C’est en 1817 que la Tidianiya a pénétré au Sénégal, à travers Thierno Abdou Karim Diallo, originaire de Kindiya, en Guinée. Thierno Limamou Mamadou Hammé Ba et Cheikhou Oumar Tall étaient les premiers disciples de cette confrérie dans notre pays. Depuis, le mythe et les mystères qui entourent la Tidianiya demeurent vivaces.
La Tidianiya, révélée par Cheikh Ahmed Tidiane Chérif en 1150, après l’hégire, longe les verdoyantes allées d’une mystique de la foi. Son soubassement reste le Coran et la sunnah prophétique. Pr Cheikh Tidiane Kébé, enseignant-chercheur et chef du desk religieux de Malikia Tv, estime que cette « voie mystique ne relève pas de l’innovation ou de l’invention (bida) ». Pour lui, la Tidianiya, ancrée dans le soufisme, est adossée à la Trinité : l’Islam, « l’imaan » et « l’ikhsaan ». L’Islam est composé de cinq piliers : la profession de foi ou chahada, les cinq prières quotidiennes, le jeûne, le pèlerinage à la Mecque et la Zakat. Quant à « l’imaan », l’enseignant indique que « c’est croire en Dieu, en ses anges, aux livres révélés, aux prophètes, aux livres saints, au Jugement dernier et au Destin ». Alors que « l’ikhsan », c’est l’adoration de Dieu comme si on le voyait, dit-il.
À l’en croire, si les deux premières pratiques (islam et imaan) relèvent de l’effort personnel à travers les enseignements, l’apprentissage, la théologie ; « l’ikhsaan » requiert une allégeance à une autorité religieuse digne de confiance pour la purification de l’âme. Ce qui correspond à ce qu’on appelle le soufisme, explique notre interlocuteur pour qui, « même si le nom n’existait pas du temps du prophète, la pratique s’observait déjà » (voir ci-après).
La Tidianiya a été donc révélée par Cheikh Ahmed Tidiane en 1150, après l’hégire. En 1196, alors qu’il avait 46 ans, son maitre, le prophète de l’Islam, lui remit le wird sur la montagne d’Abu Samkhoune, en Algérie. Certains disent qu’il lui est apparu en rêve. Pr Kébé n’est pas convaincu par cette thèse : « L’âme ne meurt pas. Cheikh Ahmed Tidiane a vu le prophète en état de veille. L’élu de Dieu est toujours vivant ». Pour l’appellation « Tidiane » ou « Tidianiya », l’enseignant-chercheur soutient qu’elle émane du nom de famille de la lignée maternelle de son fondateur.
Auparavant, précise-t-il, le Cheikh avait fait le tour des grands foyers religieux dans sa quête spirituelle, notamment du pôle des saints. L’imam Kurdiy a été son dernier guide. « Cheikh Ahmed Tidiane n’a jamais voulu être un guide, car conscient de la lourde responsabilité qui en découle », rappelle le chef du desk religieux de Malikia Tv. Dans le même registre, il ajoute qu’El Hadj Malick Sy de Tivaouane disait : « la foule est un poison ». C’est pourquoi Cheikh Ahmed Tidiane n’a jamais voulu être un guide. Au début, il n’avait pas voulu, poursuit-il, diffuser la « tarikha » (la voie). Il l’a fait plus tard sur ordre du prophète pour « sauver des âmes ». C’est en 1213 qu’il s’est exilé à Fez, au Maroc. Son installation n’était pas facile, car, certains qualifiant la Tidianiya de « bida ». Initialement, il faisait sa « wazifa » (séance de zikrs) à la mosquée « Masjid diwaan ». Plus tard, il construit sa zawiya à Fez.
La charte, les vertus et les interdits
Aux yeux de Cheikh Ahmad Sall Ndiéguène, fils du Khalife général de Serigne Ahmadou Barro Ndiéguène, est disciple tidiane celui ou celle qui est affilié à la voie. Son fondateur a demandé aux muqaddam (ceux qui ont l’autorisation de diffusion) de la « tarikha » de l’accorder à tout croyant qui le souhaite, suivant une transmission reconnue appelée « silsila ».
