Des oiseaux ravageurs, le manque de moissonneuses et l’inondation des parcelles ont plombé les espoirs des producteurs de riz du secteur G du bassin de l’Anambé, qui avaient contracté une dette de 110 millions de francs Cfa. Ils s’interrogent sur son paiement.
Les producteurs de riz du secteur G du bassin de l’Anambé, dans le département de Vélingara, s’interrogent sur le devenir de leur métier, après avoir perdu tout ou une grande partie de leurs productions, ravagées par des oiseaux ou perdues par les inondations, le tout sur fond de manque de moissonneuses. Dans ce secteur, ces riziculteurs professionnels avaient emblavé 897 hectares dont 814 ont effectivement levé et sont arrivés à maturité, alimentant un espoir de bonnes récoltes. «Trois facteurs combinés sont, malheureusement, venus anéantir nos espoirs.
Il s’agit des fortes pluies tombées entre le 10 et le 20 octobre 2022, qui ont inondé les champs. Il était impossible de drainer les eaux du fait de la configuration du terrain qui est en réhabilitation, puis il y eut une invasion d’oiseaux ravageurs et enfin, il y a le manque de moissonneuses pour engager une course contre les oiseaux.
Résultat, 372 hectares n’ont pas été récoltés. Ceux qui sont récoltés ont donné de faibles rendements. Parmi les parcelles non récoltées, 128 ha sont réalisés à partir de prêts consentis par La Banque agricole (Lba). Au total, la Lba a prêté 110 millions de francs au secteur pour les besoins en semence de 200 parcelles. Aujourd’hui, nous nous posons des questions sur la problématique du paiement de cette dette», a dit Omar Baldé, producteur et vice-président de la Fédération des producteurs du bassin de l’Anambé (Feproba), au cours d’une rencontre d’évaluation de la campagne tenue dans le secteur jeudi. Au cours de la rencontre, le producteur Amadou Mballo a exhorté ses collègues à s’acquitter d’au moins une partie de leur dette individuelle. «C’est à cette seule condition que la riziculture pourrait continuer dans le bassin, puisque nous n’avons pas les moyens de cultiver sans prêt bancaire», recommande-t-il.
Pour l’heure, ces riziculteurs protégés par la Sodagri (Société de développement agricole et industriel du Sénégal) se tournent vers l’Etat pour prendre en charge une partie de leurs dettes. Pour ce faire, explique Abdou Aziz Niang de la Sodevol (Société de développement des oléagineux) : «Nous avons saisi le sous-préfet de l’arrondissement de Saré Coly Sallé pour commettre un technicien agricole en vue d’attester de l’ampleur des dégâts et transmettre les rapports à qui de droit.»
Le devenir de la riziculture dans le secteur en questions
«Sans prêt bancaire, impossible de se lancer dans la riziculture dans la zone. On ne peut pas solliciter un prêt pour la prochaine campagne si celui consenti pour cette saison n’est pas honoré. La situation de la campagne ne nous prédispose pas à payer nos prêts.
D’ailleurs, la soudure va s’installer très tôt dans la zone, car nous nous sommes, en majorité, investis dans la riziculture au détriment des autres céréales», note Amadou Mballo, la mine sérieuse et préoccupée. Le prêt n’est pas la seule préoccupation. Abdou Aziz Niang : «Comment chasser les oiseaux définitivement de la zone ? Sinon, ce sera le même scénario pour la culture de contre-saison. La réhabilitation des parcelles en cours a déraciné plusieurs arbres-dortoirs des oiseaux. A chaque fois qu’ils sont effrayés, chassés, ils se posent dans les champs et bonjour les dégâts.» Amadou Ndila Diao renchérit :
«Le principal frein au développement rizicole du secteur est le manque de matériels de récolte. Si nous avions assez de moissonneuses, nous aurions engagé une course contre les oiseaux ravageurs et les dégâts allaient être minimisés.» Cette saison, les riziculteurs du secteur G se sont appauvris, du fait qu’ils ont mis toutes leurs énergies et leur argent dans la campagne de production, qui est un fiasco. Comment se relever et se relancer dans la l’agriculture, sans l’appui de l’Etat ? C’est la question essentielle que se sont posée les protégés de Dr Alpha Bocar Baldé, Directeur général de la Sodagri.