*Comment il quitta la terre de ses ancêtres du Ndoucoumane
(Kaffrine) pour aller enrichir ses connaissances islamiques à Rufisque, chez son oncle Birane Cissé.
*Bâtisseur du célèbre quartier » Keur Mame El Hadji » à Thiès en 1885, il fut l’Imam Ratib de la Cité du Rail pendant de longues années.
- Comment il a islamisé une bonne partie du Diobass, Khinine, Sara Badiane, Nguéniène,
Mboul Kaél,
etc.
Tafsir Ahmadou Barro Ndiéguène fut un barron de la foi islamique. Descendant direct des « Beuleup »
(souverains) du Ndoucoumane, il laissa tout pour se consacrer exclusivement à Dieu. Ce qui lui confère l’appellation de » sage érudit » doublé d’un infatigable missionnaire de l’Islam.
Cheikh Ahmadou Barro Ndiéguène est un des doyens des fondateurs de confréries ( « tarikhas ») au Sénégal. Il a vu le jour en 1825 à Kassas (à ne pas confondre avec Gossas),un village perdu dans le Ndoucoumane (Kaffrine). Son père Médoune Ndiéguène était un grand maître coranique respecté par sa vaste culture islamique. Sa mère Sokhna Fatoumata Ndao est de l’illustre famille des « Beuleup » Ndoucoumane, ces souverains qui régnaient dans cette partie du Sénégal d’autrefois.
Ses humanités
El Hadji Ahmadou Barro Ndiéguène a commencé son éducation auprès de son père, comme souligné plutôt, Serigne Médoune Ndiéguène qui était connu par son érudition: »Mame Médoune Ndiéguène fut un grand savant. Il enseigna le Saint Coran. Il a reçu le » Wird » Tidjane de Cheikhou Oumar Tall. Ensuite, il l’a donné à son fils Ahmadou Barro Ndiéguène qui était promis à un bel avenir », nous fait savoir Cheikh Ahmed Sall Ndiéguène,
son petit-fils, par ailleurs,chargé de Communication de la Hadra Ndiéguène de Thiès.
Il quitta le Saloum pour aller parfaire ses connaissances chez son oncle Birane Cissé basé à Rufisque
Cheikh Ahmadou Barro Ndiéguène était un assoifé du savoir et un épris de la connaissance. Après le « Daara » de son père Médoune Ndiéguène, il le quitta pour aller à Rufisque afin de parfaire ses connaissances. Son oncle Birane Cissé qui y vivait était très réputé. Il resta à Rio de Frisquo ( la rivière fraîche, le nom espagnole de Rufisque) pendant des années. Un jour son oncle effectua le pèlerinage aux Lieux Saints de l’Islam (à la Mecque). Il n’y rentra jamais. Alors, avant le départ, il lui confia à un descendant direct du Prophète Muhammad (S.AW), Chérif Sidy Mouhamad, qui s’occupa de lui.Tous les érudits de cette époque (El Hadji Malick Sy, Serigne Touba, Mame Abdoulaye Niass, etc.) étaient d’accord que ce Chérif est un descendant de la meilleure des Créatures, Seydina Mouhammad(S.A.W).
Chérif Sidy Mouhamad l’envoya à Mbacké Barry, chez le Fondateur du Mouridisme pour recevoir des « adyas ». Il fut accueilli avec des transports de joie. Ainsi, une somme de 60 gourdes, un cheval et le livre » Ninhmatou hanfil » lui furent remis en présence du Cheikh hôte et de ses frets et « Cheikhs » Cheikh Balla Thioro, Mame Thierno Birahim Mbacké, Mame Cheikh Anta, Mame Cheikh Ibrahima Fall, etc.. De retour à Rufisque, il y resta quelques temps avant de rejoindre Thiès réputé être une terre d’animisme et de mécréance.
Son installation à Thiès et la fondation du fameux quartier » Keur Mame El Hadji », en 1885.
Selon toujours Cheikh Ahmed Sall Ndiéguène, petit-fils de Cheikh Ahmadou Barro Ndiéguène: » Quelques temps après le retour de Mbacké Barry, Chérif Sidy Mouhamad demanda à Cheikh Ahmadou Barro Ndiéguène de quitter Rufisque pour aller vers Thiès. Il lui signifia que son œuvre, il doit la poursuivre là, dans cette partie du Cayor traditionnel en proie à l’animisme. Arrivé, il s’installa près de la Gouvernance. Après quelques temps,il fit un rêve et dut se déplacer pour s’installer définitivement dans cet emplacement qui s’appelle, à ce jour, « Keur Mame El Hadji ». Il y érigea un » Daara », une mosquée et une » Zawiya ». C’est ainsi que le Gouverneur de l’époque lui octroya le titre foncier où il habitait tranquillement avec sa famille, ses talibés et ses frères musulmans. Ce fut la même année (1885) (ou la suivante) où il célèbra, pour la première fois, l’anniversaire de la naissance du Prophète Muhammad (S.A.W) appelé communément « Gamou ». Cette année, nous en sommes à la 137ème édition », a-t-il fait remarquer .
Cheikh Ahmadou Barro Ndiéguène était un pur homme de Dieu. Il aidait les pauvres et soignait les malades, couvrait les orphelins. Lors de l’épidémie de la peste, il demanda aux autorités coloniales de cesser d’incinérer les morts de ce fléau. Il leur rendait toute leur dignité d’homme en les lavant de ses propres mains, effectuant la prière mortuaire et procéda à leur inhumation selon les préceptes de l’Islam. Il avait de très bonnes relations avec tous les chefs religieux qui lui sont contemporains : Seydi El Hadji Malick Sy, Cheikh Ahmadou Bamba, Mame Cheikh Ibrahima Fall avec qui il habitait Thiès, Mame Abdoulaye Niass, Mame Boucounata, Mame Amary Ndack Seck pour ne citer que ceux-là.
Sa disparition en 1936 et ses Khalifes
Cheikh Ahmadou Barro Ndiéguène, après 111 ans passés dans ce monde d’ici-bas , rejoignit son Seigneur en 1936. Il fut succédé par son fils Cheikh Ahmed Sakhir Ndiéguène. Ce dernier qui s’occupa plus de deux ans les affaires courantes de son père bien avant son rappel à Dieu, a eu à laisser des empreintes très positives dans l’histoire de cette illustre famille. Il a enrichi le legs en agrandissant la Zawiya et en rénovant la mosquée. Il était très ami à Seydou Nourou Tall, à Mame Abdoul Aziz Sy Dabakh, à Serigne Mansour Sy Balkhawmi et à Serigne Saliou Mbacké Khadimou Rassoul. Il fut un homme véridique, social et très à cheval sur ses principes. Il poursuivit l’oeuvre d’ islamisation du Diobass, Nguéniène, Mboul Kael, Keur Sara Badiane, Kinine, khinène, Keur Demba,Ngouye Ndiakh, etc entamée par son illustre père.
Le fait que l’ hôpital régional de Thiès porte, aujourd’hui, son nom en dit long sur la dimension de cet homme de Dieu hors pair. Il quitta ce bas-monde en 1997 et fut succédé par son frère El Hadji Assane Ndiéguène (1997-2005); El Hadji Abdoul Wahab Ndiéguène (2005-2010); El Hadji Abdoul Aziz Ndiéguène ( 2010-2018); El Hadji Mounirou Ndiéguène ( 2018 à ce jour). Yalla nafi Yag lool té wër. Amin.
Ibrahima NGOM Damel