Pour devenir disciple tidiane, il n’y a pas de limite d’âge. L’aspirant peut choisir le guide en qui il a confiance pour son initiation. Mais celui-ci doit être un « muqaddam » ou celui à qui l’on a conféré « l’Ijâza » ou l’autorisation de diffuser le wird. Serigne Habib Sakho, fils ainé du défunt grand conférencier Serigne Ibrahima Sakho, note, de son côté, que la confrérie est régie par une charte renfermant 23 ou 29 règles de conduite rattachées au Coran et aux enseignements prophétiques. Serigne Assane Sy affirme, quant à lui, que l’aspirant ou le disciple est strictement tenu de s’y conformer. Aussi, dans sa pratique cultuelle, ajoute-t-il, le disciple doit avoir un sens élevé du partage (connaissances, savoirs et biens) avec ses coreligionnaires ou ses frères et sœurs en la foi.
L’une des règles de la voie, c’est de s’éloigner des choses mondaines. L’adepte doit (s’il fume ou boit) cesser de prendre de l’alcool et du tabac, poursuit le guide. À travers cette interdiction, aux yeux de Serigne Habib Sakho, on se rend compte que la confrérie met d’abord en avant la santé humaine. Aujourd’hui, estime-t-il, beaucoup de maladies qui sévissent dans le monde relèvent des effets de ces excitants.
« Contrat moral »
Pour Serigne Habib Sakho, si le disciple se conforme à ces recommandations, il se retrouve dans une relation spirituelle à travers le wird qui constitue « l’ascenseur » vers le Seigneur, la grâce divine et la félicité du Créateur. Ici-bas et dans l’au-delà. Pour le guide religieux, la Tidianiya n’est rien d’autre que l’Islam. Point de contrainte. Quelqu’un peut embrasser la « tarikha » et suspendre plus tard la pratique des invocations quotidiennes (wazifa, laazim) ou hebdomadaires (hasru jummah). Il peut la reprendre quand il le souhaite. Toutefois, rappelle-t-il, il n’est pas tolérable pour le disciple d’abandonner sa confrérie au profit d’une autre. À cet égard, Oustaz Babacar Niang, porte-parole adjoint du Khalife général de Médina Baye, est d’avis que quand un disciple décide de s’engager dans la Tidianiya, il signe un « contrat moral avec le Seigneur » ; celui-ci peut apparaitre comme une « obligation ».
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Des arguments tirés du Coran et de la Sunnah récusant la thèse du « bida »
La production scientifique autour du débat sur le fait que la Tidianiya découle de l’invention (bida) est féconde. Si pour certains, elle n’est rien d’autre que de « l’innovation » (bida) ; d’autres soutiennent qu’elle émane de « l’ordre divin ».
Certains qualifient la Tidianiya de « bida » ou « innovation, invention ». Ils invoquent le fait que cette voie n’a jamais existé du temps du prophète. Serigne Habib Sakho soutient que toutes les confréries mènent vers Dieu et son prophète. Il ne relève point, à son avis, d’une « innovation ». Pour lui, ceux qui avancent un tel argument méconnaissent les valeurs islamiques. Dans ce sillage, le chef religieux rappelle que le chapelet ne sert uniquement qu’à compter. Les formules déclamées au cours de la récitation des déclinaisons trouvent leur fondement dans le Coran et la Sunnah prophétique.
Précise-t-il ainsi qu’il y a beaucoup de choses qui n’existaient pas à l’époque prophétique à l’image de la grammaire arabe (Nahwou) mais qu’on pratique actuellement. Par exemple, c’est sous le khalifat de Seydina Aliou, compagnon du prophète, que cette science a vu le jour. Le Coran a été rassemblé sous le magistère d’Oumar puis achevé sous Ousmane.
Il en est de même pour la prière. Dans le Coran, Dieu n’a pas détaillé la manière de s’acquitter de la prière. Et c’est le prophète qui le fera plus tard en demandant aux musulmans de prier comme ils l’ont vu faire, rappelle Doudou Kende Mbaye, auteur, chanteur et compositeur religieux.
