Un syndicat de la Police française a relancé, ce mercredi, la polémique sur le risque de « guerre civile en France ».
Par voie d’une publication sur les réseaux sociaux, le « Syndicat France Police – Policiers en colère », connu pour la proximité d’un grand nombre de ses représentants avec les idées de l’extrême droite, a commenté les violences en cours depuis plusieurs jours à Mayotte.
Qualifiant la situation dans ce département et région d’outre-mer (DROM) français de « guerre civile », le syndicat a affirmé qu’il s’agissait d’un « avant-goût de ce qui va se passer en Métropole ».
Il a également affirmé que « les migrants attaquent les forces de l’ordre et veulent prendre le pouvoir pour fonder un Califat », faisant ainsi allusion à la fameuse « théorie du grand remplacement », ainsi qu’à un supposé mouvement qui est régulièrement décrit comme « la mouvance islamiste » par les politiciens d’extrême droite.
Pour rappel, la majorité de la population de Mayotte est musulmane. L’archipel situé dans le canal du Mozambique avait été rattaché à la France en 2009, par l’ancien président Nicolas Sarkozy, suite à un référendum qui avait fait l’objet de longues polémiques.
Le « Syndicat France Police – Policiers en colère » a, en outre, affirmé que la situation de violence à Mayotte « est la conséquence directe de la politique laxiste de la France vis-à-vis des clandestins », relançant ainsi le débat incessant sur l’immigration.
Pour rappel, en avril 2021 [1], comme l’avait rapporté l’Agence Anadolu (AA), une vingtaine de généraux français, ainsi qu’une centaine de hauts-gradés et plus d’un millier d’autres militaires, avaient signé une lettre ouverte, adressée à l’exécutif français, qui avait été publiée par le magazine « Valeurs actuelles », connu pour être un porte-voix des idées d’extrême droite dans l’Hexagone.
Les auteurs de la tribune, publiée au 60e anniversaire du Putsch d’Alger, avaient prétendu que « la France est en péril », alors que « plusieurs dangers mortels la menacent ».
Faisant référence au meurtre du professeur Samuel Paty, ils avaient affirmé que « les périls montent, la violence s’accroît de jour en jour.
Les auteurs de la tribune avaient notamment fait état d’un risque de « guerre civile » dans le pays, appelant l’Exécutif français à l’action immédiate, en faisant peser la menace ouverte d’une « explosion » de leur part, à défaut d’initiatives du gouvernement.
La publication de cette tribune avait causé une polémique sur un éventuel risque de coup d’État en France, qui avait occupé la presse pendant plusieurs mois.
Pour rappel, Mamoudzou, la plus grande ville de Mayotte, est secouée par de violents conflits inter-quartiers depuis une douzaine de jours, qui ont déjà fait un mort le 12 novembre ainsi que plusieurs blessés.
Sur fond de vendetta et de conflits violents entre des gangs accusés d’être issus de l’immigration comorienne, le quartier de Kawéni, d’où était originaire la victime, s’est embrasé la semaine dernière suite à l’attaque d’un autobus scolaire par des groupes de jeunes armés, qui ont blessé plusieurs enfants, dont un mineur de 12 ans qui a reçu un coup de machette.
Au cours de diverses attaques à la machette, plusieurs autres personnes ont été victimes d’amputations, selon la presse locale.
Face à l’incapacité des forces de l’ordre à rétablir l’ordre dans le chef-lieu de facto du département et région d’outre-mer (Drom), des groupes d’habitants de plusieurs quartiers de Mamoudzou se sont organisés en milices d’auto-défense.
À Paris ce mardi, à l’Assemblée nationale, la députée de Mayotte du Groupe Libertés et Territoires (Liot), Estelle Youssouffa, a lancé un « cri de détresse » face au « cycle de vendetta », de « barbarie et de terreur » qui ensanglante l’île dans « l’indifférence générale » de la métropole, décrivant un risque que le département bascule « dans la guerre civile ».
Face à la situation devenue incontrôlable, le ministère de l’Intérieur a annoncé, lundi, l’envoi d’une dizaine de policiers du Raid, l’unité d’intervention d’élite de la police, arrivés mardi à Mayotte pour renforcer les forces de l’ordre.
Interpellé mardi à l’Assemblée nationale par la députée Estelle Youssouffa, Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur et des Outre-mer, a annoncé « le renforcement très important des moyens de la justice » pour répondre « au rendez-vous des interpellations qui sont nombreuses », ainsi que d’un renforcement à long terme des « moyens militaires » pour Mayotte et la Guyane, dans le cadre du projet de loi de programmation militaire.