A la Gare des Baux Maraîchers, les automobilistes semblent être dans une attente fragile, avec le début de l’entrée en vigueur des mesures issues du Conseil interministériel sur la sécurité routière. Evidemment, leur application devrait modifier en profondeur le fonctionnement de cette structure.
Après le drame de Sikilo, qui a jeté l’émoi dans ce pays, certaines mesures édictées par le Conseil interministériel sur la sécurité routière vont commencer à entrer en vigueur à partir de ce jeudi, selon le calendrier mis en place par les autorités. A la Gare Baux Maraîchers, cœur du système du transport interurbain, on est dans l’expectative. Il y règne évidemment un sentiment de tristesse et d’impuissance. A cause de la violence de l’accident de Kaffrine, qui a fait 41 morts, les chauffeurs sont dans une attente fragile.
Il est 12h 15 à la Gare Baux Maraîchers. Au cœur de cette gare, située dans la banlieue, de petits groupes de personnes, assises sous l’ombre des véhicules, discutent toujours de l’accident qui s’est produit le 8 janvier dernier. Au niveau des stations de départ, il règne un calme qui tranche d’avec les jours de grande affluence. Qu’est-ce qui explique cette situation ? «Certains propriétaires de véhicules ont demandé à certains de leurs chauffeurs de les garer. Beaucoup ne se sont pas présentés à la gare. Certainement ils sont garés chez leurs propriétaires», explique un chauffeur qui attend son tour de rotation. La question devient insistante… Et la réponse fuse de la bouche d’un autre conducteur de bus, qui est aussi abattu par les évènements de Kaffrine. Il dit : «Vous voulez vraiment connaître les causes ? Tout le monde sait que nombre de ces véhicules, à savoir les «7 places» et «Geuleu-Geuleu», appelés «16 places», et bus ne disposent pas tous de papiers légaux pour le transport. Et vu l’ampleur de cet accident, nous avons reçu des instructions de garer les véhicules.» C’est un aveu de taille qui montre que le secteur du transport regorge de beaucoup de maux. Un autre chauffeur rajoute : «Certes beaucoup de bus et «7 places» sont vieux, mais ce sont les propriétaires qui les mettent en circulation avec des papiers qui ne conviennent pas. Nous avons vu ici des véhicules accidentés qui ont été ensuite modifiés. Même le châssis a été modifié. Pour la visite technique, il y a combien de véhicules qui ne se rendent pas au Service des mines, et pourtant, à chaque fois, on leur renouvelle la vignette pour une durée d’1 an.»
Quid de la transformation des véhicules, qui doit être bannie ? «Beaucoup de transporteurs, après avoir acheté un véhicule de transport en commun avec un nombre de places limité, modifie. Nous avons vu des bus de 40 places transporter 50 personnes, 10 de plus en surcharge. On n’y peut rien», raconte un autre chauffeur, visage marqué par des années de souffrance sur les routes. Avec le rehaussement de l’âge des chauffeurs de bus de transport, certains pensent que la situation pourrait s’améliorer. «La sécurité des passagers doit être garantie par l’Etat. En quoi faisant ? Il doit assurer le contrôle des bus pour voir s’ils sont en bon état. Souvent, nous avons constaté que ce sont des gens immatures qui conduisent les véhicules, d’ailleurs plusieurs d’entre eux n’ont même pas 30 ans», avance une passagère, assise à l’avant d’un véhicule «7 places».
Malgré les nombreuses campagnes de sensibilisation menées auprès des chauffeurs, les accidents ne baissent pas. Avec le Conseil interministériel, qui a pris des mesures fortes pour mettre fin au carnage sur les routes, la situation pourrait changer.