La conviction du professeur Cheikh Tidiane Kébé est que le soufisme existait à l’époque prophétique, mais la pratique était individuelle. Selon lui, c’est l’imam Junaydi qui a donné à cet acte cultuel un « cachet collectif » notamment le wird et ses déclinaisons régis par une charte ou une norme. Quant à Doudou Kende Mbaye, il rappelle que le disciple tidiane est d’abord un musulman. Dans le Coran, souligne-t-il, Dieu a demandé au croyant de Le louer le plus possible, en dehors même de la prière. Aussi, poursuit le chanteur, Dieu a dit dans son livre saint : « il ne châtiera jamais le croyant qui sollicite son pardon ». Toujours dans le Coran, explique M. Mbaye, « Dieu dit aux croyants de solliciter le repentir. Si vous le faites, vous aurez de la pluie, de la richesse, de la progéniture, des jardins et des fleuves comme récompense ». Il ajoute : « Dieu et ses anges prient sur le prophète et Il a invité les croyants à prier sur lui et à demander la paix ».
« La proximité avec Dieu »
C’est pourquoi, à ses yeux, le wird vise « à débarrasser l’adepte des impuretés ». « Nul n’est parfait. Le croyant doit recourir à une méthode pour purifier son âme », laisse entendre Doudou Kende Mbaye. À ce propos, le Pr Cheikh Tidiane Kébé estime que la mystique de la Tidjaniya découle « de la proximité ou du rapprochement avec Dieu. L’objectif, c’est la purification de l’âme à travers l’adoration exclusive du Seigneur.
Serigne Assane Sy Ibn El Hadji Malick Aminata partage cet avis, persuadé que “la Tidianiya a pour socle le Coran et la Sunnah”. “On ne peut pas parler de confrérie et faire fi de la charia”, souligne-t-il. À l’époque prophétique, dit-il, les musulmans se réunissaient et déclamaient, en chœur, le nom de Dieu. “Le wird n’est donc pas une invention”, rassure le guide religieux, soutenant que Cheikh Ahmed Tidiane Chérif en a fait une large diffusion, après avoir reçu l’ordre de l’envoyé de Dieu. Il précise que le prophète avait, lui-même, ordonné aux croyants de réciter le nom de Dieu.
Pour sa part, Doudou Kende Mbaye ajoute que cette pratique cultuelle émane de “l’ordre divin”. “Nous pouvons prier et nous acquitter de la zakat sans que le Seigneur accepte nos actes. Mais quand nous prions sur le prophète, Il accepte nos dévotions”, renchérit-il. Citant un hadith, il affirme que Dieu a positionné un ange dans la tombe de son envoyé. Sa tâche est de recueillir les prières formulées pour lui. M. Mbaye insiste en rappelant que le prophète a dit qu’il ne se passe pas un jour sans qu’il ne sollicite le pardon du Seigneur 70 ou 100 fois. Les détracteurs de cette voie mystique et de toutes les confréries musulmanes de manière générale, évoquent souvent le hadith qui stipule : “aucune innovation ou invention n’est tolérée dans la religion musulmane”. L’auteur-compositeur est persuadé que nul n’est plus érudit que Cheikh Ahmed Tidiane, Cheikh Abdoul Khadry Jeylany, Mouhamadoul Khaly, Cheikh Oumar Tall, El Hadj Malick Sy, Cheikh Ahmadou Bamba Mbacké, Cheikh Bou Kounta…
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“IJÂZA” OU L’AUTORISATION DE CONFÉRER LE “WIRD”
Un long processus de consécration du “muqaddam”
Il n’est pas donné à tout guide spirituel ou chef religieux de diffuser le wird. Pour cela, il faut qu’il soit habilité à le faire, un “muqaddam”. Une voix autorisée de la confrérie qui dispose de l’“ijâza” ou l’autorisation de donner le “wird” tidiane. Appartenir à une famille maraboutique ne confère pas d’office à la personne le titre de “muqaddam” ou bien le droit de diffuser le wird sans avoir l’“ijâza”. L’autorisation suit une certaine logique. Le prétendant à cette consécration doit avoir un vécu dans la pratique islamique, être un savant, un pieu, un fin connaisseur du Coran et de la charia, des enseignements du prophète. L’“ijâza” obéit donc à des critères préétablis. L’aspirant “muqaddam” doit ainsi remplir ces conditions. Autrement, ce serait la porte ouverte aux dérives. Le détenteur de l’“ijâza” ou “muqaddam” doit être un meneur d’hommes chérissant les meilleures vertus. Si l’on considère la “tarikha” comme l’armée, le “muqaddam” a le rang d’un officier supérieur.
