C’est une sommation à caractère interpellatif. Le président du Conseil national du patronat (Cnp) veut un engagement de l’Etat sur la date de paiement de la dette intérieure. Baïdy Agne a demandé à Amadou Ba de lui communiquer la date de paiement de cette dette «dont la soutenabilité se pose de plus en plus». Le Premier ministre a demandé au ministre des Finances et du budget de recevoir le patronat pour lui exposer les mesures déjà prises par le gouvernement pour solder ses créances.
6400 milliards de francs Cfa ! Le chiffre est reluisant en comparaison au précédent exercice budgétaire, alors que le pays a fait l’année dernière, et continue de faire face à la crise énergétique accentuée par le conflit armé en Ukraine. Mais pour les entreprises qui ont joué grandement leur rôle dans la mobilisation du budget de cette année, la patience a des limites. Elles veulent entrer dans leurs fonds. C’est ce que Baïdy Agne semble dire au gouvernement. Dans une lancée diplomatique, le président du Conseil national du patronat (Cnp), soucieux de ne point froisser le gouvernement, a affirmé que «les créances issues à date augmentent et leurs soutenabilités se posent de plus en plus dans les secteurs tels que le Btp, les infrastructures, les produits pétroliers et l’agro-industrie. Certes, nous comprenons les arbitrages de l’Etat régulateur en réponse aux chocs exogènes : faut-il subventionner ou s’endetter ou les deux ? Toutefois, il est urgent que l’entreprise ait une visibilité sur la date de paiement de la dette intérieure».
Une interpellation qui n’est pas tombée dans l’oreille d’un sourd. En effet, le Premier ministre a été réceptif. «Le Sénégal, à l’instar de tous les pays du monde, a traversé une situation particulièrement difficile. A peine la crise du Covid-19 terminée, nous avons eu l’éclatement de la guerre en Ukraine. Le gouvernement a augmenté la subvention qui a été à un moment donné de 4,4% du Pib, ce n’est pas moins de 800 milliards de francs Cfa. Le président de la République a une politique sociale très affirmée. Nous continuons à soutenir les populations les plus démunies. Nous avons réorienté les subventions vers la couche démunie. Ce qui va avoir comme conséquence des marges budgétaires qui vont être utilisées pour éponger la dette intérieure (…) Depuis le début de l’année, le gouvernement s’engage dans un processus. Des sommes importantes vont être levées pour solder l’ensemble des dettes. Le ministre des Finances vous conviera pour échanger sur les modalités de paiement de l’ensemble de ces dettes, mais aussi sur la nécessité d’accélérer les projets en cours. J’invite le ministre à vous recevoir dans les plus brefs délais, afin de vous détailler les mesures qui ont été déjà prises. On parle de 22% du budget qui ont été engagés», a déclaré Amadou Ba hier, lors de la cérémonie d’ouverture des Assises de l’entreprise du Cnp qu’il a présidée.
L’encours de la dette intérieure se chiffre à 1655,9 milliards de francs Cfa, essentiellement tirés par les émissions d’obligations du Trésor sur le marché domestique, selon la Stratégie de gestion de la dette à moyen terme 2021-2023.