Macky devrait revoir ses ambitions à la baisse. Dans cette période de crise touchant de plein fouet le panier de la ménagère, les scandales dont le dernier touche la gestion du fonds Covid-19 braquent les Sénégalais. Un véritable sacrifice pour quelqu’un à qui on prête des intentions d’une troisième candidature.
Macky Sall devra manifestement boire le calice jusqu’à la lie. Sa volonté de voler au secours des populations éprouvées par les secousses de la Covid-19 lui est retombée à la figure en raison de la gestion de ses hommes. Au moment où de nombreux citoyens sénégalais besogneux, d’ici et de la diaspora, réclamaient l’assistance de l’Etat, des responsables ont trouvé une occasion pour se remplir les poches. Le rapport portant sur «Contrôle de la gestion du Fonds de riposte et de solidarité contre les effets de la Covid-19 (Force Covid-19), gestions 2020 et 2021», publié le 12 décembre 2022 par la Cour des comptes, l’atteste. Elle a débusqué de nombreux cafards. Les contrôleurs de la Cour des comptes ont relevé de nombreuses «irrégularités, conflits d’intérêt, entorses au Code des marchés publics, retards dans les délais de livraisons sur la gestion 2020 et 2021 et l’utilisation du Fonds Force Covid-19».
Cette nouvelle affaire braque encore l’opinion. Des organisations comme le Forum civil, représentant au Sénégal de Transparency international ont déjà élevé la voix, exigeant l’ouverture de toutes les informations judiciaires conformément aux recommandations des contrôleurs. Mais, à la place, les Sénégalais assistent actuellement à des justifications de responsables incriminés par ce rapport, rejetant les constats de l’institution étatique de contrôle de la gestion publique.
Macky Sall doit encore souffrir puisque ce n’est pas la première fois que ses collaborateurs sont épinglés dans leur gestion des affaires publiques. Cette affaire du Fonds de riposte et de solidarité contre les effets de la Covid-19 (Force Covid-19) est une affaire parmi tant d’autres depuis son arrivée à la magistrature suprême, en mars 2012.
La gestion passée au crible par les instruments de contrôle étatique a toujours relevé des manquements. Des responsables de haut rang ont été cités dans la gestion du Coud, dans la vente de licences d’exploration pétrolière. La gouvernance du Président Macky Sall est également souillée par des opérations de multiplications de faux billets bancaires, de trafics de passeports diplomatiques révélés au grand jour. Le dossier d’achat d’armes à hauteur de 45 milliards Fcfa jugé «douteux» est aussi à mettre dans le bilan.
Ces «fautes» enregistrées tout au long de ses dix ans à la tête de l’Etat obstruent littéralement la gouvernance «sobre et vertueuse» prônée par le Président Macky Sall en arrivant au pouvoir. Le Président sortant à qui on prête des intentions de présenter une troisième candidature risque d’être «politiquement affaibli» dans sa marche par les siens. Il devra se montrer à la hauteur de ses intentions de départ dans la gestion que beaucoup de ses collaborateurs ont fini de dévoyer.
Macky Sall devrait également trouver, dans le cadre de la prochaine élection présidentielle, le salut pour se légitimer même si sa candidature venait à être acceptée par le Conseil constitutionnel s’il veut briguer les suffrages en février 2024. L’opinion a toujours en tête le cas Abdoulaye Wade. Sa troisième candidature avait suscité des remous. Macky Sall fait face aujourd’hui aux comportements de ses collaborateurs dont certains se montrent sans limite dans leur gestion des affaires publiques.
Mais, il pourrait explorer d’autres pistes pour combler les dégâts collatéraux produits par ses proches et qui sont susceptibles de saborder ses ambitions.