A contre-courant de la tendance mondiale, les jeunes pousses qui révolutionnent les domaines de l’agriculture et de l’alimentation en Afrique séduisent de plus en plus les investisseurs. Mais les agrifoodtech opérant sur les segments du commerce de détail, des produits alimentaires et des technologies intermédiaires accaparent encore plus de 50% des financements.
Les levées de fonds des start-up africaines opérant dans les domaines de l’agriculture et de l’alimentation (agrifoodtech) se sont établies à 640 millions de dollars en 2022 contre 526 millions en 2021, ce qui représente une croissance de 22 % d’une année à l’autre, selon un rapport publié le 15 mars par le fonds de capital-risque AgFunder, en collaboration avec le fonds souverain singapourien Temasek.
L’Afrique est la seule région au monde à avoir enregistré une hausse des financements mobilisés par les jeunes pousses qui révolutionnent les secteurs de l’agriculture de l’alimentation. Des baisses très prononcées des levées de fonds de cette catégorie de start-up ont été en effet enregistrées en Europe (-46%), en Asie (-50%), en Amérique du Nord (-39%), en Amérique latine (-65%) et en Océanie (-31%).
La part du continent dans le total des investissements réalisés par les fonds de capital-risque dans les agrifoodtech à l’échelle mondiale est ainsi passé de 1% en 2021 à 2,2% en 2022.
Le rapport révèle également que les levées de fonds réalisées par les agrifoodtech africaines entre 2012 et 2022 ont totalisé 1,83 milliard de dollars.
Les financements répertoriés durant l’année écoulée sur le continent sont répartis sur 142 transactions. Les plus grosses levées de fonds ont été réalisées par la plateforme kényane de commerce électronique de produits alimentaires Wasoko (125 millions de dollars), l’agri-fintech nigériane Thrive Agric qui offre aux petits agriculteurs la possibilité d’accéder des financements, des services de conseil et des intrants agricoles (54,6 millions) et la plateforme kényane de e-commerce MarketForce qui permet aux commerçants de s’approvisionner directement auprès des producteurs (40 millions).
Des financements en baisse de 44% à l’échelle mondiale
La répartition des levées de fonds recensés en 2022 par type d’agrifoodtech montre que les start-up spécialisées dans le commerce de détail et les technologies de la restauration (In-Store Retail & Restaurant Tech) ont attiré près du tiers des financements (197 millions de dollars). Les start-up spécialisées dans les technologies intermédiaires (Midstream Tech), qui opèrent notamment sur les segments de la sécurité alimentaire, la traçabilité, la logistique, le transport et la transformation, occupent la deuxième marche du podium avec 170 millions de dollars.
Viennent ensuite les places de marché et les agri-fintech (131 millions de dollars) et les agrifoodtech spécialisées dans les technologies de cloud computing qui produisent, entre autres, des cuisines fantômes et des robots de livraison autonomes (44 millions).
Le rapport souligne d’autre part que les levées de fonds réalisées par les agrifoodtech à l’échelle mondiale durant l’année écoulée ont enregistré une baisse de 44% par rapport à 2021 pour s’établir à 29,6 milliards de dollars. Ce montant porte le total des financements injectés par les fonds de capital-risque dans cette catégorie de start-up entre 2012 et 2022 à 196 milliards de dollars.
En 2022, l’Amérique du Nord a attiré la majeure partie des financements dans les agrifoodtech (13,6 milliards de dollars). Avec 8,6 milliards de dollars, l’Asie a occupé la deuxième position devant l’Europe (5,1 milliards), l’Amérique latine (1,1 milliard), l’Afrique (640 millions) et l’Océanie (317 millions).
Le nombre de transactions recensées à travers le monde a chuté à 2606 en 2022 contre 3456 en 2021.
A l’échelle planétaire, les fonds levés par les agrifoodtech actives sur les segments des biotechnologies, des bioénergies, des biomatériaux, des logiciels de gestion agricole, de l’Internet des objets et des nouveaux modes d’agriculture ont enregistré des hausses de plus 8% l’an passé.
Les agrifoodtech opérant sur les segments de la livraison des repas, du e-commerce, des protéines alternatives, du cloud computing et des technologies intermédiaires ont, quant à elles, vu leurs levées de fonds chuter de plus de 35%.