Au deuxième jour de sa tournée agricole, le Ministre de l’Agriculture et de l’Équipement rural a visité des champs dans les départements de Koungheul et de Birkilane et la ferme intégrée Anida de Malem Hodar. Il en a profité pour inaugurer cette dernière où, pour une première campagne complète, les bénéficiaires se sont retrouvés avec des revenus conséquents.
Dieynaba Kâ est une femme heureuse. Cette mère de famille fait partie des 20 bénéficiaires installés dans la ferme villageoise « Naatangué » d’Anida (Agence nationale d’insertion et de développement agricole) de Malem Hodar. Pour la première bouclée, elle et les autres membres ont gagné, chacun, 600 000 FCfa en deux tranches égales. Une rentrée d’argent qui lui a permis d’achever des travaux dans la concession familiale. En huit mois d’exploitation, la production animale a généré 13 millions de FCfa, celle végétale 18,6 millions de FCfa, soit des recettes de 31,6 millions de FCfa. Un premier coup d’essai qui a porté ses fruits. Et tout porte à croire que les autres campagnes connaîtront la même réussite vu la détermination que les bénéficiaires de cette ferme font montre.
De manière symbolique, le Ministre de l’Agriculture et de l’Équipement rural, Moussa Baldé, l’a inaugurée, hier, au cours de sa tournée agricole. D’une superficie de sept hectares, elle a été réalisée pour un coût global de 96 millions de FCfa. « Pour le moment, seuls les cinq hectares sont exploités et équipés », d’après Elhadji Malick Sarr, Directeur général de l’Anida. Mais, bientôt, toute la superficie sera emblavée avec la mise à contribution de la capacité maximale du forage de 60 m3/h via un réseau d’irrigation dont une partie est en système de goutte-à-goutte.
Comme toutes les fermes « Naatangué » d’Anida, c’est le modèle d’exploitation intégrée qui est privilégié, autrement dit l’agriculture au sens large qui combine production végétale et animale. La production végétale renvoie à l’horticulture et l’arboriculture, tandis que la production animale est assurée par l’aviculture. En effet, dans cette ferme, aubergine amère, aubergine douce, piment, poivron…fleurissent à côté des citronniers, des manguiers, des goyaviers, etc. À l’entrée, un poulailler de 200 m2, avec une capacité de 2000 sujets, a été construit. Pour l’instant, 500 sujets de quelques jours y séjournent.
Selon le Dg de l’Anida, sa structure n’a appuyé les bénéficiaires de la ferme que lors du démarrage avec des d’intrants. Mieux, ils n’ont pas eu recours à un financement d’une banque. Preuve de leur détermination et de leur engagement. Après le partage des revenus, ils ont constitué un fonds de roulement pour pouvoir acheter des intrants. « Si ceci fut possible, c’est grâce à la vision du Chef de l’État en matière d’irrigation par système solaire », souligne Elhadji Malick Sarr. Le premier poste budgétaire en exploitation irriguée, c’est l’énergie. Si on enlève le coût de l’énergie, ça passe en bénéfice. En plus d’avoir un fonds de roulement, ils ont mis en place un fonds de maintenance et de renouvellement des équipements qui est abondé sur la base de 50 000 FCfa par hectare exploité. Si c’est un poulailler, c’est en fonction du nombre de sujets. Et quand ce sont des vaches, c’est en fonction du volume de lait. Ce fonds est mis en dépôt à terme dans une banque. Une manne qui leur permet d’être autonomes vis-à-vis de l’État. C’est donc la pérennisation », ajoute le Dg de l’Anida. Ce modèle de ferme privilégie l’approche agroécologique calquée sur la charte de transition écologique de l’Anida reposant sur des principes directeurs : production végétale et animale, mix énergétique, arboriculture fruitière, poulailler, disponibilité de fumier, la pluriproduction pour avoir une sécurisation des revenus.
Pour le président des bénéficiaires de la ferme, si toutes les agences du pays faisaient comme l’Anida, on parlerait moins de chômage au Sénégal. « Cette ferme est en train de changer nos vies et celles de nos familles. À notre niveau, nous commençons à saisir le sens de l’autosuffisance alimentaire », a-t-il dit tout en réclamant un magasin de stockage pour éviter le pourrissement des récoltes.
Satisfait des résultats obtenus dans cette ferme, le Ministre Moussa Baldé a souligné que cela reflète exactement ce qui est attendu de la politique et la vision du Gouvernement à travers le programme « Xëyu Ndaw Ñi ». « Faire en sorte que les femmes et les jeunes aient des emplois décents, c’est l’instruction que nous avons reçue. Cette ferme Anida est en train de le matérialiser », s’est-il félicité.
M. Baldé a annoncé la mise en place de 1000 nouvelles fermes « Naatangué », en 2023, par l’Anida, dont 11 dans la région de Kaffrine et 16 supplémentaires par le Projet de valorisation des eaux pour le développement des chaînes de valeur (Provale-Cv).
« Le Soleil »