La communauté musulmane célèbre dans la nuit de ce samedi 8 au dimanche 9 octobre, le Mawlid al nabi ou l’anniversaire de la venue au monde du Prophète Mohamed (PSL), l’Elu, le Sauveur et Porteur d’un message universel. Communément appelé Gamou, le « Mawlid al Nabi » aura un écho particulier dans la cité religieuse de Tivaouane. Haut lieu de spiritualité, la cité bénie s’est parée de ses plus beaux atours pour perpétuer cet événement que El Hadji Maodo Malick Sy, un des plus grands propagateurs de l’Islam et de la Tarikha Tidiane, avait institué au début du siècle dernier (1902) pour en faire un moment intense de dévotion, de réappropriation du message prophétique et des enseignements de l’Islam. Ce, à travers ce célèbre appel où il a convié son peuple et ses coreligionnaires à croire en l’Islam, à faire vivre cette nuit : «Célébrons la nuit de la naissance du Prophète (Psl). Mais à condition que cela ne conduise par vers des actes blâmables et contraires aux prescriptions de l’Islam». Le Gamou 2022 qui coïncide avec le centenaire du rappel à Dieu de Seydi El Hadji Malick Sy en 1922 est recentré cette année autour du thème «Ne dites aux gens que du bien ». Avec l’impératif besoin de repenser et de s’approprier des vertus fondamentales qui permettent de maintenir l’équilibre dans la société.
Tivaouane, la religieuse sera en ce douzième mois du mois lunaire « Rabi al Awal », le point de convergence des musulmans pour célébrer le « Mawlid al Nabi » ou Gamou qui commémore l’anniversaire de la venue au monde du Prophète, Mouhamad. Après 10 jours de récitations du Bourd (panégyrique sur le Prophète de l’Egyptien Boussayri) entamé depuis dix jours, la cité religieuse s’est encore parée de ses plus beaux atours pour accueillir cet évènement célébrée dans l’islam sunnite depuis au moins huit siècles. Bien que cette pratique soit considérée par une bonne frange de croyants comme une innovation religieuse et même innovation blâmable (bid‘a sayyi’a), le Mawloud s’est imposé au final comme une innovation louable (bid‘a hasana) qui a, selon les grands savants ou Oulémah musulman ayant vécu dans des époques différentes, de réels fondements dans le Coran et la Sunna. Au Sénégal, El Hadji Malick Sy, un des grands propagateurs de l’Islam et de la voie Tijania au Sénégal, avait très tôt ouvert la voie en donnant un souffle nouveau au Mawlid. Une nuit unique qui changea la face du monde et qui accueillit l’Elu de Dieu. A travers sa connaissance encyclopédique, le guide religieux invita en 1902 ses co-religionnaires, à s’approprier cette lumière prophétique.
«Il n’y a aucune utilité à clamer son amour au Prophète Mouhamed si cet amour n’est pas matérialisé en action ou une suivie à sa sunna ou tradition» s’était-il convaincu. L’homme au parasol institue cette célébration en proclamant que dans cette commémoration se trouvent bénédiction et résolution des difficultés inhérentes à la vie en société.
«Célébrons la nuit de la naissance du Prophète (Psl). Mais à condition que cela ne conduise par vers des actes blâmables et contraires aux prescriptions de l’Islam», lança-t-il.
Le guide et fondateur du foyer de Tivaouane avait toutefois alerté en édictant d’accomplir le Mawlid « Dans la stricte observance des principes de l’Islam et hors de tout acte qui proscrit par la Charia ou la Sunna ».
Ce fut d’abord à Ngambou Thilé, à Saint-Louis, à Ndiarndé et plus tard en 1902. Seydi Ell Hadji Malick créa le grand rassemblement à Tivaouane et offre l’occasion à ses Mouhadams ( dignitaires), qu’il a envoyés dans les quatre coins du pays et même dans la sous-région, de revisiter le temps d’une nuit la quintessence du message de l’Envoyé de Dieu, de s’inspirer de son modèle. Mais surtout de l’adapter dans le quotidien de tous les jours pour s’abreuver des bienfaits
Outre la récitation du Saint Coran, prières sur la Meilleure des Créatures (PSL) (Salatou ala Naby), les Ziars (visites pieuses), le pèlerin est appelé à s’imprégner du modèle prophétique à travers les exégèses du «Sira» (Biographie) du Prophète. A cet titre, l’inimitable ouvrage «Khilâssou Zahab fî Sîrati Khayril Arab» ou « Mimiyya », d’El Hadji Malick Sy reste la référence.
Comme il est de tradition, les fidèles ont anticipé le Gamou par la lecture des 10 chapitres du «Bourd», panégyrique que le Savant égyptien Muhammad al-Boussayri avait dédié au Prophète Mouhamed (Psl). Cette lecture instituée par El Hadji Malick Sy est perpétuée depuis plus d’un siècle. Au point qu’elle est aujourd’hui indissociable avec le Mawlidou Nabi ou Gamou. C’est tout le sens qu’il donne à cette rencontre religieuse qui, selon lui, permet surtout de s’approprier du modèle prophétique.
« Ne dites aux gens que du bien », un thème et viatique
Pour le retour du Gamou, coïncidant avec le centenaire de la disparition de Seydi El hadji Malick Sy, le thème retenu a été centré autour d’une recommandation laconique extraite du Coran : Ne dites aux gens que du bien ». Une occasion pour le Khalife général des Tidianes d’inviter les fidèles à mieux pratiquer cette injonction divine. Mais aussi d’instaurer des rapports plus civilisés et plus équilibrés aussi bien dans les rapports humains que dans la vie en société. Ce, au vue de la dépravation des mœurs et des dérives qui trouvent leur caisse de résonances dans les réseaux sociaux et les supports médiatiques.