A Ziguinchor, la vente de la plante de menthe, appelée nana, est une activité très lucrative en ce mois béni de Ramadan. Les vendeuses se frottent les mains et bénissent le mois grâce auquel leur chiffre d’affaires augmente. L’infusion de cette plante accompagne les jus de bissap, de gingembre et le quinquéliba.
Ramadan rime aussi avec affaires qui marchent et d’autres qui chutent. Parmi les bonnes affaires, la vente de la plante de menthe, communément appelée nana. Cette plante herbacée est très prisée par les Sénégalais en ce mois de jeûne. Les vendeurs se pourlèchent les babines depuis la survenue du Ramadan, qui a explosé sa consommation.
Une variété de cette plante aux odeurs variées, selon les espèces, est proposée aux clients qui se l’arrachent à cœur joie, comme de petits pains. De nana menthe à nana ordinaire, en passant par nana Maroc, nana Fass ou encore nana Pastis, c’est une large gamme qui est mise sur le marché.
Une variété de cette plante aux odeurs variées, selon les espèces, est proposée aux clients qui se l’arrachent à cœur joie, comme de petits pains. De nana menthe à nana ordinaire, en passant par nana Maroc, nana Fass ou encore nana Pastis, c’est une large gamme qui est mise sur le marché.
Et les odeurs et la forme des feuilles font la différence selon les vendeurs et les adeptes de la plante aromatique. Le produit est proposé partout, du marché au plateau du coin, au niveau des arrêts de bus, du garage… Le prix varie entre 25 et 50 francs le tas. «Nous rendons grâce à Dieu vraiment. Depuis le début du Ramadan, ce commerce marche et nous écoulons chaque jour la quantité que nous amenons», confie Oumy Cissé. Assise sous une tente de fortune installée sur le bord d’une allée stratégique au Marché central de Boucotte, la vendeuse savoure ce moment florissant de son commerce. Le premier jour du Ramadan et les jours suivants, son chiffre d’affaires a été exponentiel. «J’ai vendu jusqu’à plus de 20 mille francs Cfa le premier jour du Ramadan, la veille et les jours suivants. Là, je peux aller jusqu’à 15 mille francs par jour», révèle Mme Cissé.
Au-delà d’être vendeuse, Oumy Cissé est elle-même productrice de la plante aromatique. «Mon mari et moi cultivons ce que je vends. Depuis le début du mois béni, il m’arrive de ramasser auprès des autres pour venir renforcer ma table et satisfaire mes clients», confie notre interlocutrice. Voilà pourquoi elle peut vendre à 25 francs là où les revendeurs échangent un tas à partir de 50 francs Cfa. Difficile d’aborder la maraîchère, tellement sollicitée par les clients qui demandent d’autres espèces que celles exposées.
A côté d’elle, deux fillettes proposent sur des plateaux, la même marchandise. Elles ont mis à profit les vacances de Pâques pour faire un peu de commerce et prêter main forte à leurs parents qui sont des maraîchers. Pour ces derniers, l’appui des enfants va servir à joindre les deux bouts. «D’habitude, mes filles vendent des sachets d’eau fraîche pendant les vacances. Mais comme nous sommes en plein mois de Ramadan, la vente de nana est la meilleure chose à faire, d’autant plus que le produit est très consommé en ce moment», explique Nafi, maman des deux vendeuses mineures qui se chamaillent pour des pièces neuves. Pourquoi vendent-elles du nana ? Elles répondent timidement tout en souriant : «C’est pour préparer la Fête de Korité.» Cette réponse contraste d’avec celle de leur mère.
A Arrêt nana, un coin spécialement dédié à la vente de cette plante dans ce marché, les vendeuses espèrent encore de meilleurs jours. L’activité marche, mais pas comme elles le voudraient. N’étant pas des maraîchères, l’acquisition du nana en gros et demi-gros est de plus en plus difficile car les producteurs sont de plus en plus rares. «Nous n’avons pas beaucoup de fournisseurs comme avant, ce qui rend le produit cher. Les propriétaires des terres ont saisi leurs biens pour construire là où la majorité de nos fournisseurs cultivaient. Du coup, nous l’achetons un peu plus cher qu’avant, et c’est pourquoi nous vendons à partir de 50 francs. Malheureusement les clients ne comprennent pas cela», regrette Amina Dramé qui est installée à cet arrêt depuis des années. Sa voisine renchérit : «Depuis ce matin (hier), je n’ai pas encore vendu la moitié de ma marchandise. C’est pareil pour mes camarades, vraiment on ne se frotte pas tellement les mains, mais on espère écouler avant la fin de la journée.»
Du côté des clients, on est tout simplement gâtés. «Il y en a de toutes les odeurs et à partir de 25 francs. Une infusion de ces plantes dans du jus de bissap, de gingembre ou dans le kinkéliba, cela donne des goûts extraordinaires», soutient Aminata Danfa, une gousse de menthe à la main. Son homonyme, qui réclame la parole, ajoute : «On ne peut pas se passer du jus de bissap à la menthe ou du quinquéliba à la menthe au moment de la rupture du jeûne. C’est extraordinaire.»
La vente du quinquéliba est aussi une bonne affaire en ce mois béni. Les sachets de 100 francs se vendent à merveille dès l’arrivée du Ramadan. «Douté (quinquéliba) simple ou douté Gambie, les gens en redemandent. L’activité marche beaucoup grâce au Ramadan», confesse une vieille dame. «Avant, je ne vendais que quelques sachets, mais depuis le début du Ramadan, mon stock se vide quotidiennement», confirme Pa Kéba, un autre vendeur de ce produit fortement prisé.