La Zone de libre-échange continentale africaine offre aux entreprises locales et étrangères l’accès à une large base de consommateurs dont les dépenses atteindront 6700 milliards de dollars d’ici 2030. Mais certains secteurs devraient bénéficier plus que d’autres de l’intégration commerciale africaine.
L’industrie automobile, l’agriculture & l’agro-industrie, l’industrie pharmaceutique et les transports & logistique sont les secteurs qui offrent les plus grandes opportunités aux entreprises cherchant à tirer profit du vaste bassin de consommateurs issu de la mise en œuvre de la zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf), selon un rapport publié le 18 janvier par le Word Economic Forum.
Le rapport souligne que la Zlecaf permettra d’accélérer le commerce intra-africain, de contribuer à la transformation structurelle des économies africaines et de développer les chaînes de valeur régionales et locales, créant ainsi de nouvelles dynamiques commerciales qui offrent aux entreprises locales et étrangères l’accès à un marché commun de 1,2 milliard d’habitants dont les dépenses combinées (consommateurs et entreprises) atteindront 6700 milliards de dollars par an d’ici 2030.
Dans le cadre de ce marché commun, l’industrie automobile constitue l’un des secteurs à fort potentiel qui devraient connaître une accélération rapide de la production et des volumes d’échanges commerciaux pour répondre à une forte demande, alimentée par l’augmentation des revenus des populations locales. Ce secteur offre de grandes opportunités aux entreprises africaines et internationales. La taille du marché automobile du continent devrait passer de 30,44 milliards de dollars en 2021 à 42,06 milliards de dollars en 2027 grâce à la hausse de la demande, qui est actuellement essentiellement satisfaite par l’importation de véhicules d’occasion.
La production de véhicules et de composants automobiles sur le continent enregistre une croissance à un taux annuel moyen de 7% depuis plusieurs années. Jusqu’ici, les entreprises du secteur automobile implantées au Maroc, en Afrique du Sud, en Egypte et en Algérie exportent 56% de leur production en dehors du continent. Mais la Zlecaf devrait accroître l’intérêt pour ces pays en tant que centres industriels destinés à répondre à la demande régionale et renforcer le positionnement de l’Afrique du Nord comme destination de « nearshoring » pour les constructeurs automobiles européens.
Forte demande de fret intra-africain en vue
Le rapport explique que le marché commun africain est naturellement plus attrayant pour les investisseurs que 54 économies plus petites, surtout dans un secteur qui nécessite des économies d’échelle. Les constructeurs automobiles pourront en effet implanter des usines d’assemblage dans un pays tout en étant en mesure de cibler une large base de consommateurs et de profiter des droits de douane réduits sur les intrants locaux comme l’aluminium au Mozambique et le caoutchouc en Côte d’Ivoire.
Le secteur de l’agriculture et de l’agro-industrie est le deuxième secteur à haut potentiel qui offre d’immenses opportunités aux entreprises intéressées par le marché commun africain.
Le commerce intra-africain des produits agroalimentaires devrait augmenter de 574 % d’ici 2030 si les droits de douane sont éliminés dans le cadre de la Zlecaf.
Le rapport précise dans ce chapitre que les industries de transformation du poisson et de la viande offrent un grand potentiel d’investissement. Il en est de même pour celles des intrants agricoles comme les engrais et les équipements d’irrigation.
L’industrie pharmaceutique constitue pour sa part un secteur qui présente plusieurs opportunités pour les investisseurs locaux et étrangers, en raison notamment de la possibilité de lever les obstacles au commerce et à la production dans un court laps de temps, et de la forte croissance de la demande locale. Alors que 3% seulement de cette demande est actuellement satisfaite par les échanges commerciaux intra-africains, le secteur de l’industrie pharmaceutique en Afrique devrait enregistrer un taux de croissance annuel moyen de 5,13 % entre 2022 et 2027. Le continent compte actuellement 600 sites de production de médicaments conditionnés qui sont fortement concentrés dans 8 pays (80%). Quatre pays seulement abritent plus de 50 unités industrielles spécialisées chacun, tandis que 22 pays n’en ont aucune.
Et last but not least, le secteur du transport et de la logistique sera un domaine crucial d’investissement en tant que catalyseur du commerce intra-africain des marchandises.
Une majorité des exportations intra-africaines sont actuellement transportées par voie terrestre (60 % des exportations automobiles, 56 % des exportations des produits pharmaceutiques et 60 % des exportations de produits agroalimentaires). Selon les projections, la mise en œuvre de la Zlecaf devrait augmenter la demande de fret intra-africain de 28 %, ce qui entraînera une demande de près de 2 millions de camions, 100 000 wagons ferroviaires, 250 avions et plus de 100 navires d’ici 2035.