Il y a l’anarchie et le grand banditisme qu’a provoqués l’exploitation artisanale de l’or dans les sites d’orpaillage. Et d’autres conséquences terribles sont à redouter : la pollution des eaux souterraines et de surface au niveau de la région de Kédougou dont l’impact peut être national. La Falémé est déjà totalement polluée…
Ce n’est plus une alerte, mais une réalité : l’exploitation de l’or dans la région de Kédougou a affecté la nappe souterraine. Car les orpailleurs qui s’y activent utilisent souvent des produits non réglementaires, en l’occurrence le mercure. Selon une étude faite par Ibrahima Maal, enseignant-chercheur à l’université Amadou Makhtar Mbow de Diamniadio, et partagée lors des Journées scientifiques organisées par l’Académie nationale des sciences et techniques du Sénégal (Ansts), l’utilisation de ce produit prohibé au Sénégal entraîne des répercussions graves sur la qualité des ressources en eau, aussi bien de surface que celles souterraines.
«L’objet de notre étude, dit-il, c’était de relater un peu les qualités de l’eau dans l’activité minière. On a un peu développé l’activité minière du point de vue industriel, mais aussi du point de vue artisanal. L’orpaillage, qui reste du coup une grande problématique au niveau de la zone (Kédougou), parce qu’il y a un afflux massif d’orpailleurs qui, souvent, utilisent des produits non réglementaires, surtout le mercure dont l’utilisation est prohibée», rappelle l’universitaire. D’après lui, «ces produits utilisés et l’activité en tant que telle ont des répercussions sur la qualité des ressources en eau souterraines».
L’Etat invité à réorganiser le secteur de l’orpaillage
A l’en croire, «l’étude a révélé dans les sites d’orpaillage, pour l’essentiel des eaux échantillonnées, que la teneur en mercure était au-delà des normes de portabilité». Ce qui, poursuit-il, entraîne comme conséquence directe des risques sanitaires sur les biotes, c’est-à-dire tout ce qui est animal et végétal.
Et pour une meilleure gestion du secteur, qui attire énormément de nationalités, Pr Ibrahima Maal invite les autorités à réorganiser le secteur de l’orpaillage car il y a de l’anarchie et propose des stratégies qui permettent une amélioration du traitement de l’or sur les sites parce que c’est une activité économique que font les populations pour gagner de l’argent, et mettre en place des ressources en eau et des écosystèmes aquatiques qui jusque-là subissent une très lourde pression de pollution pouvant réduire leur capacité de résilience.
«L’Etat doit aussi mettre en place des stratégies visant à améliorer le traitement de l’or sur les sites. Car si l’eau souterraine est contaminée, personne au Sénégal n’est à l’abri, en ce sens que l’eau qui quitte Kédougou arrive jusqu’au lac de Guiers», dit-il. C’est ce cours d’eau qui alimente Dakar et aussi de nombreux centres urbains du pays.
En attendant, le fleuve Falémé est hors d’usage à cause d’une forte pollution due aux rejets de déchets toxiques et d’effluents rejetés par plusieurs exploitants qui pullulent dans la région de Kédougou. Comme si de rien n’était…