point. Elles abordent des clients. Après être tombé d’accord sur les prix au cours du marchandage, le couple se dirige à l’auberge de leur choix pour se livrer à des parties de jambe en l’air. Chaque coup c’est à 10.000 Franc ».
Des personnes interrogées dont la majeure partie, des femmes qui pratiquent la prostitution, nous racontent que, « pour passer la nuit avec une adepte, il faut débourser 80.000 Franc voir même 100.000 Franc CFA ». Certaines parmi ces femmes qui se livrent à des séries de jambes en l’air, viennent de la banlieue dakaroise comme Bène Baraque, Yeumbeul et autres. Selon des sources indiscrètes, « les prostituées ont une nouvelle façon de dérouler leurs activités favorites. Elles quittent le soir chez elles pour venir à Mbour après le crépuscule et elles rentrent vers 4 heures ou 5 heures du matin à Thiès, à Dakar… Des zones qu’ elles avaient quittées pour venir « exposer leurs marchandises » à Mbour. « Les séries de jambes en l’air entre 10.000 Franc CFA et 30.000 Franc CFA, selon la durée de négociation avec la prostitution. Et il faut savoir se marchander pour s’en sortir avant de tomber d’accord avec la cliente pour passer à l’acte », nous dit-on.
Force est de constater que les risques de contacts avec les marchandes de la chaire sont nombreux. Et c’est ce que beaucoup d’hommes qui adorent ce jeu favori, ignorent. La plupart des prostituées ne disposent pas de carnets sanitaires et elles n’habitent pas à Saly où elles opèrent. Elles ne soucient jamais de leur état de santé. Les personnes qui fréquentent les belles de nuit ont de quoi avoir peur. Les sénégalaises et certaines étrangères sont en tête de ce classement qui n’est pas du tout reluisant. Selon les personnes rencontrées, on assiste à une véritable ruée vers le « plus vieux métier du monde car le contrôle roule à pieds mort surtout à Mbour qui est une ville touristiques ». Une fille que nous, nous rencontré de déclarer que : « grâce a ce métier, je paie ma chambre, la scolarité de mon enfant et j’entretien très bien ma famille. Je m’y suis lancée pour pouvoir avoir plus d’argent et faire des économies qui me permettent d’assurer certains frais obligatoires familiaux ». Elle répond au nom de Penda. Elle habite dans la banlieue dakaroise. Elle avoue aussi que l’activité paye mais elle n’est pas tranquille ». Plusieurs prostituées ne se déplacent pas seules lorsqu’elles vont chez un client. Elles disposent des carnets d’adresses assez fournis de contacts de personnalités qui se trouvent être « des abonnés ».
D’autres se font toujours accompagner par quelqu’un qui les suit de loin sans donner l’impression au client qu’il est observé, surtout pendant la nuit au Saly Portudal. A la moindre incartade, elle lance l’appel et il vole à son secours. Une forme de prostitution qui évolue à Mbour. Un séjour de trois jours dans ce département nous a permis de faire le constat lors de notre reportage.
Les raisons qui poussent les jeunes filles à se joindre à ce genre de pratique sont nombreuses. Certaines le font dans le souci d’avoir de l’argent rapidement au mépris des risques et de leur santé pour acquérir des accessoires de beauté tels des mèches de diverses origines, des vêtements, des téléphones de dernière génération, etc. Une interlocutrice nous explique sous couvert de l’anonymat : « j’ai deux enfants. C’est une copine qui m’a mis en contact avec une grande sœur qui au départ me venait en aide financièrement sans contrepartie. Après un certain temps, elle a commencé à me convier à des nuits dansantes, dans des bars avec des inconnues qu’elle semblait visiblement connaître. Sans qu’elle ne le dise, j’ai compris de quoi il s’agissait. C’est par cette voix que je me suis entré dans le métier mais ce n’est pas de mon choix et j’espère qu’à certain âge, je me décrocherai ce n’est pas n’importe qui peut faire la navette tous les jours de Mbour jusqu’à Dakar et que mes enfants vont grandir bientôt. Je ne veux pas qu’ils me trouvent en train de pratiquer le métier ». Une situation qui continue à prendre de l’ampleur au Saly.
Sada Mbodj