Citant Serigne Abdoul Aziz Sy “Al Amine”, Serigne Assane Sy Ibn El Hadj Malick Aminata fait remarquer que le prétendant au titre de “muqaddam” ou à l’“ijâza” ne doit pas le réclamer. C’est son guide qui doit jauger sa piété, ses qualités morales et ses connaissances islamiques pour lui décerner ce grade.
Il existe trois formes d’“ijâza” ou de certifications : “l’ijâza” tout court (avec un nombre limité de disciples), l’“ijâza ithlakh” (sans limitation du nombre de talibés à donner le wird). D’après Serigne Assane Sy, le détenteur de ce “ijâza” peut même ordonner des “muqaddam” (des Cheikh). La troisième forme, c’est l’“ijâza ithlakhoul ithlakh”. Le dernier grade.
Malheureusement, constate Serigne Habib Sakho, avec amertume, il y a des gens qui se réclament guide religieux voire “muqaddam”, sans disposer de l’“ijâza” : “Il y a des gens audacieux et mal intentionnés. Je connais un disciple qui a donné à 213 talibés le wird alors qu’il n’a pas l’autorisation. À la limite, ce sont des imposteurs. Ces gens passent entre les mailles du filet. D’autant plus qu’il n’existe pas, dans la Tidianiya, une autorité chargée de veiller sur ces dysfonctionnements cultuels. Ce que confirme le Pr Cheikh Tidiane Kébé révélant que certains achètent le titre de ‘muqaddam’. ‘Il y a des Cheikh qui l’accordent à leurs disciples riches alors qu’ils n’ont pas le savoir requis’, déplore le chef du desk religieux de Malikia Tv. Le ‘muqaddam’ doit être un érudit, un cadi qui maitrise les sciences arabo-islamiques, l’Islam et de la ‘tarikha’.
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La ‘silsila’ ou la chaine de transmission
La ‘silsila’ constitue la genèse ou le soubassement de la délivrance du wird. Si pour certains foyers religieux, le cheminement découlant de Cheikh Ahmed Tidiane Chérif, son fondateur, n’est pas long, tel n’est pas le cas pour d’autres. Si l’on prend la ‘silsila’ d’El Hadj Malick Sy, c’est El Hadj Oumar Tall qui la lui a directement accordée à travers son oncle Alpha Mayoro Wélé. El Hadj Oumar Tall a été autorisé par Cheikh Mouhamadoul Khaly, disciple de l’initiateur de la Tidianiya.
Serigne Ahmad Sall Ndiéguène nous retrace, de son côté, la ‘silsila’ du fondateur de la cité religieuse de Keur Mame El Hadj Ahmadou Barro Ndiéguène de Thiès. Elle s’établit ainsi : Serigne Ahmadou Barro Ndiéguène-Mame Médoune Ndiéguène-Cheikh Oumar Tall-Mouhamadoul Khaly-Cheikh Ahmed Tidiane.
Chez les Niassène, on retrouve trois chaines de transmission : deux visibles et l’autre cachée. Avant d’effectuer le pèlerinage à Fez, El Hadj Abdoulaye Niass a été déjà initié par son oncle Ibrahima Kelel Thiam, grand érudit de Thiamène Walo. Cette chaine de transmission débouche directement sur Cheikh Oumar Tall-Mouhamadoul Khaly-Cheikh Ahmed Tidiane.
