L’Afrique du Sud, l’Egypte, le Maroc, la Mauritanie, la Namibie et le Kenya disposent de sources d’énergies renouvelables abondantes qui leur permettent de produire de l’hydrogène décarboné à des coûts compétitifs.
Le développement de l’hydrogène vert pourrait augmenter de 12% le PIB de six pays africains disposant d’un grand potentiel dans ce domaine et y générer plus de 4,2 millions d’emplois d’ici 2050, a estimé l’Alliance africaine pour l’hydrogène vert, dans un rapport publié le 15 novembre.
Le rapport précise que les six pays sont les membres de cette alliance régionale lancée pour créer un environnement propice à l’essor des projets d’hydrogène vert et trouver des solutions communes de financement, en l’occurrence l’Afrique du Sud, l’Egypte, le Maroc, la Mauritanie, la Namibie et le Kenya.
Ces pays disposent de sources d’énergies renouvelables abondantes (solaire, éolien, géothermique et hydraulique), et certains d’entre eux regorgent de métaux nécessaires à l’électrolyse, le processus électrique de séparation des atomes d’hydrogène et d’oxygène de la molécule d’eau.
Réalisé en collaboration avec le cabinet de conseil en stratégie McKinsey & Co, le rapport indique également que la demande mondiale d’hydrogène vert (hydrogène produit à partir d’énergies renouvelables) se multipliera par sept par rapport aux niveaux actuels, pour atteindre 607 millions de tonnes en 2050, si les gouvernements du monde entier respectent leurs engagements actuels en matière de réduction des émissions de gaz à effets de serre (GES).
Le commerce international transfrontalier de l’hydrogène vert devrait atteindre 100 à 180 millions de tonnes d’ici 2050. L’Europe, le Japon, la Corée du Sud et l’Asie du Sud-Est représenteront potentiellement environ 65 % des échanges transfrontaliers à cet horizon.
Les six pays membres de l’Alliance africaine pour l’hydrogène vert sont bien positionnés pour se tailler une importante part de ce marché.
Le grand potentiel de ces pays dans le domaine des énergies renouvelables leur permet de produire de l’hydrogène décarboné, et des produits connexes tels que l’ammoniac, à des coûts compétitifs pour répondre à la demande intérieure et exporter vers l’étranger.
Des investissements estimés à 450 et 900 milliards $
L’énergie représente en effet plus de 60 % des coûts de production de l’hydrogène vert. De plus, les coûts de production de ce combustible propre devraient diminuer d’environ 60 % d’ici 2030, grâce à la diminution du coût de l’énergie renouvelable dans son ensemble et de l’augmentation de la capacité des électrolyseurs.
Grâce aux avantages concurrentiels dont ils disposent, l’Afrique du Sud, l’Egypte, le Maroc, la Mauritanie, la Namibie et le Kenya seront en mesure de produire entre 30 et 60 millions de tonnes d’hydrogène vert. Si le potentiel de production de ces six pays est atteint, il pourrait contribuer à éviter l’émission d’environ 6,5 gigatonnes de CO2 d’ici 2050, ce qui équivaut à peu près aux émissions de CO2 combinées des Etats-Unis et de l’Europe en 2021.
Ce volume de production devrait permettre aux pays membres l’Alliance africaine pour l’hydrogène vert de satisfaire la totalité de leurs besoins en ce combustible, qui sont estimés à entre 10 et 18 millions de tonnes d’ici 2050, et d’exporter entre 20 et 40 millions de tonnes. D’autant plus que l’Union européenne, le Japon, la Corée du Sud et les pays de l’Asie du Sud-Est ne seront pas en mesure de produire de l’hydrogène vert à faible coût à partir de sources renouvelables en raison de leurs contraintes géographiques.
Le rapport estime cependant que les six pays africains devront se doter de 29 à 56 gigawatts (GW) de capacité d’électrolyse supplémentaire et produire 51 à 96 GW supplémentaires d’énergies renouvelables pour réaliser leurs ambitions en matière de production de l’hydrogène décarboné. Dans ce cadre, des investissements de l’ordre de 3 à 6 milliards de dollars par an d’ici 2026, et de 28 à 45 milliards de dollars par an entre 2040 et 2050 sont nécessaires.
Les investissements cumulés nécessaires d’ici 2050 sont estimés à entre 450 et 900 milliards de dollars, dont pas moins de 70 % pourraient être des investissements directs étrangers.