En août 2020, Akon posait la première pierre d’une smart city, à 90 km au sud de Dakar. Mais les travaux n’ont toujours pas commencé. Un retard qui menace de faire capoter ce projet pharaonique que certains soupçonnent d’être une supercherie.
Sa notoriété l’avait précédé, lui ouvrant toutes les portes jusqu’au saint des saints. Fils du Sénégal devenu star de la musique outre-Atlantique, Alioune Badara Thiam, alias Akon, a donc vu le tapis rouge se dérouler devant lui, du ministère du Tourisme à la présidence de la République, lorsque, dès 2018, il a fait connaître l’ambitieux projet qu’il nourrissait pour le pays natal de ses parents.
Ville futuriste à l’architecture atypique, immergée dans la high-tech et propulsée par l’énergie solaire et la crypto-monnaie lancée par le musicien, Akon City était destinée à devenir un Wakanda sorti de l’écran à une centaine de kilomètres de Dakar. Tel le pharaon Khéops, Akon en serait le bâtisseur. Tel T’Challa, alias Black Panther, il deviendrait le prince de ce royaume portant son nom d’artiste, censé célébrer le continent et asseoir son rayonnement à travers le monde, où se presseraient les Africains déracinés issus de la diaspora.
Face à l’océan Atlantique, à cheval sur la lagune de Mbodiène, Akon City n’existe encore que sur les images de synthèse féériques d’un clip en 3D. Son coût, selon son promoteur, s’élèvera à quelque 6 milliards de dollars. Initialement prévu pour 2023, l’achèvement de la première tranche des travaux est désormais annoncé pour 2028, tandis que la finalisation devra attendre 2035.
Pourtant, sur le site, où les travaux n’ont pas encore commencé, seuls des ânes, des chèvres et des vaches traversent à l’occasion ce coin de savane dont nul visiteur ne pourrait deviner qu’il est censé héberger le vaste chantier d’une mégapole avant-gardiste qui ne dépareillerait pas aux Émirats arabes unis.