La deuxième chaine de transmission se présente ainsi : El Hadj Abdoulaye Niass-Ahmed Choukeyri-Abdoul Lahoui-Ali Tamassani-Harazimi-Cheikh Ahmed Tidiane. À côté de celle-ci, il y a, selon Oustaz Niang, une branche qui débouche sur Cheikh Oumar Tall. À Fez, le saint homme de Léona Niassène était allé chercher l’‘ijâza ithlakh’ (l’autorisation de diffusion sans limitation du nombre de disciples), souligne Oustaz Babacar Niang, porte-parole adjoint du Khalife général de Médina Baye. Ce qu’il a obtenu au cours de ce voyage. Son fils Cheikh Ibrahima Niass dit ‘Baye’ a, lui aussi, reçu directement l’‘ijâza ithlakh’ des mains de Cheikh Ahmed Tidiane, après un ‘ijâza ithlakh’, reçu de son père, El Hadj Abdoulaye Niass. Oustaz Niang pense qu’il serait difficile de démontrer scientifiquement cette thèse : ‘En tant que croyant, quand quelqu’un dit qu’il a vu en rêve l’élu de Dieu, nous y croyons. Parce que Satan ne peut pas prendre l’image du prophète’.
À Thiénaba, la chaine de transmission se dresse comme suit : Serigne Amary Ndack-Cheikhou Amadou-Limamou Hammé Ba-Mouloud Fall-Mouhamadoul Hafiz et Cheikh Ahmed Tidiane, fondateur de la confrérie.
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‘LAAZIM’, ‘WAZIFA’ ET ‘HADARATUL JUMMAH’
Les composantes du wird
Trois pratiques cultuelles distinguent la Tidianiya : le wird ou ‘laazim’ (c’est selon), la ‘wazifa’ et la ‘hadaratul ou hasru jummah’. Le wird ou ‘laazim’ constitue ‘l’élément clé’, avance le Pr Cheikh Tidiane Kébé, enseignant-chercheur. Selon lui, le disciple doit impérativement s’en acquitter.
De 1196 à 1200 après l’hégire, le wird (le ‘laazim’) avait deux composantes : réciter 100 fois ‘astakhfirulah’ (solliciter le pardon divin), 100 fois ‘laa ilaha illa lah’ (il n’y a point de divinité que Dieu). En 1200 après l’hégire, Cheikh Ahmed Tidiane, après avoir accédé au grade du pôle des saints, a eu l’autorisation de son maitre, le prophète, d’y ajouter 100 fois la ‘salatul Fatiha’ (prière sur le prophète), souligne le Pr Kébé. Elle se fait actuellement ainsi : 100 fois ‘astakhfirulah’, 100 fois ‘salatul Fatiha’ (prières sur le prophète) et autant de fois ‘laa ilaha illa lah’. De l’avis du chef du desk religieux de Malikia Tv, ce type de dévotion, qui se fait le matin et le soir, vise à ‘connecter’ spirituellement le disciple à son Créateur.
La wazifa
C’est en 1200 après l’hégire que Cheikh Ahmed Tidiane a reçu cette pratique de son maitre, le prophète. Il s’agit d’une séance de prière collective qui se décline comme suit : 30 fois ‘astakhfiroulah Al azi malézi laa illaha illa lah (…)’ (solliciter le pardon divin et reconnaitre qu’il n’y a point de divinité que le Seigneur), 50 fois ‘salatoul Fatih’ (prière sur le prophète), 100 fois ‘laa illaha illah’ (il n’y a point de divinité que Dieu) et 11 ou 12 (c’est selon) fois ‘jawakharatul kamaal’. Cette pratique permet de créer un ‘lien spirituel’ entre l’adepte et l’élu de Dieu. Dans certains foyers religieux, on le fait matin et soir ; dans d’autres, le matin seulement. Pour le Pr Kébé, ce pilier favorise le lien spirituel entre l’adepte et l’élu de Dieu.
La ‘hadaratul ou hasru jummah’
Cette pratique cultuelle se fait chaque vendredi, entre la prière de 17 heures et celle de 19 heures (Timis). Séance collective, sa spécificité, d’après le Pr Kébé, est qu’elle ne se déroule qu’une fois dans la semaine, le même jour et sur la même séquence temporelle. ‘Quand le disciple la rate, il ne pourra la remplacer’, soutient l’enseignant-chercheur. Elle consiste, après la Fatiha, à réciter trois fois ‘Salatul Fatiha’, plusieurs ‘laa illaha illah’ et terminer par dire ‘Allah’ (le nombre n’est pas précisé).
À son avis, la ‘hadaratul jummah ou hasru jummah’ établit la connexion mystique entre le fondateur de la tarikha et son disciple.