Alors que plus de la moitié de la population du continent est non bancarisée ou sous-bancarisée, les fintechs actives sur les segments des paiements électroniques et des services bancaires ont accaparé plus de 50% des financements reçus par l’ensemble des jeunes pousses de la finance durant les six dernières années.
Les fintechs africaines ont levé un montant global de 4,33 milliards de dollars répartis sur 375 transactions durant la période 2017-2022, selon un rapport publié en janvier dernier par
Financial Technology Partners (FT Partners), une banque d’investissement qui se concentre exclusivement sur le secteur des technologies financières.
Le rapport intitulé «Fintech en Afrique : la dynamique se met en place et le monde en prend note » précise que le nombre des transactions enregistrées dans le secteur de la fintech sur le continent est passé de 115 en 2021 à 135 en 2022. Les fonds levés par les jeunes pousses de la finance ont cependant chuté à 1,47 milliard de dollars durant l’année écoulée contre un record de 2,18 milliards de dollars une année auparavant.
Globalement, 2021 et 2022 ont été des années fastes comparativement aux années précédentes durant lesquelles les financements reçus par les fintechs africaines n’ont pas dépassé quelques centaines de millions de dollars par an.
Durant les six dernières années, les levées de fonds cumulées se sont concentrées essentiellement sur deux catégories d’entreprises technologiques de services financiers. Il s’agit des start-ups opérant sur les segments des paiements électroniques (2,01 milliards de dollars) et des services bancaires & prêts (1,55 milliard). Viennent ensuite les fintechs spécialisées dans les solutions de gestion financière (321 millions de dollars), les cryptoactifs et la blockchain (231 millions), les insurtech (66 millions) et la gestion du patrimoine & marchés des capitaux (63 millions).
Un environnement réglementaire globalement favorable
Les fintechs africaines qui ont levé les plus importantes sommes entre 2017 et 2022 sont Opay (570 millions de dollars), Airtel Africa (500 millions), Flutterwave (465 millions), Tala (362 millions), Chipper (301 millions) et Jumo (250 millions).
Le rapport fait remarquer d’autre part que l’essor des fintechs a été alimenté ces dernières années par l’augmentation du taux de pénétration du téléphone mobile et la baisse des prix de la connexion Internet. En 2022, la pénétration du téléphone mobile sur le continent a dépassé 80% alors que celle d’Internet a avoisiné 50%.
La forte proportion des jeunes au sein de la population générale (70 % de la population de l’Afrique subsaharienne a moins de 30 ans), la hausse de l’urbanisation sur le continent, le passage rapide des entreprises du secteur informel au secteur formel, l’environnement réglementaire globalement favorable et les politiques d’inclusion financière adoptées par les gouvernements constituent aussi de puissants moteurs de croissance de la fintech en Afrique.
Le taux de bancarisation demeure également très faible sur le continent. Environ 65% des Africains ne disposent pas d’un compte bancaire ou d’un accès complet aux services financiers, et 90 % de toutes les transactions sur le continent se font encore en espèces.
FT Partners note par ailleurs que la pandémie du coronavirus a servi d’accélérateur supplémentaire pour le bouillonnant secteur de la fintech en Afrique, tout en indiquant que d’importants gisements de croissance restent encore à explorer. D’autant plus que le chiffre d’affaires global du secteur des services financiers en Afrique devrait passer de 150 milliards de dollars en 2020 à 230 milliards de dollars en 2025.