Le procès opposant la masseuse Adji Sarr au leader de Pastef s’est finalement tenu mardi. C’était sans la présence du leader du Pastef qui se trouve reclus depuis plus une dizaine de jours à Ziguinchor. Hier mercredi, toutes les conversations tournaient autour de ce procès dont le verdict est attendu le 1er juin c’est-à-dire mardi prochain.
Dans la banlieue, on joue les prolongations des débats du procès Adji Sarr-Ousmane Sonko. Dans certains lieux de rassemblement, les débatteurs commentaient le compte rendu des auditions de Ndèye Khady Ndiaye, la patronne du salon « Sweet Beauty », et de son employée au moment des faits, la jeune masseuse, Adji Sarr. « C’est du jamais vu ! On ne croirait pas que nous sommes au Sénégal en lisant les messages relayés sur les réseaux sociaux venant du palais de justice. C’était comme dans un film pornographique. Mais quand même, la vérité méritait de jaillir après tout ce long feuilleton judiciaire. Ousmane Sonko aurait dû se présenter pour se défendre.
Ce n’était pas une bonne idée de rester à Ziguinchor. Le verdict du 1er juin risque de lui être très fatal pour la suite de sa carrière politique », confie Aliou Samb habitant du quartier Médina Marène 1 dans la commune de Tivaouane-Diacksao. Les professionnels de médias, déployés hier au Palais de la justice de Dakar où se tenait une audience spéciale sur l’affaire des supposés viols répétitifs et menaces de mort dont est accusé le leader du Pastef par la masseuse Adji Sarr, ont permis aux citoyens de vivre en direct ce procès. Ceci à travers des statuts WhatsApp ou publications sur Facebook. Pour Aliou Pam, chauffeur, l’accusatrice a tenté de rejouer la scène devant le juge pour prouver qu’il y a eu viol. Toutefois, le jeune homme n’exclut pas une tentative de vouloir liquider politiquement un opposant qui dérange aujourd’hui le sommeil profond du régime du président Macky Sall. « Certaines choses ne valent pasla peine d’être faites en politique. C’est Dieu le grand Juge. Je crois à l’innocence d’Ousmane Sonko dans ce dossier. C’est une manœuvre du pouvoir pour l’empêcher d’être candidat aux élections présidentielles 2024 en l’emprisonnant. Malheureusement, nous avons une justice aux ordres de l’exécutif pour discréditer les potentiels adversaires du pouvoir. Nous sommes en train d’assister à la réédition des sorts faits à l’ancien maire de Dakar, Khalifa Sall, et à Karim Wade. Que Macky Sall sache que tôt ou tard, il quittera le pouvoir. Seul le pouvoir de Dieu est éternel », estime, dépité, le taximan.
Soutien à Ousmane Sonko !
En attendant le verdict de ce procès qui sera rendu le 01er juin, l’avenir politique du le leader du Pastef est en jeu. Ousmane Sonko, cohérent dans sa démarche de désobéissance civique, après avoir posé certaines conditions pour déférer à sa convocation, a brillé parson absence durant le procès. Malgré le risque d’être condamné par contumace qu’il encourt, les militants de Pastef croient dur comme fer à la participation de leur leader à la présidentielle de 2024. « Ils peuvent faire tout ce qu’ils veulent. Ousmane Sonko participera par la force à la présidentielle de 2024. C’est quoi ces affaires de viols et de diffamation ? Le viol, c’est une histoire sortie de l’imagination de Adji Sarr. Une histoire écrite par d’autres et qu’elle est venue livrer pour nuire à un adversaire politique du pouvoir en place. Les Sénégalais ne sont pas dupes. Cette masseuse raconte des contrevérités. La résistance se fera lorsque le pouvoir décidera d’emprisonner Sonko ou de l’écarter de la course présidentielle », avertit Pape Djim, visiblement trèsremonté contre « l’injustice » que subit son leader. Selon un autre habitant de la banlieue nommé Jules Guèye, l’intention du pouvoir serait claire et consistait à ternir l’image d’un homme politique dans ce procès. « Ousmane Sonko est un Sénégalais comme le président de la République Macky Sall. C’est un père de famille. Il a des parents. On doit respecter son honneur. Et il est également présidentiable. Il n’est pas n’importe qui. La Justice ne devrait pas procéder de cette manière avec lui. Ses droits n’ont jamais été respectés depuis le début de cette affaire. Il a raison de ne pas s’être au tribunal hier » pense cet interlocuteur d’une quarantaine d’années.
Que le droit soit dit le 01er juin…
L’affaire Ousmane Sonko -Adji Sarr, jugée en mode fast-track mardi devant la chambre criminelle du tribunal de grande instance hors classe de Dakar, laissera les Sénégalais dubitatifs sur le fonctionnement de la Justice de leur pays. Le verdict du juge déterminera la perception qu’ils se font de l’image d’une justice tant chahutée de nos jours. « Les Sénégalais ont besoin d’être éclairés. Cette affaire nous causé beaucoup de dégâts sur les plans matériel, économique, social et, surtout, humain. Vingt morts, c’est trop. Elle a tenu en haleine tout le pays pendant deux ans. C’est elle la cause de tout ce que à quoi nous sommes en train d’assister, les manifestations par-ci, les saccages par-là. C’est dommage qu’Ousmane Sonko n’ait pas comparu hier. C’est le moment pour la justice, après avoir écouté quelques parties et les témoins, de redorer son blason en toute impartialité. Une justice forte, c’est celle qui se respecte » martèle le nommé Abdoulaye Cissokho. Même son de cloche chez la vendeuse de bouillie Aba Diallo. Elle réclame que « le droit soit dit dans l’affaire Adji Sarr -Ousmane Sonko. On ne parle que ça depuis deux ans. Ce débat devrait être dépassé si la justice avait fait son travail. Je bannis la politique. Mais je pense qu’on ne devrait pas emprisonner quelqu’un parce qu’il a décidé de s’opposer à votre régime. La jeune fille, si ce qu’elle a raconté hier ne colle pas à la réalité, devra être sanctionnée. En résumé, seule la vérité doit triompher » estime la vendeuse de bouillie.