La population sénégalaise a augmenté de manière exponentielle ces dernières années. La demande en soins suit aussi cette tendance. Malgré les efforts consentis par le gouvernement sénégalais pour mettre en place des établissements sanitaires ainsi que le renforcement en personnel qualifié, le gap reste toujours important surtout dans le cadre des spécialistes dans certains domaines de la médecine. Le comportement de certains médecins et prestataires de santé influent sur la qualité des soins.
Le gouvernement a consenti d’énormes efforts dans le domaine de la santé pour mettre à niveau le plateau sanitaire mais aussi pour renforcer les infrastructures existantes ainsi que le personnel soignant. Ainsi dans cette dynamique, le ministère de la Santé et de l’action sociale sous le régime du ministre Eva Marie Coll Seck a démarré la réorganisation à la base en renforçant les postes de santé avec l’appui des collectivités territoriales de personnel de santé en mettant en niveau les cases de santé ainsi qu’en sécurisant certaines cliniques traditionnelles dont les maternités. Ce travail à la base a aussi abouti à la mise en place de la couverture maladie universelle pour permettre à une grande partie de la population d’accéder à des soins à moindre coût par un système de cotisation.
Pour l’ancienne ministre de la Santé, environ 80% de la population ne disposait pas d’une couverture du risque maladie. «La CMU est un nouvel instrument de solidarité nationale devant permettre à chaque Sénégalais d’accéder à un minimum de soins et cette solidarité doit avoir comme fondement les valeurs socioculturelles sénégalaises» avait-elle avancé dans la presse sénégalaise. Cet instrument a permis de sauver plusieurs vies surtout des enfants de 0 à 5ans, mais aussi de booster l’audience dans les structures périphériques.
Si l’on en vient au renforcement des établissements sanitaires, à ce jour, le Sénégal a réussi à faire le maillage des structures de santé sur toute l’étendue du territoire national. Dans les coins les plus reculés du Sénégal, des postes de santé existent avec un personnel de santé qualifié dont une sage-femme et un infirmier-chef de poste. Cette politique de maillage s’est beaucoup intensifiée avec l’ancien ministre Abdoulaye Diouf Sarr avec les constructions d’établissements de santé, de centres de dialyses, de réhabilitation de certaines infrastructures sanitaires. Aujourd’hui, avec la nouvelle carte sanitaire 2019-2023, le Gouvernement ambitionne d’améliorer l’équité́ territoriale en matière de santé, de densifier l’offre de soins pour soutenir l’atteinte de la couverture sanitaire universelle et de relever les plateaux techniques y compris par l’utilisation de la Télésanté́. C’est dans ce cadre que trois hôpitaux ont vu le jour dont celui de Kédougou, Fatick, Sédhiou entre autres. Dans le cadre du recrutement de personnel de santé, en plus de ceux faits par la fonction publique, le ministère de la Santé recrute chaque année des personnels de santé. Les plus en vue demeurent les infirmiers et sage femmes qui sont affectés hors de Dakar pour renforcer le personnel existant. Le ministère contracte aussi avec les médecins. Dans la politique d’augmenter les spécialistes, le gouvernement a augmenté la bourse de spécialisation passant du simple au double pour encourager les médecins à se former. Une politique de l’Etat qui a porté ses fruits puisque toutes les régions sont dotées de spécialistes dans plusieurs domaines de la santé comme la gynécologie, la pédiatrie, l’imagerie entre autres avec un plateau technique de pointe.
Le Covid, une opportunité non saisie
Dans le sillage de la pandémie de la Covid-19, le Président de la République avait demandé au MSAS de lui fournir un plan d’investissement pour un système de santé résilient. Les besoins en constructions, en équipements et en ressources humaines ont été́ fournis à̀ partir des normes et des gaps de la carte sanitaire. Aujourd’hui, avec les manquements dans le domaine du plateau sanitaire, les pannes répétées dans l’équipement, la population se demande où sont passés ses gros investissements à coût de milliards dont se glorifiait le ministère de la Santé et de l’action sociale. Le projet de création d’établissements publics de santé de niveau 4 tarde toujours à voir le jour alors des actions ont été posées pour faire évoluer certains hôpitaux de niveau 3 comme Principal, Dalal Diam en Eps 4.
La réforme des finances publiques a confirmé́ l’obligation de produire un DPPD, un projet annuel de performance par programme, un rapport annuel de performance du secteur. La crédibilité́ de tous ces documents dépend essentiellement d’une carte sanitaire régulièrement mise en jour.
L’équité toujours décriée
La capitale sénégalaise consacre à elle seule plus de 85% des spécialistes toute catégorie confondue en médecine. Dans les hôpitaux de niveaux de trois, ils sont plusieurs dans un même service au moment où les établissements de santé de niveau I peinent à avoir du renfort surtout dans les régions ou certaines en sont à la limite dépourvues. Cette situation conduit à la problématique des populations régionales quant à la qualité des soins et augmente les références dans la capitale.
Prise en charge très souvent décriée par les patients
Dans le domaine de la santé, bon nombre de patients se plaignent du traitement dans le secteur public. En plus de l’accueil et de l’orientation qui sont souvent décriés, des malades ne sont pas correctement pris en charge et dés fois sont référés dans le privé pour non disponibilité d’intrants ou de panne de matériels d’urgence. Des négligences sont aussi notées dans certains services dont la maternité avec un mauvais traitement de certains prestataires dans les salles d’accouchement et de travail. Le professionnalisme des spécialistes est souvent limité au manque d’outils ou à un problème de maintenance qui fragilise la prise en charge correcte des patients.