Le changement climatique, fortement perçu en été dans l’Hémisphère Nord, n’épargne pas l’Afrique, où les catastrophes naturelles se multiplient. Les phénomènes liés au climat frappent le continent de manière de plus en plus aiguë et répétée.
Au Maroc, des canicules se succèdent depuis la mi-juin 2022, avec des températures de 45°C qui frôlent le record absolu de 50 °C enregistré en juillet 2021 à Sidi Slimane, dans le Nord-ouest. Selon la Direction de la météo, 2020 a été l’année la plus chaude jamais connue par le royaume, avec une température moyenne annuelle nationale de +1,4°C par rapport à la période 1981-2010 -une mesure très concrète du réchauffement climatique. Les feux de forêts font rage, comme en Tunisie et en Algérie, où les épisodes caniculaires courts se répètent depuis 2018 aux mois de juin et juillet, et où les incendies de forêts sont redoutés. Et pour cause : ils ont brûlé 44 000 hectares en 2020 et fait 90 morts en 2021.
Sécheresse au Sahel, dans la Corne et en Afrique australe
Les zones arides sont durement touchées par la sécheresse, qui a causé une famine sévère en Somalie en 2010 et menace à nouveau en 2022 -avec la pire pénurie d’eau depuis 1981, selon les Nations unies. Au Sahel, ce phénomène s’avère de plus en plus intense ; une étude du Cnrs de 2018 affirmant même qu’en «1600 ans d’histoire climatique, la sécheresse actuelle du Sahel est sans précédent». L’Afrique australe souffre aussi. La Namibie a déclaré l’urgence nationale en 2013, 2016 et 2019, lorsque la dernière sécheresse, sans précédent depuis 90 ans, a tué 100 000 têtes de bétail et ruiné l’agriculture. Avec une période de rationnement strict de l’eau au Cap en 2018-2019, l’Afrique du Sud a de son côté connu un avant-goût des mesures drastiques qui vont s’imposer à moyen terme. Anticipant sur le stress hydrique à venir, les projets de désalinisation de l’eau de mer essaiment, du Maroc à l’Afrique australe.
Assèchement de lacs
Conséquence directe de la sécheresse, les lacs s’évaporent. Le lac Tchad, vaste oasis dans le Sahel, qui a déjà disparu et réapparu au cours de son histoire, a perdu 90% de sa superficie en 60 ans, faisant plus de 2 millions de déplacés. L’inquiétude plane aussi sur le plus grand lac d’Afrique, Victoria, menacé de disparition d’ici 500 à 1200 ans, selon deux études scientifiques américaines. Au Mali, le lac Fabiguine est à sec depuis 2021, près de Tombouctou, tandis qu’à Djibouti, celui d’Assal -le plus salé du monde- est partiellement asséché.
Montée des eaux du lac Tanganyika
A l’inverse, depuis 2018, les eaux douces du lac Tanganyika, le plus long du monde (670 km) et l’un des plus profonds, ne cessent de monter -de presque deux mètres ces quatre dernières années. Elles provoquent des inondations qui ont fait 15 morts en 2019 et touché 52 000 personnes au Burundi en 2021, en raison de pluies torrentielles attribuées au changement climatique. Cyclique, le phénomène se produisait tous les 50 à 60 ans, selon l’Institut géographique du Burundi. Il se produit maintenant tous les ans.