La Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest a publié, le 24 mars, son rapport sur la politique monétaire 2022. Le document relate une tendance baissière de l’inflation, une dégradation du déficit budgétaire global et un ralentissement de la croissance. Cependant, une bonne tenue de l’activité dans l’ensemble des secteurs est espérée en 2023 et 2014, favorisant des taux de croissance respectifs de 6,5 et 7% dans l’Union.
Dans son dernier rapport sur la politique monétaire, publié le 24 mars, la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (Bceao) a relevé le maintien du dynamisme de l’activité économique au quatrième trimestre 2022 dans l’Uemoa. En effet, le rapport fait état d’une progression de 5,4% du Pib en volume, sur un an, après une hausse de 5,7% notée le trimestre précédent. Selon les dernières estimations de l’institution bancaire, la croissance du Pib, en termes réels, ressortirait à 5,6% en 2022 et à 6,5% en 2023, après 6,1% en 2021. Le Comité de politique monétaire (Cpm) de la Bceao note toutefois que ces perspectives de croissance favorables sont entourées de risques essentiellement baissiers, en liaison avec les incertitudes sur la conjoncture internationale, une détérioration du climat sécuritaire dans la région, ainsi que de mauvaises conditions météorologiques.
Abordant les échanges extérieurs des États membres de l’Union en 2022, la Bceao indique qu’ils se sont soldés par un déficit courant de 7,7% du Pib, après 5,6% en 2021. Le solde global de la balance des paiements, quant à lui, est ressorti déficitaire de 3.343,2 milliards de FCfa contre un excédent de 475,7 milliards de FCfa un an auparavant. Cette détérioration des comptes extérieurs intervient dans un contexte de renchérissement des produits alimentaires et énergétiques sur les marchés mondiaux, conjugué avec un repli des flux nets de capitaux au titre du compte financier.
Tendance baissière de l’inflation
Le Cpm, à travers le rapport, note la tendance à la baisse du taux d’inflation. Il est ressorti à 7,8% au quatrième trimestre 2022 après 8,4% un trimestre plus tôt. L’inflation excluant les produits à prix volatiles, de son côté, est ressortie à 5,2% au cours du quatrième trimestre 2022, après 5,4% un trimestre plus tôt. «Cette décélération du niveau général des prix a été notamment soutenue par les bons résultats de la campagne agricole 2022/2023 ainsi que par les mesures de politique monétaire prises par la Banque centrale et les efforts des États pour réduire l’inflation», explique-t-on dans le document. Selon les dernières prévisions de la Bceao, ce taux d’inflation dans l’Union devrait poursuivre sa dynamique baissière. Il devrait ainsi ressortir à 5,6% en 2023 et 2,9% en 2024, après 7,4% en 2022. Au quatrième trimestre 2024, le taux d’inflation est projeté à 2,5%, un niveau qui le situe dans la zone cible de la politique monétaire entre 1,0% et 3,0%. Cette décélération du niveau général des prix sur la période de prévision serait liée notamment à la détente des cours mondiaux des produits alimentaires et pétroliers, à la poursuite de la normalisation de la politique monétaire et aux mesures budgétaires de lutte contre la vie chère. Estimant que le maintien du taux d’inflation à des niveaux élevés sur plusieurs périodes et les risques de rebond de l’inflation à court terme liés aux relèvements récents des prix des produits pétroliers et de l’électricité dans certains pays laissent craindre un désancrage des anticipations d’inflation, la Bceao juge nécessaire de poursuivre le processus de normalisation graduelle de sa politique monétaire entamée depuis juin 2022, par l’augmentation des taux directeurs. «Ainsi, le taux d’intérêt minimum de soumission aux appels d’offres d’injection de liquidité passe de 2,75% à 3,00% et le taux d’intérêt du guichet de prêt marginal de 4,75% à 5,00%. Cette décision a pris effet le 16 mars 2023. Le coefficient de réserves obligatoires applicable aux banques de l’Union reste inchangé à 3,0%. Au cours des mois à venir, le Comité de politique monétaire de la Bceao sera, selon le rapport, vigilant sur la dynamique d’évolution de l’inflation et «prendra, le cas échéant, les mesures nécessaires pour assurer la stabilité monétaire, tout en soutenant la poursuite de la croissance économique».
Demba DIENG
Le déficit budgétaire global se dégrade à 6.971,7 milliards de FCfa en 2022
La gestion budgétaire dans l’Uemoa, en 2022, s’est soldée par un déficit global, base engagements, dons compris, de 6.971,7 milliards ou 6,4% du Pib à fin décembre 2022, contre 5.435,3 milliards ou 5,4% du Pib un an auparavant. Cette dégradation, explique l’institution bancaire, reflète la hausse de 3.265,7 milliards de FCfa ou 14,2% des dépenses et prêts nets, atténuée par la progression de 1.729,3 milliards de FCfa des recettes budgétaires et des dons. Cet accroissement des dépenses est lié à la poursuite des investissements inscrits dans les plans nationaux de développement et les mesures de lutte contre la vie chère mises en œuvre dans les États membres.
Quant aux recettes budgétaires, elles sont ressorties à 17.645,8 milliards de FCfa à fin décembre 2022, soit une hausse de 1.490,7 milliards de FCfa ou 9,2% par rapport à l’année précédente. Cette progression, poursuit la source, émane des recettes fiscales, qui se sont accrues de 1.427,6 milliards de FCfa ou 10,5%, principalement en relation avec la poursuite de la croissance économique, le taux de pression fiscale étant ressorti en très faible amélioration entre 2021 (13,6%) et 2022 (13,7%).
Les dons, pour leur part, ont progressé de 238,6 milliards de FCfa ou 16,2% pour s’établir à 1.714,9 milliards de FCfa, tirés par l’augmentation des appuis des partenaires techniques et financiers.
D. DIENG
L’augmentation des prix du carburant renchérit les services du transport
Au niveau des fonctions «Transport» et «Logement», les prix ont augmenté respectivement de 7,8% et 5,9% au quatrième trimestre 2022 contre 7,4% et 5,4% le trimestre précédent. Le relèvement des prix des carburants au quatrième trimestre 2022, dans le sillage du redressement des cours mondiaux de pétrole brut, a renchéri les services de transport. Au quatrième trimestre 2022, la hausse des prix à la pompe de l’essence a atteint 14,8% au Sénégal, 38,6% au Togo, 26,0% en Côte d’Ivoire, 25,0% au Bénin, 22,3% au Mali, 22,0% au Burkina et 15,6% en Guinée-Bissau. Pour le gasoil, la progression des prix a atteint 63,5% au Togo, 34,6% au Mali, 33,3% au Bénin, 24,2% au Niger, 23,9% au Burkina, 14,8% en Guinée-Bissau et 6,5% en Côte d’Ivoire.